Partager:
Thibaut Maisin, un indépendant du Brabant wallon, a été victime d’une tentative d’arnaque par téléphone il y a un mois. Si l’homme s’est vite rendu compte de la supercherie, il a contacté notre rédaction pour prévenir ses confrères qu’un escroc sévit actuellement dans la région. Voici présentée une nouvelle arnaque: l'arnaque aux encarts publicitaires.
Il est environ 9h20 du matin, le jeudi 13 août. M. Maisin est au bureau. L’homme est administrateur d’une société de dépannage informatique à distance, basée à Chaumont-Gistoux. Là, le téléphone de son entreprise (dont le numéro est disponible sur son site internet ou dans la plupart des annuaires en ligne) sonne: un numéro masqué. Il décroche et à l’autre bout du fil se trouve un homme à l’accent bruxellois très prononcé. "Il se présente comme représentant le ministère des Finances. Il me dit qu’ils préparent comme chaque année une revue qu’ils envoient à tous les indépendants, où on retrouve tous les numéros utiles du ministère, et qui est publiée à X milliers d’exemplaires sur Bruxelles."
Dès cet instant, un premier doute s’installe chez notre témoin. "Ca fait depuis 1999 que j’ai ma société et je n’ai jamais reçu de revue du ministère des Finances." Et pour cause, cette revue n’existe pas, nous confirme le SPF Finances. Autre incohérence qui frappe l’indépendant: "Quand je lui ai demandé à combien d’exemplaires la revue était distribuée en Wallonie, il n’a pas su me répondre..."
Le ministère des Finances a les coordonnées des indépendants: pas besoin donc de les demander...
Mais l’homme au téléphone embraie. "Il me dit qu’il a trouvé mon numéro de téléphone dans l’Amalgame, le petit journal communal de Chaumont-Gistoux." Troisième incohérence: le ministère des Finances recevrait donc les journaux locaux des communes et s’en servirait pour obtenir des numéros de téléphone ? Improbable.
"Le hic fut quand il a commencé à me demander mon numéro de TVA et mon adresse. Je lui ai dit que pour le ministère des Finances, il n’était pas à la page ! Il ne connaissait d’ailleurs pas mon nom, alors que ce sont les informations dont dispose justement le ministère des Finances dans sa base de données." Quatrième incohérence donc, avant qu’arrive le point final de l’arnaque. "Il me dit que si je suis d’accord, il viendrait chez moi le lendemain me faire signer un bon de commande et encaisser l’argent !" Une démarche fort peu professionnelle: Thibaut Maisin place régulièrement de la publicité pour son entreprise sur divers supports et cela ne se déroule jamais comme ça.
"Mais quel con ce type"
Sur ce, le chef d'entreprise explique poliment à son interlocuteur qu’il n’est pas intéressé par le produit. "Mais là, au lieu de me dire 'au revoir', il lâche un 'mais quel con ce type' et raccroche. C’est cette attitude qui a scellé le fait qu’il s’agissait d’un arnaqueur dans mon esprit." M. Maisin aurait pu en rester là. Après tout, il ne s’était pas fait avoir. Mais il a pensé à ses confrères. "L’arnaque doit fonctionner car à 70€ ou 90€ l’encart, ce n’est pas très cher." Voilà pourquoi il a contacté notre rédaction
L'arnaqueur aurait déjà menacé des victime réticentes d'un contrôle fiscal
Dans cette histoire, Thibaut Maisin n'est pas la seule victime. Il y a usurpation d'identité, puisque l'escroc s'est fait passer pour le SPF Finances. Sa porte-parole, Florence Angelici, tient d'abord à préciser que "non, on ne publie pas de revue chaque année à destination des indépendants de Belgique." Si les arnaques liées au SPF Finances sont légion (ils publient d’ailleurs une
L’histoire des encarts publicitaires dans une revue fictive se démarque donc, mais M. Maisin n’est pas le seul à avoir été approché de la sorte. "On a déjà eu des plaintes pour cette arnaque et on a déjà porté plainte pour ça auprès de la police. Apparemment, il y a même déjà eu des menaces de contrôles fiscaux à la clé si les victimes refusaient de coopérer. Ce ne sont pas des gentils", conclut la porte-parole.
Déjà la même arnaque l’année dernière... mais il se faisait passer pour les pompiers
D’autant que le ou les personne(s) derrière cette arnaque a ou ont déjà sévi par le passé. En effet, après le coup de téléphone, M. Maisin avait comme une impression de déjà-vu. Il s’est alors souvenu d’une histoire similaire qui lui était arrivée l’année dernière, plus ou moins à la même époque. "Et cette fois-là, il m’a eu !" Il s’agissait du même mode opératoire, mais l’homme proposait alors des encarts publicitaires pour la revue des pompiers. Le côté moins "pro" de la démarche n’avait alors pas alerté l’indépendant, qui avait dit "oui" au téléphone.
