Partager:
RTL info a visité les nouvelles infrastructures de färm située à côté du métro Hankar, à Auderghem en région bruxelloise. Il s'agit du troisième point de vente bio, durable et coopératif du 'groupe', et il est plus grand que les autres: 450 m², près de 4.000 références et bientôt, un atelier de boulangerie au sous-sol. Rencontre avec Baptiste Bataille, l'un des deux fondateurs.
Inutile de vous dire que le bio a le vent en poupe. La plupart des grands acteurs de la distribution l'ont bien compris, et certains, comme Colruyt, ont même lancé une nouvelle chaîne de magasins dédiés à 100% à une consommation plus respectueuse de l'environnement et plus saine.
Mais heureusement, il y a également une nouvelle manière d'envisager la distribution qui voit le jour. Elle est moins orientée vers la rentabilité, et prend en compte l'aspect humain et social de la consommation, pour la rendre plus responsable.
C'est la base du concept färm, "la première chaîne de magasins bio, durables, locaux et coopératifs", nous a expliqué Baptiste Bataille, l'un des deux fondateurs.
färm
La genèse du projet, c'est The Peas (les pois), fondé à Etterbeek en 2009 par deux anciens biologistes de l'UCL (Université Catholique de Louvain).
Cette épicerie bio a été complétée en 2013 par une supérette sur la place Sainte-Catherine (le nom färm a vu le jour), et enfin par un supermarché fin 2015, à Auderghem (près de la station de métro Hankar).
A chaque fois, la superficie a considérablement augmenté, arrivant à 450 m² pour le färm Hankar que RTL info a pu visiter.
Coopératif ?
Si on ne présente plus le principe des produits respectant les critères européens et nationaux du "bio", il est nécessaire d'expliquer ce qu'est un supermarché dit 'coopératif'.
"On essaie de mettre tout le monde autour de la table: les investisseurs (qui ont mis de l'argent, NDLR), les collaborateurs (qui travaillent dans les magasins), les clients (qui achètent les produits) et les producteurs/fournisseurs", a poursuivi Baptiste Bataille.
Le conseil d'administration est composé d'un ou plusieurs membres représentant chaque partie. "On est en train de mettre en place un arsenal démocratique" pour rendre les conseils d'administration les plus équitables possibles, et pour que "tout le monde ait son mot à dire".
Tout le monde pourrait donc donner son avis sur l'ouverture d'un nouveau magasin à Anvers, par exemple. Le capital a été ouvert à tout le monde: investisseurs, producteurs, collaborateurs et clients, qui ont pu investir à partir de 20€. C'est aussi grâce à cet argent que färm a pu ouvrir deux (grands) magasins en trois ans.
Des collaborations concrètes avec les producteurs
Une autre dimension essentielle dans le 'coopératif', c'est le fait que färm veut "intégrer tous les maillons de la chaîne" et s'impliquer auprès des producteurs. Leur ambition n'est pas de devenir producteur de produits bio, mais plutôt de créer des collaborations sur le long terme.
Cela se fait, par exemple, en rendant visite à un éleveur de boeufs 'Salers' bios près de Marche-en-Famenne, en goûtant la viande et en décidant de la vendre. Ou en faisant confiance depuis 5 ans à Marc, qui fournit des pommes et des poires de Bombaye (Liège): même s'il s'avère un peu plus cher que la coopérative, il est "un producteur qui nous livre en direct et qui sait ce qu'il produit".
Mais les choses vont plus loin. "On a par exemple acheté à l'avance des tonnes de quinoa pour permettre de réaliser le beau projet de gens passionnés qui voulaient devenir les premiers producteurs de quinoa belge", produit qu'on trouve désormais dans les färm.
Autre exemple concret: après s'être fourni en pain auprès d'un boulanger utilisant les céréales d'Agribio (Havelange), färm est en train d'installer un atelier de boulangerie au sous-sol de son nouveau magasin, pour confectionner lui-même le pain la nuit avec les produits d'Agribio, au lieu de se les faire livrer.
Il y a également cette étonnante histoire de biscuits produits à Anderlecht par Generous, dont les morceaux abîmés sont valorisés (on achète des spéculoos cassés...), et dont la boite est illustrée par un client, un certain Frédéric Jannin.
Durable ?
Si färm n'est pas un supermarché bio comme un autre, c'est aussi et surtout parce qu'il ajoute une dimension "durable", humaine et sociale au cœur de son projet. "Ce dont je suis le plus fier, sans doute, depuis le début de l'aventure, c'est d'avoir créé 42 emplois", admet Baptiste Bataille.
Durable, cela passe par des infrastructures modernes à quelques mètres d'une station de métro, qui récupèrent la chaleur dégagée par les frigos. Mais aussi par la limitation maximale du gaspillage (en systématisant la récupération des produits frais invendables), et la recherche d'emballages de produits les plus respectueux de l'environnement - avec 4.000 références, cependant, "ce n'est pas possible pour l'instant" d'avoir 100% de biodégradable.
Les fondateurs de färm, s'ils ont l'ambition d'ouvrir d'autres magasins dans les années à venir, n'ont pas le profit en tête. "La finalité, c'est les gens", dont ils aimeraient changer les habitudes de consommation pour qu'ils se nourrissent mieux et respectent d'avantage les (bons) producteurs et au final, l'environnement.
L'une des tâches de Baptiste Bataille est "la sensibilisation" et une certaine forme d'éducation...