Plusieurs témoins ont appuyé sur notre bouton orange Alertez-nous après avoir observé un barrage policier à Charleroi. "Déploiement policier, combis, motards, autopompe... et il y a des personnes avec des drapeaux rouges. Que se passe-t-il?", nous a demandé Sandrine. "Drapeau communiste et gros barrage à Gilly", nous a envoyé une autre personne.
La police s'est déployée en raison de deux événements: l'organisation d'une réunion d'un parti assimilé à l'extrême droite et une manifestation d'un groupe antifasciste opposé au parti en question. Plusieurs membres de la FGTB, tels que Thierry Bodson ou Myriam Delmée, et des députés socialistes faisaient partie du groupe antifasciste. Les faits se sont déroulés dans la chaussée de Montigny, à Gilly, à partir de 13h30. Au final, six personnes ont été arrêtées.
Les services de police ont dû intervenir après avoir donné quatre avertissements
Nous avons contacté la police pour en savoir plus. "C'est un nouveau parti politique qui a un nouveau congrès d'ouverture dans un lieu privé et une manifestation, notamment de Liégeois liés à la FGTB, qui s'appelle le Front antifasciste", nous a confié David Quinaux, porte-parole de la police carolo. "Vers 13h30, et bien que les consignes étaient très claires et définies avec les organisateurs de la manifestation... où il était convenu qu'ils n'empêchent pas l'accès des membres de ce parti à leur local, ça a été manifestement le cas. Donc les services de police ont dû intervenir après avoir donné quatre avertissements en rappelant que la consigne très claire qui avait été acceptée des deux côtés n'était pas respectée", a-t-il ajouté.
Une intervention "disproportionnée"? Réponse de la police
Un peloton composé d'une quarantaine de policiers a été envoyé sur les lieux, ainsi que notamment une autopompe et la brigade canine. La police a fait usage de la force, avec notamment l'emploi de gaz lacrymogène et de l'autopompe.
Comme vous pouvez le lire un peu plus loin dans cet article, les manifestants antifascistes ont accusé la police d'être intervenue de façon exagérée. Nous avons interrogé le porte-parole de la police de Charleroi sur ce point. "Le maintien de l'ordre, ce n'est absolument pas une science exacte, premier élément. Deuxième élément: lorsque nous intervenons avec deux sections pour faire reculer la centaine de manifestants devant nous, une bagarre éclate entre des membres des manifestants sur la voie publique et des membres du parti politique qui devait se réunir dans son local, et donc nous devons faire cesser les infractions. Là, la force est utilisée, des gaz lacrymogènes sont utilisés. Ceci arrive après quatre avertissements où nous avions prévenu que nous allions utiliser la force. Donc on ne peut pas dire que cette réaction soit disproportionnée, ce n'était en tout cas pas du tout une surprise", a réagi David Quinaux.
Le porte-parole a précisé qu'au moment où la bagarre a éclaté et où la force a été utilisée, "le groupe est rejoint par un groupe de personnes en treillis militaire ou habillées tout de noir, cagoulées, avec des gants de frappe. Donc nous devons, à ce moment-là, prendre les mesures nécessaires pour qu'il n'y ait pas d'infraction sur la voie publique", a précisé David Quinaux. "Leurs intentions n'étaient pas compliquées à déduire. Ils se sont mis au front de la manifestation. Certains étaient porteurs d'arme. Dans ce cas là, les consignes et la loi sont claires, il faut disperser les manifestants".
C'est le dur travail policier qui est de garantir les droits constitutionnels de chacun
Pour conclure, le porte-parole de la police a rappelé le rôle difficile de la police dans ce genre de situation. "C'est le dur travail policier qui est de garantir les droits constitutionnels de chacun. Le droit de se réunir dans un lieu privé, comme le fait un mouvement aujourd'hui, et le droit de manifester paisiblement sur la voie publique, comme le fait l'autre groupe ici. Et à un moment la police doit rétablir l'ordre parce que ça dérape sur place", a-t-il confié.
On ne s'est pas trouvé face à des colson mais face à du gaz, des matraques et une autopompe
Comme nous l'avons indiqué ci-dessus, l'intervention a été jugée comme "disproportionnée" par les militants antifascistes. "Il y avait un piquet tout à fait pacifique devant l'entrée d'un congrès d'un parti fasciste à Gilly. Depuis 13h nous étions là et il n'y avait pas de problème. Une action pacifique sur le trottoir qui dérangeait personne. À un moment donné la police a attaqué frontalement: matraques, gaz et autopompe", a affirmé Vincent Pestiaux, secrétaire régional FGTB Charleroi & Sud-Hainaut.
Notre interlocuteur reconnaît que le groupe a bien bloqué l'accès au bâtiment où était organisée une réunion d'un parti assimilé à l'extrême droite. "Tout simplement nous étions là, nous faisions notre action où on interdisait, il est vrai, l'accès à la salle. Et donc nous nous attendions à rien que des arrestations administratives, comme il se fait souvent dans des mouvements comme ça. Et ici on ne s'est pas trouvé face à des colson mais face à du gaz, des matraques et une autopompe", a expliqué Vincent Pestiaux.
On a vécu une triste histoire de la Ville de Charleroi
Pour le responsable syndicat, l'action de la police était "disproportionnée". "Ici à la FGTB Charleroi nous avons l'habitude d'organiser des manifestations, dont celle de Caterpillar qui avait réuni près de 15.000 manifestants, et on n'a jamais eu de tel problème avec la police. Il faut croire qu'avec les fascistes il y a une certaine inspiration au sein de la police de Charleroi", a accusé Vincent Pestiaux.
La police nous a indiqué qu'une bagarre avait éclaté et qu'elle avait avertit les manifestants qu'elle allait employer la force. Nous avons interrogé le représentant de la FGTB à ce sujet. "Soyons clair. Moi j'étais le responsable du piquet de 13h jusqu'au moment fatidique. Il n'y a eu aucune voie de fait sur le piquet. Nous avons fait une action pacifique et la première violence que nous avons dû noter, c'est les matraques de la police", a répondu Vincent Pestiaux.
Et concernant les six personnes accusées d'être équipées de gants pour donner des coups? "Il faut regarder les images de manière attnetive. L'ensemble des militants de la FGTB et de la CSC était clairement signalé par des vestes rouges et vertes. Aucune personne n'était clairement cagoulée et il n'y a eu aucun fait de violence dans le piquet", a réagit Vincent Pestiaux.
"La Ville de Charleroi, aujourd'hui, doit présenter ses excuses. On a quand même vécu une triste histoire de la Ville de Charleroi, avec la police qui aide les fascistes", a encore confié le secrétaire régional FGTB Charleroi & Sud-Hainaut.
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