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La maison de mode italienne Versace, l'une des rares à être encore indépendante, serait en passe d'être vendue au groupe américain Michael Kors, surtout connu pour ses sacs à mains, ont affirmé lundi plusieurs médias.
Un accord prévoyant une acquisition à environ 2 milliards de dollars pourrait être annoncé dès cette semaine, selon l'agence Bloomberg, qui cite des sources proches du dossier.
Le quotidien italien Il Corriere della Sera, le premier à avoir fait état de la vente de la maison italienne, a indiqué pour sa part que l'annonce pourrait être faite "dès mardi, Donatella Versace (directrice artistique et vice-présidente du groupe, NDLR) ayant convoqué les employés ce jour-là".
Ni Versace ni Michael Kors n'avaient dans l'immédiat répondu aux sollicitations de l'AFP.
Fondée en 1978 par le styliste Gianni Versace et son frère Santo, Versace est une icône de la mode italienne, avec des collections luxueuses et sexy.
Après l'assassinat de Gianni en 1997, elle a connu des années difficiles, avant de retrouver son aura grâce à une importante réorganisation et le talent de Donatella, la sœur de Gianni et Santo.
Versace est actuellement détenue à 20% par le fonds américain Blackrock, et le reste par la famille.
"L'annonce de l'acquisition de Versace par Michael Kors sera sans doute un choc pour les adeptes, les fans et les clients de l'emblématique marque italienne, qui s'est toujours démarquée par ses histoires et son esthétique intenses ainsi que pour ses fortes valeurs familiales et son indépendance", a souligné Florence Allday, analyste pour Euromonitor International.
"Toutefois, cette vente n'est pas si surprenante si on prend en compte le fait que le luxe vient de traverser plusieurs années difficiles, le ralentissement de la croissance (de Versace) et la concurrence accrue de marques comme Louis Vuitton, Gucci et Dior", a-t-elle ajouté.
- Cours de Kors en berne -
L'intérêt de Michael Kors pour Versace n'est pas non plus étonnant selon Neil Saunders, analyste chez GlobalData Retail.
"L'entreprise américaine désire depuis longtemps se transformer en une maison de marques de luxe, et a entamé ce processus l'an dernier en achetant (le fabricant de chaussures et sacs à main) Jimmy Choo" pour un milliard d'euros environ, a-t-il souligné.
"L'acquisition montre que Michael Kors cherche à devenir l'incarnation américaine des LVMH et Kering français et du suisse Richemont", juge de son côté Mme Allday.
Si les ventes de Versace se sont redressées - passant de 268 millions d'euros en 2009 à 668,7 millions d'euros en 2016 - elles ont néanmoins stagné l'an passé. Le groupe a enregistré un bénéfice de 15 millions d'euros, après une perte de 7,4 millions en 2016.
Son directeur général Jonathan Akeroyd a indiqué en juin que le groupe visait pourtant des ventes d'un milliard d'euros à "court terme".
D'après Mme Allday, "sans la force d'un conglomérat derrière lui, il sera difficile pour Versace d'atteindre la même force que son principal rival italien" Gucci.
La perspective d'un rapprochement entre les deux sociétés était reçue fraîchement à la Bourse de New York où l'action Michael Kors perdait 8,83% vers 15H50 GMT.
"Malgré son profil, Versace se bat pour faire croître les ventes. En ce sens, Michael Kors n'est pas en train d'acheter une marque qui fonctionne parfaitement, mais une marque qui a besoin de travail et de repositionnement", note M. Saunders.
Sa valorisation autour de 1,7 milliard d'euro, soit 2,5 fois le chiffre d'affaires actuel, témoigne néanmoins du potentiel qu'on lui accorde.
Une telle cession pourrait aussi faire grincer des dents en Italie, où nombre de grandes maisons de mode, comme Gucci, Fendi, Bottega Veneta ou encore Loro Piana, sont déjà tombées sous contrôle français ces 20 dernières années.