Quasi inconnue du grand public au Royaume-Uni la semaine dernière, la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Penny Mordaunt fait une ascension fulgurante dans la course à la succession de Boris Johnson à Downing Street.
Avec un slogan "PM4PM", jouant sur ses initiales et celles du titre de Premier ministre, Penny Mordaunt, 49 ans, a lancé mercredi sa campagne en se définissant comme la "meilleure chance de gagner" pour les conservateurs aux prochaines élections car elle serait "la candidate que les travaillistes craignent le plus".
Le nombre de candidats en lice s'est réduit à six mercredi. Au terme d'un premier tour de scrutin, réservé aux députés conservateurs, l'ex-ministre des Finances Rishi Sunak est arrivé en tête avec 88 votes, devant Penny Mordaunt avec 67 votes.
La fibre patriotique de cette réserviste de la Royal Navy, qui pose fièrement devant l'Union Jack sur sa photo de campagne, semble parler à la base du parti, à qui il reviendra de départager les deux finalistes lors d'un vote par correspondance dont le résultat est attendu le 5 septembre.
Un sondage YouGov réalisé les 12 et 13 juillet auprès de plus de 800 adhérents du parti la donne largement favorite: elle obtient 27%, loin devant la secrétaire d'Etat à l'Egalité Kemi Badenoch (15%) et l'ex ministre des Finances Rishi Sunak, ex-aequo avec la cheffe de la diplomatie Liz Truss, avec 13%.
En finale, elle l'emporterait haut la main quel que soit son adversaire.
En revanche, seul 11% des Britanniques (16% chez les conservateurs) sont capables de la nommer en voyant son visage, selon une autre étude (Savanta ComRes).
Ancienne ministre de la Défense - première femme à ce poste - elle joue la carte du sérieux et du renouveau. L'un de ses mots d'ordre est qu'il est temps de parler plus du navire que du capitaine.
- "Sérieux défis" -
Elle a aussi pour elle le fait d'avoir fait campagne pour le Brexit dès 2016, positionnement important pour tout une frange du parti qui conserve une certaine fidélité à Boris Johnson et entend faire barrage à Rishi Sunak.
"Faible taux d'imposition, État réduit, responsabilité personnelle. Nous devons revenir à cela, car nous avons de sérieux défis à relever", a-t-elle lancé dans un premier discours de campagne mercredi matin, où elle s'est montrée confiante et tout à son aise.
Un récent sondage du site Conservative Home, auprès d'un panel de plus de 800 membres du parti, la donne également en tête.
Considérée par la communauté LGBTQ+ comme l'un de ses rares alliés chez les conservateurs, Penny Mordaunt a été accusée par le site spécialisé PinkNews d'avoir "capitulé" face à "l'aile anti-trans" du parti, après avoir déclaré après sa candidature que les femmes trans ne sont pas des femmes biologiques.
Née le 4 mars 1973 à Torquay, dans le sud-ouest de l'Angleterre, Penny Mordaunt est la fille d'un parachutiste et d'une enseignante.
Elle a deux frères, dont un jumeau et a perdu sa mère, emportée d'un cancer du sein, quand elle avait 15 ans.
Pour payer sa scolarité, elle multiplie les petits boulots, travaille à l'usine, devient l'assistante d'un magicien pour aider sa famille avant d'étudier la philosophie à l'université de Reading.
- Saut périlleux arrière -
Elle fait ensuite carrière dans les relations publiques, et a conseillé William Hague quand il dirigeait le parti conservateur (1997-2001) alors dans l'opposition sous Tony Blair. Elle a aussi travaillé aux Etats-Unis pour la campagne présidentielle de George W. Bush.
"J'ai appris qu'avec de la détermination, on peut à peu près tout faire", disait-elle dans une interview en 2021 dans le magazine The House.
Longtemps bénévole, Penny Mordaunt a notamment oeuvré dans des hôpitaux et des orphelinats en Roumanie.
Après un premier échec en 2005, elle est élue députée depuis 2010, avec une majorité de plus en plus importante à chaque scrutin. Elle décroche son premier poste gouvernemental en 2014 puis enchaîne plusieurs ministères (Forces armées, Personnes handicapées, Développement international, Femmes et égalité).
Hors politique, elle s'est illustrée en participant à la télévision à un concours de plongeon caritatif en 2014, dont elle a été éliminée après avoir échoué sur un saut périlleux arrière depuis le plongeoir de 7,5 mètres.
La même année, elle attire l'attention publique lors d'un discours sur le bien-être des volailles, truffé de termes à double sens, défi qui lui avait été lancé lors de son entraînement en tant que réserviste.
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