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Touchés par le coronavirus, ils sont sortis d'affaire mais restent marqués par cette épreuve

Touchés par le coronavirus, ils sont sortis d'affaire mais restent marqués par cette épreuve
©AFP
 
CORONAVIRUS
 

Après une première vague au printemps plongeant le monde entier dans une pandémie aux conséquences inédites, la Belgique connaît depuis quelques semaines une progression constante du nombre de nouvelles infections au coronavirus. En ce lundi 26 octobre, les tests ont permis de déclarer 321.031 personnes touchées par le virus depuis le début de la pandémie. Nous relayons aujourd'hui la parole de personnes qui ont été atteintes par le virus et dont le quotidien, pour certains, est toujours bouleversé. La plupart d'entre eux espèrent par leur témoignage provoquer une prise de conscience chez ceux qui négligent encore ce virus.

Frédéric, 16 kg perdus : "Je ne savais plus porter ma fille de 10kg"

Frédéric a été parmi les premiers malades du coronavirus en mars. Fièvre, fatigue intense, toux, 16kg perdus en deux semaines : il a été très malade jusqu'à devoir aller aux soins intensifs, inquiétant fortement ses proches. "Maintenant que je vais bien, les langues se délient un peu" avoue-t-il. L'une de ses amies lui rapporte aujourd'hui ce qu'elle a entendu dans le service lors de son hospitalisation : "Lui, on attend que débrancher le bouton c'est tout, vu l'état dans lequel il est maintenant, il ne va pas s'en tirer...".

Je savais marcher que 5 ou 6 mètres

Frédéric avait l'habitude d'effectuer de grosses journées de travail, exigeantes physiquement. L'impact de la maladie a été d'autant plus marquant pour lui. "Du gars qui était debout 6 à 9 heures tous les jours et qui déplaçait 4 tonnes de marchandise tous les jours au travail, quand je suis rentré à la maison, je savais marcher que sur une pièce, 5 ou 6 mètres. Et ma fille de 14 mois qui faisait un peu plus de 10 kg, je ne savais même pas la porter".

Directement concerné par le coronavirus, il peine à comprendre le manque de rigueur de certains concernant l'application des mesures sanitaires : "Ça m'attriste avec une profondeur totale de se dire qu'on demande juste aux gens de faire attention à des petites choses depuis le début et à cause de ça, il y a des gens qui meurent autour d'eux. Moi j'ai failli y passer, où est le plaisir d'infliger ça aux autres ou de se l'infliger à soi-même ?"

Jean-Pol, éducateur sportif : "J'ai une bonne hygiène de vie, le Covid a été plus malin que moi"

Éducateur, Jean-Pol a commencé à ressentir des symptômes début octobre alors qu'il était au travail : "J'ai commencé à avoir des sueurs, j'ai eu une petite poussée de température, j'ai frôlé les 39 degrés. Et en rentrant chez moi je me suis couché dans le lit, j'étais vraiment vidé. Du lundi au vendredi, je suis resté alité, plus moyen de bouger correctement, vite essoufflé, mal à la tête".

Sidéré de voir le nombre de personne dire 'ça n'existe pas'

Pratiquant une activité sportive régulière, ce professeur de karaté se pensait à l'abri. "Le Covid a été plus malin que moi, il m'a eu, concède-t-il. Je suis sportif, je ne fume pas, j'ai une bonne hygiène de vie".

Aujourd'hui, il a un message à faire passer à tous ceux qui doutent : "J'ai été sidéré de voir le nombre de personne dire 'ça n'existe pas, c'est un fake'. Entendre ça, sincèrement c'est décourageant, énervant, frustrant, révoltant". Jean-Pol n'a pas encore pu reprendre le travail, 20 jours après les premiers symptômes, il n'a toujours pas complètement récupéré.

Grace a vu le virus de près : "Je n'ai pas retrouvé mon mari d'avant"

Grace a vu le coronavirus de très près, d'abord par son métier d'aide soignante et surtout à travers son mari contaminé alors qu'elle était enceinte. Six mois plus tard, elle n'a toujours pas retrouvé le même homme. "J'ai pas retrouvé mon mari d'avant dans les choses de la vie quotidienne, s'inquiète-t-elle. Déjà, il est vite fatigué. Il suffit juste de porter deux packs d'eau, il doit rester pendant deux heures pour essayer de récupérer". 

On se dit 'ça n'arrive qu'aux autres'. À un moment donné, les autres, ce sera vous

Le coronavirus a aussi des conséquences au-delà de la condition physique. "Maintenant, il commence un peu à récupérer côté mémoire à court terme, parce qu'il oubliait tout, témoigne Grace. Il n'a pas encore repris le travail. Il fait de la kiné post-covid pour essayer de lui donner un peu de force".

Elle aussi est consternée par le manque de considération qu'elle peut voir au quotidien : "Aujourd'hui, quand je vois sur Facebook et quand je vois comment les gens réagissent, ils ne mettent même pas leur masque comme il faut, je me dis que ce n'est pas possible. Parfois on se dit 'ça n'arrive qu'aux autres', à un moment donné, les autres, ce sera vous".

Maylis, 19 ans, a vu son père dans le coma pendant un mois et demi : "Ça a été la pire aventure de toute ma vie"

Maylis, 19 ans, a aussi été frappée par le coronavirus à travers un proche. Son papa de 52 ans a été infecté en mars. Sa situation a très rapidement empirée jusqu'à le mener aux soins intensifs. Embolie pulmonaire, pneumothorax : les complications s'enchaînent. Après plusieurs mois de combat il est sorti d'affaire mais sa famille a eu très peur.

Dès qu'on appelait, on ne savait pas ce qu'on allait nous annoncer, on s'attendait au pire

Maylis a vécu cette période "toujours avec la boule au ventre". "Dès qu'on appelait, on ne savait pas ce qu'on allait nous annoncer, on s'attendait au pire", se souvient-elle. "Ça a duré un mois et demi dans le coma, et un mois en revalidation". La jeune femme sait que l'issue aurait pu être pire : "On a gardé espoir jusqu'au bout, on a eu de la chance". Son père a pu rentrer dans de bonnes conditions mais l'épreuve a été marquante pour elle : "Je pense que ça a été la pire aventure de toute ma vie".

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