Pour certains élèves, le retour sur les bancs d'école ne se passe pas comme prévu. Habitués à s'y rendre en transports en commun, certains d'entre eux constatent des retards. Pour d'autres, faute de places disponibles, le bus ne s'arrête tout simplement pas. Via le bouton orange Alertez-nous, des parents dénoncent. "Je paie l'abonnement, ce n'est pas normal", s'exclame l'un d'entre eux.
"À Mons, le bus de la ligne 7 ne s'arrête pas entre 7h30 et 8h. Il laisse les enfants sur le trottoir sont ensuite obligés de se rendre à l'école à pied", accuse Karim via le bouton orange Alertez-nous.
Tous les matins, la même attente et la même inquiétude pour Karim. Quotidiennement, son fils emprunte le bus TEC de la ligne 7 pour se rendre à l'école situé à près de 6kms de son domicile. Mais à chaque fois, la même angoisse. Le bus va-t-il s'arrêter? "On l'attend. Normalement, il doit être ici vers 7h43. On est toujours dans l'attente de savoir s'il va nous prendre ou pas", nous confie Karim.
"COMPLET"
Le rendez-vous est fixé à 7h43. Le véhicule passe bel et bien. Problème: il affiche complet et ne s'arrête donc pas. Dans ces conditions, impossible pour le fils de Karim d'arriver à l'heure en classe. "L'école le punit car il compte beaucoup de retards. J'ai alerté le TEC plusieurs fois mais on me répond de changer de ligne", s'exclame le père de famille. Avant d'ajouter: "Je paie l'abonnement. Ce n'est pas normal que le bus ne s'arrête pas".
Karim et son fils ne sont pas les seuls navetteurs à dénoncer cette situation. Pour constater le problème, nous nous rendons sur place. Mardi matin, nous attendons à cet arrêt de bus. Plusieurs usagers espèrent, eux aussi, pouvoir embarquer. 7h43, le bus passe. Pas un ralentissement, le véhicule file sans s'arrêter, laissant ainsi plusieurs navetteurs sur le trottoir. L'affichage lumineux indique "COMPLET".
"Le bus est passé mais il était complet. Nous sommes habitués, ce n'est plus un événement pour nous", souligne Lionel. Chaque jour, il tente d'emprunter le bus pour se rendre à la gare de Mons. "Deux matins sur 3, il ne s'arrête pas", ajoute-t-il.
Quelques minutes plus tard, un deuxième bus passe. Là encore, pas d'arrêt, il est complet. Pour Lionel, il est trop tard. Il lui faut trouver rapidement une alternative pour rejoindre son établissement. Il décide donc de repartir à pied. Quelques dizaines de minutes plus tard, nous le retrouvons au terminus. "Il est déjà 8h14. J'ai cours à 8h15 donc je serai forcément en retard", souffle-t-il avant de s'élancer vers sa destination.
Via le bouton orange Alertez-nous, Valérie (prénom d'emprunt) nous rapporte cette même situation. Cette habitante de Visée s'agace de voir que sa fille, âgée de 17 ans, ne puisse prendre le bus pour aller à l'école chaque matin. "C'est un problème récurrent. Au mois de septembre, c'est arrivé une bonne dizaine de fois. Plusieurs bus passent mais sont complets depuis le village précédent", assure-t-elle.
Quand cela arrive, l'adolescente est contrainte de se rendre à l'Athénée Royal de Visé à pied. "C'est embêtant. Et ce n'est pas la seule qui reste sur le trottoir", nous confie la mère de famille. Elle nous assure avoir rapporté le problème plusieurs fois via des mails envoyés au Tec mais ne se sent pas entendu. "À qui peut-on se plaindre?", s'interroge-t-elle.
Sous couvert d'anonymat, un chauffeur de bus accepte de nous témoigner. Celui qui dit faire son possible pour satisfaire la clientèle évoque un manque de matériel et un matériel avarié. "Quand on aime son métier, on est un peu frustré par cette situation. Nous sommes avec des bus avariés et on se retrouve quelques fois en salle de garde sans bus en attendant que les mécaniciens nous donnent un bus", assure-t-il.
Il explique que les chauffeurs de bus sont soumis à un règlement qui leur impose de veiller à ce qu'il n'y ait pas trop de voyageurs à bord des véhicules. Ce dernier est là pour des raisons de sécurité. "Dans un bus articulé, on peut prendre une centaine de personnes. Dans un bus standard, c'est beaucoup moins. Cela dépend d'un bus à l'autre", souligne-t-il.
Le métier de chauffeur est en pénurie
À l'heure de pointe, tous les moyens des TEC sont déployés. On dénombre près de 2.400 bus et 3.800 chauffeurs. Une centaine de cas problématiques ont été identifiés en Wallonie.
"Le gouvernement a dégagé plus d'un milliard d'ici 2025 pour déployer l'infrastructure, déployer l'offre, des nouvelles lignes express mais également le tram à Liège, des bus à haut niveau de service à Mons, à Charleroi et à Namur. On va dans un développement de l'offre qui va s'étaler sur plusieurs années. Sur le court terme, on va essayer d'ajuster les endroits problématiques de notre réseau", affirme Stéphane Thiery, directeur marketing au TEC.
Le métier de chauffeur est actuellement en pénurie. Chaque année, le TEC transporte 151 millions de passagers. Parmi eux, 300.000 enfants sont transportés chaque matin et chaque soir par le réseau. 25.000 bénéficient d'un service porte à porte car leur trajet domicile-école n'est desservi par les lignes publiques.
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