La difficile opération d'évacuation des douze enfants et de leur entraîneur de football coincés dans une grotte en Thaïlande depuis 15 jours a débuté dimanche et quatre d'entre eux ont été évacués avec succès, les autres devant l'être lundi au terme d'une attente éprouvante pour les familles.
Selon le bilan officiel, un premier groupe de quatre garçons, chacun guidé dans la grotte inondée par deux plongeurs professionnels, a d'ores et déjà réussi à sortir.
Un responsable du ministère de la Défense, sous couvert de l'anonymat, avait assuré un peu plus tôt: "Six d'entre eux sont sortis", mais le bilan officiel n'a jamais été révisé dans la soirée et aucune explication fournie.
Les quatre premières victimes ont été évacuées à bord d'ambulances, ont constaté des journalistes de l'AFP, puis d'hélicoptères en direction de l'hôpital de Chiang Rai.
"La prochaine opération devrait débuter dans dix heures minimum", a déclaré lors d'une conférence de presse dimanche soir Narongsak Osottanakorn, le chef de la cellule de crise.
Le matin, il avait annoncé que le "grand jour" de l'évacuation était enfin venu.
Les secours avaient prévenu que les enfants sortiraient "un par un", assistés chacun par deux plongeurs professionnels, et que cela prendrait au total "deux à trois jours". Ils ont finalement opté pour une sortie des enfants en deux groupes.
La première évacuation s'est révélée plus rapide que prévu, en avance de plus de deux heures sur l'horaire indiqué à l'origine. Et le deuxième groupe pourrait sortir dès lundi matin selon le scénario le plus optimiste.
"Les Etats-Unis travaillent étroitement avec le gouvernement de Thaïlande pour aider à évacuer tous les enfants", a tweeté dimanche soir le président américain Donald Trump. Des Américains font en effet partie des nombreux pays participant à l'opération.
Aucune image de celle-ci n'a émergé pour l'heure, les autorités thaïlandaises ayant créé un large périmètre de sécurité autour de la zone.
- "tout le monde les attend" -
Dimanche soir, des habitants de Chiang Rai ont applaudi au passage des ambulances vers l'hôpital. "Toute le monde les attend et est plein d'espoir", a confié Pipop Sangwan à l'AFP dans la petite foule.
L'équipe de foot des "sangliers sauvages" était partie explorer la grotte le 23 juin, après l'entraînement. Ils se sont retrouvés piégés par la montée des eaux dans cette grotte au fin fond du nord de la Thaïlande, à la frontière avec la Birmanie et le Laos.
Jusqu'ici, il fallait onze heures à un plongeur aguerri pour faire l'aller-retour jusqu'aux enfants: six heures aller, cinq heures retour grâce au courant. Long de plusieurs kilomètres dans des boyaux accidentés, le parcours pour sortir de la grotte comprend de difficiles passages sous l'eau.
Signe du péril de l'entreprise, un ancien plongeur de la marine thaïlandaise est mort vendredi lors d'une opération de ravitaillement des enfants.
Or, une bonne partie des enfants, âgés de 11 à 16 ans, ne savent pas nager et aucun n'a fait de plongée.
Les conditions pour une évacuation sont jugées "parfaites" ces jours-ci par la cellule de crise, notamment en ce qui concerne le niveau d'eau dans la grotte.
- Retour de la pluie -
Les secours s'interrogeaient depuis des jours sur l'opportunité de déclencher une évacuation périlleuse, des pluies de mousson attendues prochainement risquant de ruiner les efforts pour drainer l'eau de la grotte.
Les secours ont réussi à insérer un tuyau de plusieurs kilomètres pour acheminer de l'oxygène dans la poche où le groupe s'est réfugié et le niveau d'oxygène s'est stabilisé dans la grotte.
Mais samedi soir et dimanche, des averses sont tombées, rappelant l'urgence à faire sortir les enfants.
Les sauveteurs ont fait évacuer dimanche matin aux journalistes les alentours de la grotte.
"Tous ceux qui ne sont pas impliqués dans l'opération doivent sortir de la zone immédiatement", a annoncé la police par haut-parleur sur le site, où se trouvaient des centaines de journalistes suivant cette "saga" ayant pris une ampleur internationale.
L'annonce de la police a été suivie par un branle-bas de combat dans le campement monté par les journalistes, avec des caméras partout et des lits de camp pour être aux meilleures places pour filmer l'évacuation des enfants.
Le chef de la cellule de crise, avait prévenu vendredi soir que l'afflux de médias dans cette zone montagneuse de forêt tropicale posait problème. "Nous avons de plus en plus de médias qui arrivent et s'installent partout", avait-il critiqué. "Les équipes médicales se sont plaintes auprès de moi que cela devient un problème", avait-il dit.
Face à l'afflux de journalistes, pataugeant dans la boue depuis des jours, les autorités avaient posé des barrières métalliques pour les tenir à distance et permettre aux secouristes de travailler sans caméras autour.
Dimanche, nombre de médias se sont précipités devant l'hôpital de Chiang Rai, à une heure de route du site, où les victimes ont été évacuées. Mais là aussi les autorités ont interdit l'abord immédiat de l'hôpital.
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