La diffusion mardi d'une nouvelle vidéo choquante montrant les mauvais traitements infligés à des agneaux, des bovins ou des porcs dans un abattoir certifié bio du Vigan (Gard) par l'association L214 a relancé mardi le débat sur le traitement des bêtes dans les abattoirs.
Animaux mal étourdis, moutons lancés violemment contre des barrières, coups répétés à la matraque électrique...: l'association L214 a publié sur son site cette vidéo d'environ 4 minutes 30 filmée, selon elle, à l'abattoir du Vigan.
En fin de matinée, le procureur de la République d'Alès Nicolas Hennebelle a annoncé dans un communiqué l'ouverture d'une enquête préliminaire après la plainte déposée par L214 "dénonçant des faits de sévices graves, mauvais traitements sur animaux et violation de la réglementation relative à l'abattage".
Dénonçant des "pratiques intolérables", le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a de son côté annoncé avoir diligenté une enquête de la Brigade nationale d’enquête vétérinaire et phytosanitaire, co-saisie de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet d'Alès avec la brigade de recherches de la gendarmerie d'Alès.
L'abattoir certifié bio du Vigan, un bâtiment de tôle vert amande et gris foncé situé dans une petite zone artisanale à l'entrée de cette commune de près de 4.000 habitants située dans les Cévennes, ne fonctionnait pas mardi matin, a constaté une journaliste de l'AFP.
Un employé à la mine grave a refusé de faire un commentaire avant d'en fermer les grilles vers 10H30. Le directeur du site n'avait pas répondu aux appels de l'AFP mardi en milieu de matinée.
La vidéo diffusé par L214 montre notamment un employé lancer à plusieurs reprises et violemment des agneaux contre les clôtures. Des bovins et des porcs, théoriquement égorgés après avoir été étourdis, sont saignés alors qu'ils bougent encore. Un employé semble s'amuser à donner des coups de matraque électrique brefs et répétés pour tester la réaction des bêtes.
Les images ne sont pas prises en caméra cachée mobile, mais sont fixes, prises depuis un angle des pièces filmées, à l'instar d'une vidéosurveillance.
-"Revenir à une consommation raisonnée"-
Cet abattoir est "certifié bio" et "travaille en circuit court", explique l'association. "Même dans un abattoir tourné vers le bio et le local, les animaux perdent la vie dans la souffrance", déplore la chanteuse Nili Hadida, chanteuse du groupe Lilly Wood and the Prick, qui présente la vidéo.
"Il est temps de regarder en face et avec honnêteté la réalité de l'abattage des animaux --une réalité dont mêmes les abattoirs à taille humaine et certifiés ne peuvent masquer la cruauté", commente aussi Brigitte Gothière, porte-parole de l'association, citée dans un communiqué. L214 demande une nouvelle fois une commission d'enquête parlementaire sur les méthodes d'abattage dans les abattoirs français.
Dans un communiqué distinct, la Confédération française de la boucherie-charcuterie-traiteurs (CFBCT) a elle aussi réclamé la mise en place d'une commission d'enquête. "Il est plus qu'urgent de revenir à un modèle de consommation raisonnée car c'est l'industrialisation de la viande qui entraîne de fait ces dérives", assure la CFBCT.
Il y a quatre mois déjà, la même association de défense des animaux avait diffusé des images de mauvais traitements tournées en caméra cachée à l'abattoir municipal d'Alès, dans le Gard également. Leur diffusion avait suscité de vives réactions, l'ouverture d'une enquête préliminaire --toujours en cours à Alès-- et la fermeture temporaire de l'abattoir.
L'association L214 "encourage les consommateurs à adopter une attitude d’achat responsable, au mieux en se passant de produits d’origine animale, au minimum en réduisant leur consommation de tels produits et en refusant ceux issus des élevages intensifs", explique-t-elle sur son site.
Son nom fait référence à l'article L214 du code rural, qui, en 1976, désigne pour la première fois les animaux comme des "êtres sensibles", ajoute-t-elle.
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