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Les médecins du violeur et meurtrier Frank Van Den Bleeken, interné depuis 26 ans, ont "décidé de ne plus continuer la procédure d'euthanasie" qui devait intervenir dimanche, a annoncé le ministre de la Justice, Koen Geens.
Frank Van den Bleeken ne sera pas euthanasié. Il sera transféré vers un centre psychiatrique spécialisé récemment ouvert à Gand, a dit Koen Geens, le ministre de la Justice. Il était prévu que Frank Van Den Bleeken, interné en prison depuis près de 30 ans pour plusieurs délits à caractère sexuel, devait être euthanasié le dimanche 11 janvier à la prison de Bruges. L'homme, âgé de 51 ans, s'était tourné vers la justice pour obtenir l'autorisation d'être euthanasié avant de conclure un accord en ce sens avec le ministère de la Justice, rapportait samedi De Morgen.
Frank Van Den Bleeken est suivi depuis plusieurs années par des psychiatres, qui s'accordent tous à dire qu'il est psychiquement malade et souffre gravement de sa détention. Il est également conscient que sans une thérapie adaptée, il reste un danger pour la société. En septembre dernier, la cour d'appel de Bruxelles avait pris acte dans son arrêt de l'accord conclu entre le détenu et le ministère de la Justice. Depuis cette procédure judiciaire inédite, au moins 15 autres internés ont suivi l'exemple de Van Den Bleeken en demandant l'autorisation d'être euthanasiés.
Lundi, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) s'insurgeait dans un communiqué contre le silence de l'Etat belge face aux demandes d'euthanasie introduites par plusieurs de ces internés. La Ligue des droits de l'Homme rappelait que Frank Van Den Bleeken avait engagé, à titre principal, une procédure afin d'obtenir une place dans un centre spécialisé aux Pays-Bas et que l'euthanasie n'était envisagée que si cette demande n'était pas rencontrée. "L'affaire s'est soldée en appel par un accord entre le demandeur et le ministère de la Justice qui a accepté que l'interné soit transféré vers un hôpital afin d'y être euthanasié", déplorait l'ONG.
Si la Ligue des droits de l'Homme ne remettait pas en cause le principe du droit à l'euthanasie, elle considèrait que la demande d'euthanasie de Frank Van Den Bleeken était "le résultat direct des manquements de l'Etat Belge à son obligation de prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux". "En désinvestissant les infrastructures de soins pour internés, l'Etat belge semble ainsi promouvoir une forme de peine de mort déguisée", estimait l'ONG. La LDH rappelait que la Belgique avait été condamnée à plusieurs reprises par la Cour européenne des droits de l'Homme en raison de l'état des structures de défense sociale relevant de la Justice. "En reportant sans cesse une réponse structurelle qui est de la plus haute urgence et en ne remédiant pas à ses propres carences, l'Etat belge manque chaque jour à ses obligations de base en matière de respect des droits fondamentaux", concluait la Ligue des droits de l'Homme.