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Le tribunal de l'application des peines (TAP) de Bruxelles a accordé, vendredi vers 14h30, la libération conditionnelle à Léopold Storme. Ce dernier avait été condamné, en 2010, à une peine de 26 ans de prison pour avoir tué ses parents et sa soeur.
Le tribunal de l'application des peines (TAP) de Bruxelles a accepté la demande de libération sous conditions de Léopold Storme. Les magistrats ont pris cette décision à la majorité absolue, précisent nos journalistes présents sur place, Mélanie Renda et Regjep Ahmetaj. L'homme ne devra pas porter de bracelet électronique. Les conditions de libération sont des conditions classiques, parmi lesquelles:
- Ne pas commettre d’infractions.
- Poursuivre ses études jusqu’à leur terme, avant de soit les poursuivre, soit chercher activement du travail.
- Poursuivre le suivi thérapeutique.
- Interdiction de consommer de l’alcool et des stupéfiants.
- Interdiction de porter une arme.
- Interdiction de quitter le sol belge pour une durée supérieure à 30 jours.
Le ministère public, lui, s'opposait à la demande de Léopold Storme. Il a quinze jours pour se pourvoir éventuellement en cassation contre la décision rendue ce vendredi après-midi. Léopold Storme ne sera pas libéré aujourd'hui, selon Me Lauvaux, mais probablement samedi ou dimanche.
Les éléments qui ont penché en faveur de Léopold Storme
Plusieurs éléments ont poussé le Tribunal d'application des peines à se prononcer en faveur d'une sortie de prison sous conditions. Léopold Storme, aujourd'hui âgé de 29 ans, aurait mené une longue introspection sur lui-même et rien n'indique qu'il pourrait représenter un danger pour sa famille. Il a déjà obtenu des permissions de sortie et des congés pénitentiaires qui se sont déroulés sans problème et qui prouvent qu'il peut se conformer aux règles imposées, selon son avocat. Ce dernier point a poussé le TAP à ne pas imposer de bracelet électronique à Léopold Storme, qui "ne serait pas une plus-value" dans le cadre de cette libération.
Les psychiatres ont également souligné son acharnement pour poursuivre des études en Economie. Il ne reste plus à Léopold Storme qu'à terminer son mémoire pour obtenir son diplôme, et son emprisonnement est un frein à la réalisation de ce travail de fin d'études.
Avant de connaître la décision du TAP, l'avocat de Léopold Storme avait affirmé que "ce serait exceptionnel qu'il soit libéré puisqu'il s'agit de sa première demande de libération conditionnelle". Il s'est montré très satisfait après le prononcé du tribunal.
Le détenu avait été condamné à une peine de 26 ans de prison par la cour d'assises de Bruxelles en 2010. Il avait été reconnu coupable des meurtres de ses parents et de l'assassinat de sa sœur, commis le 16 juin 2007. Léopold Storme a toujours nié ces crimes, affirmant qu'il avait été lui-même victime de l'agression dont sont décédés ses parents et sa sœur.
Rappel des faits: un fils se transforme en tueur
Les parents et la soeur de Léopold Storme ont été tués le samedi 16 juin 2007. Son père, François-Xavier Storme (48 ans), sa mère Caroline Van Ooste (48 ans) et sa sœur Carlouchka (22 ans) ont été poignardés de respectivement 23, 33 et 44 coups de couteau. Les corps ont été découverts le lendemain des meurtres. Léopold Storme a été interpellé le lundi, soit deux jours après la mort des membres de sa famille.
Le jeune homme, âgé de 19 ans au moment des faits, avait d'abord affirmé avoir passé le week-end à la mer, du vendredi au dimanche. Confronté aux incohérences de cette version, il est revenu ensuite sur ses déclarations et affirmé avoir été agressé par des inconnus dans le magasin au moment des faits. Les propos de Léopold Storme sont alors confus, disparates et incohérents.
Selon les éléments recueillis par les enquêteurs, le jeune homme est parti pour La Panne le vendredi 15 juin au matin et il est revenu à Bruxelles le samedi vers 17h. Quelques minutes après son retour, il a téléphoné à sa soeur pour lui donner rendez-vous au magasin familial. Sur son ordinateur, Léopold Storme avait fait des recherches sur le chloroforme et sur des techniques de déguisement pour paraître plus vieux. Il a également demandé à un ami comment obtenir un couteau de combat. Léopold Storme a utilisé plusieurs GSM et différentes cartes SIM. L'appel à sa soeur, le samedi vers 17h10, a été effectué avec une carte SIM différente utilisée uniquement pour cet appel.
Après avoir sauvagement tué son père, sa mère et sa soeur, le jeune meurtrier a formaté son ordinateur, effacé ses traces à l'eau de javel, et il a jeté ses affaires ensanglantées dans des poubelles différentes avant de prendre le train pour Ostende. Il a également fait soigner ses blessures aux mains par un médecin et il a téléphoné plusieurs fois à ses proches, qu'il savait pourtant morts. À son retour de la Côté belge, le jeune homme a feint la surprise.
Plusieurs éléments ont désigné Léopold Storme comme étant le coupable: les traces de chaussures maculées de sang lui appartenant ont été identifiées. Les chaussettes de Léopold Storme ont été retrouvées, maculées du sang de son père, à leur résidence de la mer. Les analyses ADN ont permis d'identifier le sang de Léopold Storme sur les trois victimes. La montre de François-Xavier Storme a été retrouvée sous une palette tachée du sang de Léopold. Des traces de sang de Carlouchka et de Caroline Van Ooste ont également été retrouvées dans les charnières des lunettes de Lépold Storme.
La décision du tribunal en 2010
Seul l'ADN de l'accusé avait été trouvé sur les victimes. Aucune contusion n'était visible sur la tête de l'accusé, qui avait affirmé avoir été frappé à la tempe par les agresseurs de sa famille. Pour la cour d'assises, il était possible que l'accusé ait tué seul les trois victimes puisque les corps ont été trouvés à deux endroits différents. Léopold Storme a été décrit comme un "solide gaillard capable de frapper avec force".
Le mobile du vol a été écarté, les victimes étant en possession d'argent et de bijoux. Le mobile serait la mésentente entre l'accusé et ses parents, malgré la "tentative" des témoins (de moralité) de donner une image unie de la famille. Léopold Storme était de plus fragilisé par le projet de départ de sa petite amie en Erasmus au Canada, selon le verdict. Pour la cour d'assises, le meurtre de la soeur comme celui des parents étaient prémédités. Le coup de téléphone passé par l'accusé juste avant les faits à sa soeur avait pour seul but de la faire venir sur les lieux du crime.
Léopold Storme avait, deux jours avant les faits, consulter le site de la SNCB pour connaître l'horaire des trains du jour du drame effectuant la liaison Bruxelles-Ostende. Il savait déjà dès lors qu'il allait être ce jour là à Bruxelles, alors qu'il devait passer le week-end à la mer, souligne encore la cour d'assises. Après les faits, l'accusé s'est débarrassé du couteau et de ses vêtements "pour faire disparaître des éléments de preuve importants".