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Un couple d'ingénieurs civils. À 23 ans, ils ont chacun brillamment achevé leurs études en juin dernier. Ils pensaient enseigner les mathématiques et les sciences quelques temps. Deux matières pour lesquelles la Fédération Wallonie-Bruxelles manque de professeurs depuis des décennies. Mais voilà, la réforme des titres et fonctions conjuguée à la rigueur de l'administration les en empêchent. Et révoltent la maman, ancienne enseignante elle-même. Les choses devraient changer prochainement, la ministre Martine Schyns ayant annoncé un assouplissement de la réforme.
Rebondissant sur
Mais, voilà, ce ne sera pas possible. En tout cas, pas tout de suite.
Avec la réforme des titres et fonctions, ni l'un ni l'autre ne peuvent encore proposer leurs services comme ça. "Plus moyen d'enseigner, même en étant titulaire d'un Master d'Ingénieur, sans posséder un titre pédagogique", déplore Anne. Le couple d'ingénieurs, pas découragés, a donc décidé d'entamer l'Agrégation de l'Enseignement Supérieur. Mais, il était trop tard, les inscriptions étaient clôturées depuis deux semaines. "BAM! Inscriptions tardives REFUSEES!" s'énerve Anne, déplorant le manque de souplesse alors que, souligne-t-elle, la situation est problématique: "Il y a des centaines de jeunes sans cours de math dans les écoles!" Dès lors, son fils et sa compagne doivent décliner tous les jours des propositions pour des remplacements comme profs de math, nous assure cette mère.
Assouplissement de la réforme: une école pourra engager le fils d'Anne, mais seulement en ultime recours
Bientôt cependant, une porte va se rouvrir pour nos deux ingénieurs. En effet,
"Quelqu’un de l’extérieur, ça vaut mieux que personne du tout", reconnait volontiers Eric Etienne, le porte-parole de la ministre. Quand une école est arrivée au bout de ses possibilités de recrutement de professeurs de la base de données Primoweb, "à ce moment-là, l’école fait un PV de carence disant qu’ils n’ont trouvé personne. Ils peuvent alors engager des personnes sans titre dans l’enseignement", explique-t-il. La seule différence par rapport à avant, c'est que les écoles recouraient à ces recrutements hors enseignement trop facilement, sans avoir la certitude qu’il ne restait pas de "vrais" professeurs sur le carreau. Ici, le fait d’épuiser les listes prioritaires "prouve qu’on ne lèse personne ayant le titre requis".
Déjà dans les années 90: les angoisses de son père, directeur d'école à la recherche de profs de math et de néerlandais
Si cette mère de famille réagit de manière si épidermique à l'impasse dans laquelle a abouti le désir d'enseignement de son fils, c'est qu'elle connait bien le milieu pour y avoir travaillé de nombreuses années, de même que son paternel avant elle. Celui-ci a œuvré comme directeur d'école. "Je me souviens de ses angoisses à la recherche de profs de math et de langues, déjà dans les années 90!", confie-t-elle, rappelant que la pénurie ne date pas d'hier et que la réforme des titres et fonctions n'est pas l'unique responsable des difficultés actuelles. La pénurie, Eric Etienne, le porte-parole de la ministre de l'Enseignement (Marie-Martine Schyns), ne la nie pas: "C’est constant depuis plusieurs dizaines d’années, et c’est effectivement pour les langues germaniques, les sciences et les math qu’il est le plus difficile de trouver un professeur ayant le titre requis avec agrégation", dit-il.
Elle se souvient: "Je n'ai jamais eu de cours de néerlandais deux semaines d'affilée avec le même prof"
Même s'il parait quasi endémique aux écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles depuis de longues décennies, le manque d'enseignants ne doit pas être pris comme une fatalité face à laquelle il faut abandonne toute lutte. Car ses effets sont, pour l'ex-enseignante, dévastateurs. "En tant qu’ancienne enseignante, je ne connais que trop les DÉGÂTS occasionnés par le manque de profs dans les écoles, les salles d’étude surchauffées où les jeunes zonent sans but et la plupart du temps sans surveillance, et les LACUNES catastrophiques qu’ils accumulent d’année en année", déplore-t-elle. Et pour affermir son propos, c'est dans son propre passé d'élève qu'elle retourne avant un cinglant constat: "Je suis moi-même aussi une Bruxelloise NON-BILINGUE parce que je n’ai jamais eu de cours de néerlandais 2 semaines d’affilée ou avec le même prof dans toute ma scolarité!", conclut-elle.