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Le vainqueur des élections législatives en Finlande et futur Premier ministre, le centriste Juha Sipilä, s'est lancé lundi à la recherche d'une majorité pour gouverner, qu'il veut cohérente et restreinte.
Lors d'une conférence de presse, il a affirmé n'exclure a priori aucun partenaire, laissant la porte ouverte à une participation du parti de droite eurosceptique des Vrais Finlandais, autre grand gagnant du scrutin, au gouvernement.
Emmenée par son charismatique président Timo Soini, cette formation est devenue dimanche le deuxième parti du pays avec 38 sièges, une force qu'elle compte bien utiliser pour entrer au gouvernement pour la première fois.
"J'ai personnellement confiance en Timo Soini", a déclaré M. Sipilä, dont le parti a obtenu 49 siège.
Pour obtenir une majorité de 101 sièges sur 200, les possibilités sont multiples, même si le Centre a fait campagne en promettant une équipe réduite.
Les discussions formelles entre M. Sipilä, 53 ans, et les autres responsables de partis devraient commencer dans la semaine. "Il semble que les négociations n'aboutiront pas avant un mois", a prévenu M. Sipilä.
Traditionnellement en Finlande, la formation d'un gouvernement et la rédaction de son programme prennent des semaines.
Durant la campagne, M. Sipilä a promis de rompre avec les dysfonctionnements du gouvernement sortant et de mettre en place un exécutif plus fort, avec moins de partis et de ministres.
- droitisation et euroscepticisme -
"J'ai du mal à croire que (...) le parti du Centre accepterait un ministre des Finances du parti des Vrais Finlandais qui irait négocier sur la Grèce au sein de l'UE", explique à l'AFP Moring, spécialiste de l'université d'Helsinki. "Ce n'est pas un parti conçu pour être dans un gouvernement", ajoute-t-il.
En 2011, alors troisième parti, les Vrais Finlandais avaient refusé d'entrer au gouvernement pour ne pas cautionner le plan de sauvetage du Portugal.
Reste à savoir quelles concessions ils seront capables de faire pour entrer au gouvernement et que M. Soini obtienne l'un des postes qu'il convoite: les Affaires étrangères ou les Finances.
Pour Juhana Aunesluoma, professeur d'histoire politique à l'université d'Helsinki, "le résultat ne donne pas de directions claires pour la coalition gouvernementale".
Dans un mouchoir de poche avec les Vrais Finlandais, les conservateurs ont obtenu 37 sièges et les sociaux-démocrates 34.
La tendance la plus nette a été la droitisation de l'électorat. "Le centre gauche subit un revers en particulier, et cela pourrait refléter un changement permanent dans la vie politique finlandaise", estime M. Aunesluoma.
L'euroscepticisme est aussi patent. Le Centre lui-même renferme une fraction eurosceptique, que M. Sipilä, pragmatique, a tâché de modérer.
Interrogé notamment sur la position future de la Finlande quant aux négociations entre zone euro et Grèce, M. Sipilä a tenu à rassurer: "Il n'y aura aucun changement, je dirais", a-t-il déclaré, laissant entendre que Helsinki ne pousserait pas à une crise ouverte avec Athènes.
Son ambition est en effet surtout économique: créer des emplois, réduire le déficit et retrouver une croissance disparue depuis trois ans.
"La situation finlandaise est très difficile et ce sera un projet d'environ 10 ans que de remettre la Finlande sur pied. Et c'est d'une combinaison de baisse des dépenses, de réformes et de croissance que nous aurons besoin", a-t-il souligné. Car "il nous faut environ 80.000 emplois dans les quatre années à venir", dans ses calculs.