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Cinq hommes et une femme étaient sur le banc des accusés dans le cadre du procès en assises pour le meurtre de Jean-Claude Libiez, dans la ferme "Beaumon à Roisin. Mercredi 23 octobre, le verdict est tombé : quatre hommes sont coupables, l'un est complice et la femme est acquittée.
Pour les jurés, Sylvie Cuelle n'est ni coauteur, ni complice du vol du stock de cigarettes chez ses voisins, et encore moins du meurtre de Jean-Claude Libiez, tué d'une balle tirée par un calibre 7.65. Elle n'est pas coupable de la tentative de vol perpétrée dix jours plus tôt à la ferme, comme les autres accusés d'ailleurs.
"Elle a donné ses informations mais sans imaginer une seule seconde qu'on allait voler ses voisins avec qui elle était dans une entente magnifique depuis plus de 15 ans", déclare Carine Couquelet, avocate de Sylvie Cuelle, au micro de notre journaliste Benjamin Samyn pour le RTL Info 13H.
Son mari, Thomas Audin, est passé très près de l'acquittement. Par sept voix contre cinq, les jurés ont estimé qu'il était complice du vol perpétré chez ses voisins par des malfrats mais qu'il n'était pas coauteur.
Quatre hommes reconnus coupables
Certes, il a mis son hangar à disposition de Franz Pottiez pour cacher la camionnette qui a servi à transporter le butin, mais ce n'est pas une aide essentielle. Le vol aurait pu avoir lieu dans cette mise à disposition. Et surtout, il n'est pas considéré comme coauteur d'un meurtre car il ne pouvait pas savoir que les voleurs allaient user de violence et de menace. Torino Dubois, Josué Krier et Brondon Kempfer contestaient avoir participé à ce vol avec violence, avec plusieurs circonstances aggravantes, mais les jurés ont estimé qu'ils étaient coupables du vol, mais aussi du meurtre de Jean-Claude Libiez.
"Cette motivation n'est pas individualisée. Je n'ai d'ailleurs pas d'éléments de culpabilité propre à la personne de mon client ou à l'intervention qui aurait été la sienne. Maintenant qui a fait quoi, cela ne ressort pas de la motivation de la décision du jury", déclare Michel Bouchat, avocat de Josué Krier.
Pour les jurés, Torino Dubois était bien le titulaire d'un numéro se terminant par 6468, en contact permanent avec Loïc Harvengt avant et après le crime, alors qu'il contestait être titulaire de ce numéro de téléphone.
Les trois hommes avaient un alibi : cette nuit-là, ils commettaient un vol dans la région de Soignies. Ils avaient tiré une remorque, remplie d'outils, avec une voiture non équipée d'un attache-remorque. Assis dans le coffre, Josué aurait tenu le timon de la remorque avec ses mains jusqu'à Mons, aidé par les ceintures de sécurité qui entouraient le timon. Pour les jurés, ce mode opératoire n'est pas crédible. Et puis, ce vol ne leur empêchait pas de commettre un autre vol dans la foulée, à Roisin.
"C'est un dossier qui ne repose sur aucun élément matériel. Finalement le seul élément qui a été retenu, ce sont les déclarations d'un autre accusé", estime Ricardo Bruno, avocat de Brondon Kempfer
Cet accusé, c'est Loïc Arvan, le seul à reconnaître sa responsabilité dans les faits. Pour les jurés, il ne s'est jamais désolidarisé des autres, dont deux étaient armés. Pendant trente-deux mois, Loïc a soutenu qu'il avait commis le vol avec Franz Pottiez et les trois gitans. Le premier jour du procès, il s'est rétracté en déclarant qu'il n'avait pas pu identifier les trois hommes qui portaient une cagoule. Il n'a pas convaincu les jurés qui estiment que les trois hommes ne portaient pas leur cagoule en permanence. Le ministère public demande contre lui une peine de 20 ans.
"Je pense que l'amendement c'est le premier pas vers la rédemption. Quand vous avez quelqu'un qui commet une infraction extrêmement grave et qui est capable de reconnaître sa responsabilité. Il dit 'voilà, je vous dis ce que j'ai fait'. Je pense que c'est le premier pas vers une resocialisation et ça doit jouer en sa faveur", estime Frank Discepoli, avocat de Loïc Harvengt.
Les jurés estiment également que la chronologie et le contexte excluent que Franz Pottiez lui ait soufflé les noms. En effet, arrêté le 6 février 2017 en même temps que Franz Pottiez, il a eu aucun contact avec lui avant le 9 février. La veille, il avait balancé son beau-frère Torino et Brondon. Il ne connaissait pas Josué qu'il a balancé le 10 février.
Des peines de 20, 25 ans et perpétuité ont été demandées pour les 4 reconnus coupables de meurtre.
Rappel des faits
Dans la nuit du 20 au 21 octobre 2016, deux hommes cagoulés et armés pénètrent dans la ferme "Beaumont" à Roisin, près de la frontière française. Une ferme qui est aussi un café-tabac de village. Cela fait des mois que ces hommes réfléchissent au vol. Le voisin de la victime est dans le coup, les agresseurs sont donc bien renseignés.
Quand il entre dans la ferme, le commando fait preuve d'une grande violence : les malfrats n'hésitent pas à mettre une arme sur la tempe de la mère de la victime, âgée de 83 ans, à distribuer des coups de barre de fer, ni à tirer, au moins 3 fois. Une balle touche mortellement Jean-Claude Libiez. L'un des accusés parle d'une "scène barbare", digne d'un film d'horreur.
La mère, ainsi que le frère de la victime, attendaient que justice leur soit rendue.