"Le lendemain, j’ai vu arriver un bête gars, dans une bête voiture qui n’était pas une voiture de pompiers. Il m’a présenté une espèce de revue qu’il avait certainement dû imprimer lui-même, car ce n’est pas bien compliqué à réaliser. Finalement, j’ai quand même signé le bon de commande et j’ai payé." Bien sûr, il n’a jamais vu son encart dans cette soi-disant revue des pompiers. Pour M. Maisin, il s’agit certainement du même arnaqueur. "Il me semble que c’était le même gars. Les voix des gens, je les retiens, et c’est l’impression qu’il m’a laissée. Il aurait dû se refaire passer pour les pompiers !", nous explique-t-il non sans humour.
Se faire passer pour les pompiers: un classique !
Si les arnaqueurs n’usurpent pas souvent l'identité du le SPF Finances, quand ça touche aux pompiers, on entre dans une autre dimension : il n’y a plus de limite ! Dimitri Jandrain, le président de l’Union des Pompiers du Brabant wallon et de l’Amicale des Pompiers de Wavre, est d’ailleurs particulièrement remonté contre ces imposteurs. "C’est monnaie courante, quatre à cinq fois par an, on entend parler de personnes qui se font passer pour les pompiers de Wavre pour soutirer de l’argent aux gens. Les victimes nous appellent même directement à la caserne pour nous prévenir. Avant, on disait que ça arrivait à l’approche des fêtes de fin d’année, pour les étrennes. Mais maintenant, il n’y a plus de saison... Et ils menacent même de ne pas passer chez les personnes en cas d’incendie s’ils refusent de payer !"
Comment reconnaitre la différence entre une vraie publication pour les pompiers et une fausse?
L’arnaque dont a été victime Thibaut Maisin l’an dernier était plus crédible que celle concernant le ministère des Finances. En effet, plusieurs publications soutenant les pompiers existent. La Fédération Royale des Corps de Sapeurs-Pompiers de Belgique publiait encore à l’époque une revue nationale, et puis il y a le désormais traditionnel calendrier annuel. "Mais il n’y a pas d’arnaque là-dessous. Le prix est indiqué dessus et on est structuré en ASBL, avec une comptabilité et des impôts à payer comme toute ASBL. Et puis quand on vend nos calendriers en faisant du porte-à-porte, on n’oblige personne à les prendre et on se présente toujours en uniforme. On n’est pas là pour menacer la population, mais pour mieux les connaitre et en profiter pour donner quelques conseils de prévention."
Wavre a déjà averti ses habitants contre les "faux pompiers"
Une règle à retenir donc: si le soi-disant pompier qui tente de vous vendre quelque chose n'est pas en uniforme, méfiez-vous. Car d’autres publications moins officielles existent aussi. Là, il s’agit de véritables escroqueries : "D’autres ASBL font aussi un genre de livret où on retrouve énormément de publicité avec quelques pages de texte sur la sécurité ou la prévention. Ils vendent aussi des autocollants. Mais ils demandent des sommes exagérées et surtout, on ne sait pas où va l’argent ! Donc on ne soutient pas ce genre de chose." Les pompiers, la police mais aussi la commune de Wavre ont déjà mis en garde les Wavriens plusieurs fois ces dernières années contre ces démarcheurs qui se mettent de l’argent dans les poches en profitant du capital sympathie que suscitent les pompiers.
Que faire en cas de tentative d’arnaque ?
Si comme notre témoin, vous êtes victimes d’une tentative d’escroquerie, il a plusieurs moyens d’agir. D’abord la prévention.
Ensuite, il faut absolument dénoncer les faits. Lorsqu’on s’est fait avoir, cela parait évident d’aller porter plainte auprès de sa police locale. Mais même si vous n’êtes pas tombé dans le panneau, aller porter plainte permet à la police de compiler celles-ci. En cas d’un nombre suffisant, le procureur du Roi de votre arrondissement judiciaire peut alors décider d'ouvrir une enquête. Contactez aussi les personnes, entreprises ou organisations pour qui l’arnaqueur s’est fait passer. Cela permet tout d’abord de vérifier s’il s’agissait bien d’une tentative d’arnaque, mais aussi de prévenir ceux-ci qu’on usurpe leur identité à des fins frauduleuses. Comme le SPF Finances l’a fait dans ce cas-ci, ces organisations portent alors également plainte et parfois, engagent des poursuites judiciaires contre X.