En ce moment
 
 

Le chanteur nigérian Femi Kuti salue la visite du président Macron dans son club à Lagos

Le chanteur nigérian Femi Kuti salue la visite du président Macron dans son club à Lagos
Emmanuel Macron (c) et le musicien nigérian Femi Kuti (d), lors d'une visite du président français à l'Afrika Shrine, , le 3 juillet 2018 à Lagos, au NigeriaLudovic MARIN
 
 

Le musicien nigérian Femi Kuti, qui a passé sa vie à dénoncer en chansons les maux dont souffre l'Afrique, a salué la récente visite du président Emmanuel Macron dans sa salle de concert de Lagos, y voyant un important geste "politique".

Le chanteur de 56 ans a repris le flambeau de son père Fela Kuti, pionnier de l'Afrobeat et critique virulent de la corruption et de l'incompétence de l'ancien régime militaire nigérian. Il a aussi relancé le Shrine, la boîte de nuit mythique ouverte par son père.

Lors de sa visite au Nigeria, début juillet, le président français a assisté à une soirée au Shrine, allant même jusqu'à tomber veste et cravate dans ce haut lieu de la créativité africaine.

La visite d'Emmanuel Macron "constitue un très important geste politique - davantage politique que social et culturel", a jugé le chanteur.

"Déjà du temps de mon père le Shrine a dû se battre contre les attaques du gouvernement et les calomnies nous traitant de criminels ou de drogués. Alors la venue (du président Macron) neutralise les éternels critiques", a ajouté Kuti en recevant l'AFP dans sa loge avant de se produire au Festival d'été de Québec.

Femi Kuti se dit persuadé que le président français connaissait bien les relations difficiles du Shrine avec le pouvoir, ayant passé du temps au Nigeria en 2002, lors d'un stage à l'ambassade de France.

Le chanteur, dont le père avait dénoncé le colonialisme dans des chansons comme "Colonial Mentality", a dit avoir été la cible de critiques pour avoir accueilli le président français, compte tenu de l'histoire coloniale française.

Mais il fait valoir que le chef de l'Etat au pouvoir depuis un peu plus d'un an ne peut être tenu responsable du colonialisme, ajoutant: "Si on rappelle les crimes que la France a commis en Afrique, comment peut-on amener (les Français) à les évoquer si on ne parle pas avec eux ?".

- Espoirs pour l'avenir -

Femi Kuti s'est produit au Festival d'été de Québec appuyé par un orchestre de neuf musiciens et plusieurs danseuses.

Il a sorti cette année son premier album studio depuis 5 ans, "One people One world", dans lequel il s'en prend de nouveau aux despotes et à la corruption dans des titres comme "Dem Militarize Democracy" et "Corruption Na Stealing."

Mais il fait aussi preuve d'optimisme sur l'avenir dans d'autres chansons, dont le principal titre de l'album, "Africa Will Be Great Again." (Il rejette toute suggestion que ce titre ait quoi que ce soit à voir avec le slogan favori du président Donald Trump, affirmant avoir écrit le texte bien avant l'arrivée au pouvoir du milliardaire américain.)

"Je pense que l'album est beaucoup plus optimiste que les précédents. C'est peut-être parce que je suis devenu père et que je dois trouver des solutions pour mes enfants", dit-il.

"Quand ils me posent des questions, je dois trouver des réponses positives. Autrement, pourquoi avoir des enfants si leur avenir doit être sombre ?"

Pour lui, il n'y a pas que les Africains qui doivent se réveiller politiquement. Il a critiqué l'attitude des occidentaux face à la crise des migrants, leur reprochant d'oublier trop vite l'impact des guerres en Irak, en Afghanistan et en Syrie.

"C'est si facile pour les gens d'être confortablement chez eux et de ne pas se soucier des bombes qui tuent des innocents dans ces pays, tant que vous avez de quoi manger et faire l'amour, et une bonne vie", accuse-t-il.

Femi Kuti a exprimé l'espoir de voir des développements ambitieux en Afrique, souhaitant pouvoir un jour prendre un train à grande vitesse de Lagos à Johannesburg, en Afrique du Sud.

"J'essaie de montrer la beauté de l'Afrique dans ma musique", souligne-t-il en se disant persuadé que les Africains excelleront s'ils en ont l'occasion. "Je crois profondément que l'Afrique peut et doit devenir un modèle pour le monde".


 

Vos commentaires