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La Grèce et ses créanciers n'ont toujours pas trouvé d'accord ce jeudi, à cinq jours d'un possible défaut de paiement, et vont présenter des documents séparés lors d'une nouvelle réunion des ministres des Finances de la zone euro, suivie d'un sommet de l'UE.
A l'issue de nouvelles discussions à Bruxelles entre le Premier ministre grec Alexis Tsipras, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, la directrice générale du FMI Christine Lagarde et le président de la BCE Marifinanceo Draghi, il manquait toujours une base d'accord entre Athènes et les trois institutions avec lesquelles la Grèce négocie pour obtenir de l'argent frais en échange d'engagements de réformes et de coupes budgétaires.
"Les Grecs ont plutôt fait des pas en arrière"
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a estimé que la Grèce et ses créanciers étaient "encore plus éloignés" qu'avant, au lieu de s'être rapprochés."Les Grecs ont plutôt fait des pas en arrière" dans les dernières négociations, "il y a plutôt un plus grand éloignement qu'un rapprochement", a dit le ministre à son arrivée à la réunion de l'Eurogroupe. Une source du gouvernement grec à Athènes a parlé de son côté d'une "grande distance" entre les deux camps, à cinq jours de la date-butoir d'un remboursement au Fonds monétaire international (FMI) qui alimente les craintes de défaut de paiement du pays. Le déblocage d'une tranche d'un prêt en suspens depuis presque un an, de 7,2 milliards d'euros, ou à défaut un geste financier de la BCE sera nécessaire pour qu'Athènes honore cette échéance.
A son arrivée à Bruxelles, le ministre des Finances autrichien Hans-Jörg Schelling a fait état d'une "nouvelle proposition" qui devait être examinée par les membres de l'Eurogroupe. Mais en fait ce sont deux propositions distinctes qui seront soumises aux grands argentiers réunis à partir de 11H30 GMT pour la quatrième fois en moins d'une semaine.
D'un côté "une trame d'accord" mise sur la table par les institutions, qui inclut des éléments de l'offre grecque, selon une source proche des négociations, et qui "va aussi loin que possible", selon une autre source. De l'autre, une proposition grecque concurrente."La partie grecque reste stable sur ses propositions et va les soumettre lors de l'Eurogroupe", a indiqué une source grecque à Bruxelles, tandis qu'à Athènes on estimait avoir "fait preuve de responsabilité" et que "le temps était venu de juger de la bonne volonté de tous".
Toujours les retraites, la TVA
Les principaux points d'achoppement sont toujours le champ d'application de la TVA et l'épineuse question des retraites - l'âge légal de départ et les cotisations. M. Tsipras, porté au pouvoir en janvier sur un message anti-austérité, est sous pression de son parti de gauche radicale Syriza pour ne pas céder aux exigences des créanciers.
Le Premier ministre grec veut depuis longtemps régler le dossier non pas dans le cénacle de l'Eurogroupe mais avec ses pairs, les chefs d'Etat et de gouvernement. Ceux-ci sont attendus à partir de 14H00 GMT pour un sommet dans la capitale européenne, consacré officiellement au sort des migrants qui affluent de plus en plus nombreux en Europe, et à l'avenir du Royaume-Uni dans l'UE. Mais à cinq jours de la date-butoir du 30 juin, le dossier grec a de grandes chances d'occulter ces autres sujets cruciaux pour l'Europe.
La menace d'une sortie de la Grèce de la zone euro
Derrière un défaut de paiement au FMI se profile la menace d'une sortie de la Grèce de la zone euro, un "Grexit", scénario catastrophe pour les responsables européens et pour beaucoup de Grecs qui veulent rester dans l'euro.
"L'échec n'est pas une option, il faut réussir", a plaidé le Premier ministre français Manuel Valls dans un entretien à la presse colombienne."Là où il y a une volonté, il y a un chemin", avait aussi twitté dans la matinée le commissaire européen Pierre Moscovici, reprenant à son compte une formule utilisée plusieurs fois récemment par la chancelière allemande Angela Merkel à propos du dossier grec.
Mais les points de friction paraissent encore trop nombreux. Le gouvernement grec veut aussi obtenir des allègements de sa dette colossale - attendue cette année à 180% de son Produit intérieur brut (PIB) -, mais beaucoup d'Européens, Allemands en tête, ne veulent pas en entendre parler, du moins pas maintenant.