Partager:
Farid Bamouhammad, celui que l'on présente comme l'un des détenus les plus ingérables et dangereux du pays, se promène, sans surveillance, dans les rues de Bruxelles. L'homme de 46 ans bénéfice d'une liberté provisoire pour raisons médicales.
Farid Bamouhammad, 46 ans, est en liberté. Le détenu, qui bénéficiait d'une liberté provisoire pour raisons médicales, a quitté l'hôpital Saint-Pierre de Bruxelles il y a quelques jours, rapportent plusieurs journaux ce vendredi. Aucune surveillance n'était en place. Le prisonnier qui se remettait d'une longue grève de la faim en a donc profité pour reprendre sa liberté. Il serait en ce moment quelque part à Bruxelles.
Son avocat, Me Marc Nève, a confirmé que celui-ci avait bien quitté le CHU mais qu'il était toujours suivi sur le plan médical."Il a été libéré pour raison médicale, pour recevoir des soins médicaux", commente-t-il. L'avocat confirme également qu'aucune autre mesure d'accompagnement ou de sécurité n'a été ordonnée.
"Des conditions de détention totalement délirantes"
Le président du tribunal de première instance de Liège aurait ordonné cette libération provisoire suite à des rapports faisant état des conditions de détention de Farid Bamouhammad, un détenu réputé difficile connu sous le sobriquet de Farid le fou. Depuis le début de son incarcération, il a été transféré 167 fois. "Le premier fou dans l'histoire, c'est le directeur de la prison qui a ordonné des conditions de détention totalement délirantes", affirme l'avocat. "Le ministre de la Justice aurait pu prendre lui-même une décision mais ne l'a pas fait. C'est parce qu'il n'a pas tranché que le tribunal de première instance a dû se prononcer", ajoute-t-il, précisant que le cabinet de Koen Geens avait été mis au courant de la situation et du lieu où se trouve Farid Bamouhammad.
Comment en est-on arrivé là ?
Cette situation actuelle est le fruit d'une succession d'évènements. En octobre dernier, Farid Bamouhammad a entamé une grève de la faim. 56 jours plus tard, son état de santé était qualifié de fragile et les médecins ont demandé son hospitalisation.
Le 28 novembre, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a exigé sa libération provisoire pour raison médicale. Koen Geens, le ministre de la Justice, s'y est opposé. Cependant, deux jours plus tard, les avocats l'ont obtenue via le tribunal de première instance de Liège. Le détenu est alors transféré vers l'hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, où il a pu se refaire visiblement une santé.
Sans bracelet électronique et en toute légalité
Aujourd'hui, le détenu le plus détesté des gardiens de prison est en liberté, sans bracelet électronique et en toute légalité. Farid Bamouhammad pourra donc passer les fêtes de fin d'années en famille. Il doit néanmoins se présenter devant le juge, à Liège, le 13 janvier prochain, pour examiner le dernier recours introduit par le ministre de la Justice.
Le ministre de la Justice a expliqué vendredi, sur les ondes de la VRT, son opposition à sa libération, qu'il fera valoir début janvier devant la justice liégeoise. "Malheureusement la seule chose qu'on peut faire dans un Etat de droit, avec l'espoir qu'on puisse mettre un terme à cette libération. Que ceci passe mal aux yeux du public, et en l'occurrence même aux yeux du ministre de la Justice, est difficile à éviter", a-t-il dit. Cette liberté provisoire sera donc à nouveau débattue le 13 janvier prochain devant le tribunal. "Il peut encore y avoir appel, tout comme un débat peut être suscité auprès du tribunal d'application des peines", précise Marc Nève.
Farid Bamouhammad a été condamné pour meurtre, tentative de meurtre et enlèvement.