Accueil Actu

L'avis d'un spécialiste sur le coronavirus: la Belgique n'a qu'une seule urgence pour le moment

Herman Goossens, professeur de microbiologie à l’Université d’Anvers, coordonne une plateforme européenne de préparation aux épidémies émergentes. Invité du 19H de RTL INFO, il a expliqué que s’il était encore trop tôt pour parle de pandémie, on sera fixés d’ici la fin mars sur la gravité réelle du virus. Et en attendant, notre pays doit se préparer à pouvoir dépister le plus rapidement possible les personnes infectées.

Alors que l’Italie est particulièrement touchée et qu’elle a enregistré les 3 premiers morts européens du coronavirus Covid-19, "il n’y a pas plus de raisons de s’inquiéter maintenant même si on a l’impression que le virus se rapproche", rassure-t-il. "On parle d’une épidémie en Italie et le gouvernement a pris des mesures drastiques. Il faudra voir dans quelques jours et quelques semaines s’ils vont pouvoir contrôler cette épidémie. Et à ce moment-là il n’y aurait pas de menace pour notre pays." Par contre, le fait que ce soit l’Italie qui est touchée est selon lui "un hasard". "Je pense que ce qui s’est passé en Italie peut se passer dans n’importe quel pays en Europe", a-t-il déclaré.

Pandémie ? Réponse pour la fin mars

A quel point les personnes infectées mais sans symptômes transmettent-elles le virus ? Pour lui, "c’est la question clé. Il est très important de savoir si quelqu’un qui est asymptomatique peut transmettre le virus. Ça c’est vraiment très important. Si c’est le cas, est-ce important dans la propagation ? Est-ce rare ou est-ce un virus très infectieux. Et ça on ne sait pas encore. Si on constate que beaucoup de gens qui sont infectés et qui n’ont pas de symptômes sont responsable de la propagation du virus, ce sera vraiment très très difficile de maîtriser cette épidémie et alors je pense qu’on aura une pandémie. (…) On en parle quand il y a une épidémie d’un virus dans toutes les régions du monde et quand il y a une transmission interhumaine qui se poursuit. Je ne pense pas qu’on peut dire ça maintenant. Mais peut-être qu’on en aura une dans quelques semaines et pour la fin du mois de mars on le saura", assure-t-il.

La Belgique doit investir dans des tests de dépistage rapides

Au niveau de la Belgique, pour le moment, il ne voit qu’une seule urgence : "La seule chose qu’il faudra faire, c’est d’augmenter les capacités des laboratoires de diagnostics pour détecter ce virus. Parce que je pense que le test rapide qui n’est pas très difficile à développer dans un bon laboratoire est un test très important qui permet de rapidement dépister quelqu’un. Et on voit quand même que les médecins et les infirmières sont à risque et donc si on peut rapidement détecter le virus on peut rapidement isoler le patient, maîtriser mieux l’épidémie."

Les Chinois n’ont pas réagi assez vite

Enfin, le professeur Goossens critique le manque de réactivité de la Chine, foyer de l'épidémie. "J’ai l’impression qu’au début ils ont essayé de cacher et d’étouffer cette épidémie ou la situation. On a quand même beaucoup d’éléments pour dire que l’épidémie a commencé début décembre. Il y a eu un grand évènement le 18 janvier à Wuhan avec un banquet de 40.000 personnes, ce qui a été une erreur. Parce que le gouvernement chinois a publié un communiqué de presse comme quoi il y avait une transmission interhumaine le 19 janvier. Ils ont mis la ville de Wuhan sous quarantaine le 28 janvier. Donc je trouve qu’ils n’ont pas réagi assez vite. Ils ont peut-être voulu cacher la gravité de la situation. Ceci dit, ils se sont rattrapés très vite : ils ont très bien communiqué après et ont aussi publié la séquence génétique du virus qui nous a permis de développer des tests de diagnostic rapides", ceux-là même que la Belgique doit désormais soutenir pour gérer au mieux une éventuelle épidémie qui toucherait notre pays.

À lire aussi

Sélectionné pour vous