Charlie Hebdo, dans un numéro anniversaire à paraître mardi, cinq ans après l'attentat ayant décimé sa rédaction, s'en prend aux "nouveaux gourous de la pensée formatée" et donne la parole à des proches des victimes.
"Hier, on disait merde à Dieu, à l’armée, à l’Église, à l’État. Aujourd’hui, il faut apprendre à dire merde aux associations tyranniques, aux minorités nombrilistes, aux blogueurs et blogueuses qui nous tapent sur les doigts comme des petits maîtres d’école", écrit Riss, le directeur de la rédaction, dans son éditorial.
"Aujourd'hui, le politiquement correct nous impose des orthographes genrées, nous déconseille d'employer des mots supposés dérangeants (...)", ajoute-t-il, fustigeant les "nouveaux censeurs" qui "se croient les rois du monde derrière le clavier de leur smartphone".
"Les flammes de l’enfer d’autrefois ont laissé la place aux tweets délateurs de maintenant", assène-t-il.
Le dessin de la Une est signé Coco: un smartphone géant affichant les logos de grands réseaux sociaux écrase la langue et les bras d'un dessinateur, avec ce titre "Nouvelles censures... Nouvelles dictatures".
L'avocat du journal, Me Richard Malka, critique aussi dans une tribune "les mille et une manifestations du tyranniquement correct ambiant".
Le journal satirique laisse la parole à des proches de ses journalistes assassinés, comme Maryse Wolinski, veuve du célèbre dessinateur.
Elle décrit "La vie d’après" comme n'ayant "ni couleur ni saveur" et pose de nouveau certaines des questions nées après l'attentat qui a fait 12 morts le 7 janvier 2015: "Pourquoi la surveillance de Charlie Hebdo, journal satirique menacé cinquante fois par jour, a-t-elle été supprimée fin novembre 2014 ? Pour faire des économies ? Pour protéger les policiers ? Secret-défense!".
La veuve de Cabu, Véronique Cabut, rend pour sa part hommage aux victimes et remercie "l’équipe actuelle de continuer chaque semaine ce sport de combat pour la liberté d’expression".
Quant à la mère de Charb, Denise, elle se remémore le parcours de son fils et "sa force de caractère, son acharnement au travail, sa curiosité permanente".
"On nous a traités de "parents indignes" quand il a dessiné Mahomet. Mais nous, on savait mieux que personne qu’il défendait des principes, nous connaissions mieux que quiconque ses valeurs et on admirait sa lucidité et son courage", dit-elle.
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