Le Front de la Concorde, principal bloc sunnite au Parlement irakien, a demandé vendredi à ses six ministres de boycotter le gouvernement en raison d'un mandat d'arrêt délivré contre l'un d'eux, ce qui constitue un nouveau revers pour le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki.
Ce front sunnite qui occupe 44 des 275 sièges du parlement et dirige six ministères, a demandé "à ses membres de suspendre leur participation au gouvernement jusqu'à ce que celui-ci réponde à leurs demandes", a affirmé l'un de ses membres, Omar Abdel Sattar Mahmoud à l'AFP.
"Avec tout notre respect pour le système judiciaire, nous condamnons le mandat d'arrêt injuste. Nous demandons à ce que l'enquête sur cette affaire se poursuive, que le ministre soit réhabilité et que les forces de sécurité soient punies", a-t-il ajouté.
Un tribunal irakien a récemment délivré un mandat d'arrêt contre le ministre irakien de la Culture, Assaad Kamal al-Hachémi, membre de ce front, accusé d'"activités terroristes".
Le Front de la concorde, "rejette la marginalisation et la mise à l'écart" de ses dirigeants, a ajouté M. Mahmoud.
Réagissant à cette annonce, le député chiite Sami al-Askari, membre de l'Alliance unifiée irakienne (AUI, coalition de partis chiites religieux), a estimé que la décision du bloc sunnite allait "à l'encontre de tous les intérêts nationaux".
"Leur intérêt confessionnel éclipse leur intérêt national. Ils acquittent leur leader, le ministre de la Culture, malgré le fait que la procédure ne dépend pas du gouvernement mais de l'autorité judiciaire (...) indépendante", a ajouté M. Askari, un proche de M. Maliki.
La défection des ministres sunnites survient à un moment difficile pour M. Maliki, déjà sous la pression de Washington pour adopter des lois visant à mettre fin aux nombreux conflits internes qui freinent le processus de réconciliation nationale.
Il y a deux semaines seulement, le mouvement du leader radical chiite Moqtada Sadr, qui occupe 32 sièges au Parlement, s'était retiré de l'Assemblée pour protester contre l'explosion ayant endommagé le mausolée chiite d'Al-Askari, au nord de Samarra (125 km au nord de Bagdad).
Cependant, Moqtada Sadr a fait savoir vendredi qu'il envisageait de mettre fin à ce boycott politique. En avril, il avait retiré du gouvernement les six ministres du courant Sadr.
Le groupe parlementaire auquel appartient le ministre de la Culture avait indiqué en début de semaine, que les forces de sécurité irakiennes avaient arrêté 42 des gardes de M. Hachémi lors d'un raid contre sa maison, alors que lui ne s'y trouvait pas.
Le député irakien Mithal Alloussi avait révélé que M. Hachémi faisait l'objet d'un mandat d'arrêt.
En février 2005, M. Alloussi avait été victime d'une embuscade dans laquelle deux de ses fils avaient été tués. Le député avait échappé à cette attaque.
Après leur arrestation, deux des assaillants ont "reconnu avoir tué mes fils sur ordre de l'ancien religieux salafiste et actuel ministre Hachémi", avait indiqué le député.
Par ailleurs, cinq soldats américains ont été tués dans une embuscade à Bagdad, tandis que l'armée américaine a annoncé l'arrestation de 26 suspects dans une série de raids visant le "sommet" du réseau Al-Qaïda en Irak.
Ces décès portent à 82 le nombre de militaires tombés en Irak depuis le début du mois de juin et à au moins 3.559 le nombre de soldats ou personnels assimilés américains morts depuis l'intervention américaine en mars 2003, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres du Pentagone.
A Bagdad, des explosions se sont produites dans la zone verte, a annoncé à l'AFP un responsable de l'ambassade américaine. Aucune information sur d'éventuelles victimes n'a pu être obtenue dans l'immédiat.
Au sud de la capitale, une attaque à la bombe contre un oléoduc a provoqué un important incendie.
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