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La décision est tombée à 7 heures lundi matin durant un conseil d'entreprise extraordinaire chez ING. 3.158 emplois seront supprimés, ainsi que 700 chez Record Bank. Concernant les agences, 600 fermeront leurs portes. Dans la séquence Bel RTL Eco, Bruno Wattenbergh nous éclaire sur les raisons de cette hécatombe.
Le plan de restructuration envisagé par ING fait trembler ses employés. 7.000 postes seront supprimés à travers le monde d'ici 2021. La Belgique sera très durement touchée avec 3.500 suppressions d'emploi, dont 350 départs naturels.
Selon le syndicat socialiste, de 4.000 à 4.500 personnes sur les 8.132 employés temps plein d'ING Belgique seraient affectés par la transformation de la société bancaire.
Réductions de coûts de l'ordre de 900 millions d'euros
La nouvelle stratégie d'ING prévoit notamment des réductions de coûts de l'ordre de 900 millions d'euros annuels d'ici 2021. Au total, quelque 7.000 emplois sont menacés, principalement en Belgique et aux Pays-Bas. Peu avant, à l'entame d'un conseil d'entreprise extraordinaire au siège bruxellois de la banque, le chiffre de 3.158 emplois a été annoncé pour ING Belgique.
La banque néerlandaise parle, elle, de 3.500 équivalents temps-plein en Belgique, et 2.300 aux Pays-Bas. Parmi les 7.000 emplois concernés figurent également ceux de 950 collaborateurs externes. Parallèlement, la banque investira 800 millions d'euros dans la transformation digitale.
Comment est-il possible qu’un groupe bancaire comme ING veuille se débarrasser d’autant de membres de son personnel ? D'après Bruno Wattenbergh, plusieurs raisons peuvent expliquer cette décision.
Première raison: le monde a changé
Nous consommons notre banque autrement. Pire, nous acceptons et demandons même plus d’interactions digitales. Nous faisons, à la place de la banque, une série d’opérations via nos ordinateurs et de plus en plus via nos smartphones. Et nous ne réclamons du contact humain et compétent qu’à de très rares occasions. Toutes ces mutations rendent superflue un dense réseau d’agences. Surtout si, contrairement à BELFIUS qui a des réseaux d’agents indépendants, le personnel en agence est majoritairement salarié.
Bref, paradoxalement, ING a trop de personnel moyennement qualifié, mais pas assez d’experts dans les métiers digitaux. Deuxième paradoxe, c’est l’efficacité de la digitalisation d’ING, qui lui permet aujourd’hui de licencier plus de personnel.
La deuxième raison concerne aussi les coûts
Depuis la crise économique et financière, l’Europe et les états-membres ont considérablement durci les conditions de solvabilité imposées aux banques ainsi que le contrôle de celles-ci. Avec un objectif très pertinent : objectiver le risque bancaire et traquer les banques dites systémiques, ces banques dont la faillite pourrait déstabiliser un état, voire la zone euro. Tout cela grève non seulement les coûts des banques, mais limitent aussi ce qu’elles peuvent faire pour dégager de la rentabilité.
Troisième raison: les taux d’intérêt planchers
Le travail reste le même qu’il y a quelques années pour analyser une demande de crédit, la traiter administrativement et rémunérer le risque de crédit. Mais le taux d’intérêt permet de plus en plus difficilement de financer la structure de coût.
Mais les banques gagnent pourtant encore beaucoup d’argent, elles font des profits ?
Oui, effectivement. Mais on ne restructure pas une entreprise qui est moribonde, un grand malade supporte moins une opération qu’un sportif en bonne santé. D’autant plus quand l’opération va coûter très cher. Lorsqu’il y a eu la triste annonce de Caterpillar, nous savions déjà que, parmi les entreprises suivantes, figureraient des grandes banques nationales. Cette annonce est donc tout sauf une surprise. Par contre, le sujet qui va alimenter les conversations est et reste les 7,2 milliards d’euros remontés de la filiale belge vers la maison-mère aux Pays-Bas.