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Battice en Province de Liège, Ghislenghien dans le Hainaut, Kontich près d'Anvers : le mouvement de colère des producteurs de lait prend de l'ampleur depuis hier soir. Les éleveurs dénoncent le faible prix de vente de leur production. Les actions de blocage pourraient encore s'amplifier dans les heures qui viennent. Olivier Pierre fait le point pour le RTLINFO 19H.
Une laiterie industrielle à Goé a été la cible d’un groupe d’agriculteurs de l’est du pays. Du fumier est déversé à l’entrée, un camion-citerne de crème est vidé, et pour finir des réserves de matières grasses en provenance de Nouvelle-Zélande sont répandues sur le bitume par des exploitants agricoles révoltés. "C’est à devenir fou. Du lactosérum qui vient de Nouvelle-Zélande. C’est honteux. Il y a trop de lait ici, et on va en chercher en Nouvelle Zélande !", s’insurge Urbain Moureaux, agriculteur, au micro de notre journaliste Olivier Pierre.
Les agriculteurs sont excédés par le prix d’achat de leur lait et plus généralement par cette mondialisation, à laquelle comme eux, tous les acteurs de la filière participent. "Nous transformons des quantités énormes, nous exportons dans 80 pays. La matière grasse de la collecte laitière belge n’est pas suffisante à nous alimenter. Nous achetons les matières premières sur les marchés européens, et éventuellement extra-européens", explique Didier Kariger, directeur de la laiterie Corman.
La filière compte aussi les grandes surfaces, autre cible des agriculteurs en colère qu’ils accusent de contribuer à brader les prix. "Ils mettent la pression sur les laiteries, qui elles, répercutent cette pression-là sur nous, et fatalement, le prix va à la baisse, c’est tout", se plaint Christian Pauly, agriculteur.
Ailleurs, ce sont les dépôts de magasins qui sont visés par le mouvement. Comme devant deux entrepôts de Colruyt, à Ghislenghien, où la fumée de pneus brûlés assombrit le ciel encore un peu plus. A Courcelles, près de Charleroi, c’est l’entrée d’un dépôt de Lidl qui est bloqué. "Il y en a d’autres qui vont arriver, il y en a qui vont repartir, parce qu’il y a du boulot dans les fermes. Il y en a qui vont arriver après, il y en a qui vont passer la nuit, on verra un peu comment ça va se dérouler", explique Jean-Michel Clausen, agriculteur.
La Flandre n’est pas épargnée par les actions de Grogne. A Kontich, comme à Ternat, des barrages filtrants freinent les transporteurs de denrées importées et des tracts sont distribués aux automobilistes consommateurs. Du nord au sud, d’est en ouest, les tracteurs quittent les champs pour sillonner les routes. Un mouvement qui a démarré hier en fin de journée à Ghislenghien, et qui se poursuit pour la deuxième nuit consécutive.