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Migrants: la hausse des tentatives de traversée de la Manche inquiète la préfecture

Migrants: la hausse des tentatives de traversée de la Manche inquiète la préfecture
Des migrants, qui tentaient de traverser la Manche, à la dérive sur un canoë avant d'être secourus par les Sauveteurs en mer à Calais, le 4 août 2018STR
 
 

Le phénomène est "en train d'exploser": après avoir secouru 18 migrants dans la nuit, la préfecture maritime s'alarme de la hausse des tentatives de traversée de la Manche depuis octobre, peut-être liée à l'approche du Brexit.

Au total, ce sont 36 personnes qui ont tenté de rejoindre le Royaume-Uni dans la seule nuit de mercredi à jeudi, selon les autorités.

En 2016, date de début du phénomène, les services de la préfecture maritime avaient recensé 23 tentatives de traversées en embarcation de fortune. En 2017, le chiffre était redescendu à 13.

Et "avec les deux opérations de cette nuit, on en est à 30, mais surtout à 17 depuis octobre...", explique la capitaine Ingrid Parrot, porte-parole de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, basée à Cherbourg.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a, lui, affirmé que 14 migrants avaient été secourus jeudi sur des canots pneumatiques au large des côtes sud-est du pays, portant à 78 le nombre de personnes secourues en deux semaines.

"Nous avons intensifié les déploiements de nos vaisseaux de patrouille côtière le long de la côte sud-est", a ajouté le ministère tandis que le député local Charlie Elphicke a qualifié ces chiffres de "sans précédent et très inquiétants".

De son côté, le Home office a indiqué avoir intercepté jeudi au large de Douvres sept migrants se présentant comme Iraniens.

Au cours de la nuit, le Centre des opérations maritimes (COM) de la préfecture de la Manche a dû gérer deux opérations distinctes en mer.

Vers 02H00, un remorqueur repère un bateau pneumatique de 4 mètres, au nord-est du cap Gris-Nez, avec sept migrants. Il l'escorte jusqu'aux côtes anglaises, avec l'aide d'un avion de patrouille maritime, d'un hélicoptère et d'un patrouilleur.

Arrivé à cinq km du littoral, l'embarcation, composée de six hommes et une femme, est interceptée par un patrouilleur de la Border force britannique aux alentours de 04h00.

Un peu auparavant, vers 03H00, c'est un ferry qui a cette fois alerté les autorités, après avoir découvert une autre embarcation faisant route vers l'Angleterre, en détresse, en panne, avec onze migrants à bord.

Un hélicoptère de la marine nationale basée au Touquet arrive à localiser l'embarcation tandis qu'un remorqueur et un patrouilleur se rendent sur la zone.

Finalement, les 11 migrants, qui se trouvaient sur un semi-rigide à une dizaine de km du cap Gris Nez, montent à bord du patrouilleur. "Quatre parmi eux, en situation d'hypothermie, sont transférés vers l'hôpital de Calais et les sept autres sont remis aux services de la Police aux frontières (PAF)", d'après un communiqué de la préfecture.

- Patrouilles renforcées -

Parallèlement, deux tentatives de traversée ont été avortées sur terre: l'une tard mercredi à Oye-Plage, où 10 migrants essayaient de prendre la mer, l'autre sur la plage de Wissant, où huit migrants ont rebroussé chemin après avoir vu leur pneumatique crever, a indiqué la préfecture du Pas-de-Calais.

Ces tentatives interviennent une dizaine de jours après une traversée qualifiée d'"inédite": 17 migrants, dont trois mineurs, avaient traversé la Manche sur un bateau de pêche volé à Boulogne-sur-mer.

Pour expliquer cette brusque hausse depuis octobre, la préfecture maritime émet deux hypothèses: le Brexit et les conditions climatiques.

"Avant qu'il y ait une frontière complètement fermée, on suppose qu'ils (les migrants) souhaitent à tout prix partir tant que le Brexit n'est pas effectif", avance le capitaine Parrot. L'autre tentative d'explication tient aux conditions météorologiques particulièrement clémentes lors de cette arrière saison.

Face à cette recrudescence des tentatives, "on renforce nos patrouilles" en mer, relève Mme Parrot.

Depuis le début des tentatives en 2016, il n'y a eu a priori aucun décès et aucune disparition en mer, rappelle la préfecture. "On n'a pas eu à déplorer des cadavres non identifiés sur une plage, on veut à tout prix éviter cela".

La densité du trafic, les courants importants, les hauts fonds, le vent quasi permanent et la température de l'eau rendent la traversée du détroit du Pas-de-Calais (33 km de distance minimale) très difficile et extrêmement dangereuse.

"La crainte la plus forte est une collision en mer avec un gros bateau", prévient Mme Parrot.


 

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