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La belle histoire: après avoir raté l'examen d'entrée de l'école IAD, Lionel devient l'ingénieur du son de Stromae

24h01, un magazine belge de reportages grand format, a rencontré un jeune homme au parcours particulier. En sortant d'une formation professionnelle en travaux de bureau et comptabilité, Lionel a tenté d'entrer à l'IAD (Institut des Arts de Diffusion), mais a raté l'examen d'entrée. Il n'a pas abandonné, a travaillé et a fini par devenir l'ingénieur du son personnel de… Stromae. Rencontre.

Nous sommes aux Ardentes. L’une des étapes de la monstrueuse tournée entamée il y a quelques mois par celui qui, depuis le début de l’aventure, officie comme ingénieur du son attitré du lange stûûût bruxellois : Lionel Capouillez. Pendant tout le show, le bonhomme agite ses tentacules, tournant d’un quart de poil un bouton, faisant grimper un curseur, frétiller les aiguilles et flirter la sono avec la limite de 104 db imposée par les autorités festivalières. Dans sa tente verte plantée au centre de la plaine, ça grouille de loupiotes, d’indicateurs et de cadrans. Des fils se tortillent au sol comme les serpents du "Puits des âmes" qui effraient tant Indiana Jones. Et soudain, j’ai peur moi aussi. Je me vois trébuchant dans l’imbroglio de câbles électriques, plongeant instantanément les 25 000 spectateurs dans le silence et le noir le plus complet. Grand Dieu, ce serait sans conteste mon pire souvenir de festival. Loin devant celui de mon visage collé au dos nu d’un malabar suintant ou de ma bottine figée pour l’éternité dans la boue piégeuse d’un Pukkelpop trop arrosé. Ma crainte de commettre l’irréparable me fige. J’assiste donc, immobile, au nouveau miracle signé Capouillez.

Deux semaines avant que Stromae n’embrase la Cité Ardente, je donne rendez-vous à l’ingénieur du son dans un bistro de Louvain-la-Neuve, histoire de causer un peu. Quand le type se pointe, je le reconnais tout de suite. Il est aussi carré qu’un ampli Marshall et fringué comme un ado sur le retour : sweat à capuche, short à poches, boule à zéro. Il a le regard cerné de celui qui sort trop souvent, trop tard et trop loin. Je me présente, il fait pareil. Le courant passe. (...)

— T’as quel âge en fait ?
— Je suis né le 11 juillet 1979.
— À Bruxelles ?
— Oui, Watermael-Boitsfort. J’ai fait mes secondaires au Sacré Coeur de Waterloo. Puis j’ai tenté l’IAD, mais j’ai raté l’examen d’entrée.


STOP.

Le type qui assure le son de Stromae aux quatre coins du monde, celui-là même qui a mixé deux albums récompensés par une flopée de disques d’or, de diamant et de platine, ce mec-là s’est vu refuser l’entrée à l’IAD ? C’est un peu comme Margareth Mitchell qui essuie
38 refus pour Autant en emporte le vent avant de gagner le Prix Pulitzer pour ce même ouvrage et d’en vendre 33 millions d’exemplaires... Il y en a vraiment qui n’ont pas le nez fin. Ou l’oreille fine, c’est selon.

— Non, fait modestement Lionel, je n’étais pas prêt. Je venais d’une formation professionnelle en travaux de bureau et comptabilité.

Bertrand De Greef

> La suite de la folle histoire de Lionel Capouillez à lire dans le magazine 24h01

Le magazine 24h01 est disponible dans certaines librairies (voir la liste des points de vente) et peut aussi être commandé en ligne: RDV sur 24h01.be.

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