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Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a évoqué samedi l'hypothèse d'une taxe européenne sur l'essence pour, en cas de besoin, faire face financièrement à la crise des réfugiés, dans une interview au quotidien Süddeutsche Zeitung.
"Si les budgets nationaux ou le budget européen ne suffisent pas, mettons-nous alors d'accord pour instaurer par exemple une taxe d'un certain niveau sur chaque litre d'essence", a déclaré le ministre.
"Ainsi nous aurions les moyens pour une réponse européenne à la question des réfugiés", a-t-il estimé, jugeant que "la solution du problème ne devait pas échouer en raison d'une limitation des moyens" mis en œuvre.
La proposition a suscité de vives critiques en Allemagne y compris dans les rangs de son parti, la CDU, qui est aussi celui de la chancelière Angela Merkel.
La vice-présidente du parti conservateur, Julia Klöckner, qui affirme s'être entretenue avec Mme Merkel, a ainsi jugé qu'une telle idée était indéfendable car elle revient à dire aux contribuables que c'est à eux "de payer l'addition".
La branche des entrepreneurs au sein du parti a qualifié la proposition de "provocation" et accusé le ministre de faire ainsi indirectement campagne contre l'accueil des réfugiés, dans le journal économique Handelsblatt.
Les autres partis, notamment le parti de gauche radicale Die Linke et les Verts, n'étaient pas en reste tandis que le SPD, partenaire de coalition de la CDU au gouvernement, affirmait par la voix de son vice-président, Thorsten Schäfer-Gümbel: "nous ne devons pas jouer les uns contre les autres" et risquer de créer des boucs-émissaires.
Interrogé par l'AFP, le ministère des Finances a expliqué que M. Schäuble cherchait par ses déclarations à accélérer les choses. "Les propos du ministre se comprennent dans un contexte européen. Notre objectif est de faire bouger les choses sur la scène européenne", a-t-on expliqué.
Dans l'interview au SZ, le ministre a jugé que les événements de Cologne - une série d'agressions, notamment sexuelles, attribuées à des migrants, la nuit du Nouvel An - "renforçaient la pression" pour trouver rapidement "une solution au problème du contrôle des frontières extérieures de l'Union européenne".
"C'est incontestable", a-t-il jugé.
"Le problème doit être réglé sur la scène européenne", a poursuivi le ministre. "Dans le cas contraire, il n'y a pas que l'Allemagne qui en subira les conséquences, comme certains semblent le penser, mais ce sont nos voisins et les pays des Balkans, jusqu'à la Grèce, qui seront massivement touchés".
"Les choses vont trop lentement en Europe", a-t-il déploré, affirmant soutenir pleinement la chancelière Angela Merkel dans ses efforts pour trouver une solution.
"Je soutiens avec toute la force de mes convictions ce qu'a dit la chancelière: il faut régler le problème au niveau des frontières extérieures de l'Europe".
"Si le problème n'est pas résolu à ce niveau, il le sera au niveau des frontières nationales mais ce serait la pire des solutions" et "l'Europe se trouverait dans une crise plus grande encore", a-t-il jugé.