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Le plan de déconfinement en Belgique a été présenté vendredi soir. Du côté des écoles, ce n'est qu'à partir du 18 mai que la reprise pourra être progressive, par petits groupes de maximum 10 élèves. Des mesures devront être mises en place, notamment en termes de distances: 4 mètres carrés par élève et 8 mètres carrés pour l'enseignant.
Caroline Désir (PS), la ministre de l'Education en Fédération Wallonie-Bruxelles, était l'invitée du RTL INFO 19H ce samedi pour répondre aux nombreuses questions qui se posent sur la reprise dans les écoles. Nous lui avons également présenté une question de parents d'élèves.
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Antoine Schuurwegen: Cette distance, ces mètres carrés entre les élèves, pourra-t-on appliquer cette mesure dans toutes les écoles?
Caroline Désir: Evidemment c'est le but. Ce sont les recommandations des experts et nous veillerons à ce que ces mesures soient respectées. C'est la condition pour permettre une reprise. Si les conditions de sécurité et d'hygiène ne sont pas garanties, que ce soit pour les membres du personnel ou les élèves, on ne peut pas imaginer une reprise le 18 mai.
Antoine Schuurwegen: Les élèves de 6ème primaire et de rhéto rentrent le 18 mai. Le 25 mai ce sera au tour des élèves de 1ère primaire, peut-être ceux de 2ème primaire et de 2ème secondaire. Qu'en est-il de tous les autres?
Caroline Désir: D'abord j'insiste sur le fait que cette étape du 25 mai ne sera possible qu'après évaluation. Nous avons voulu un plan très progressif car nous devons pouvoir maîtriser la situation, faire respecter la distanciation sociale, et s'assurer que tout s'organise bien. Il y a les classes qui vont rentrer à l'école, mais il y a aussi l'organisation des garderies. On doit continuer à accueillir les enfants du personnel soignant, mais aussi certains enfants d'autres parents qui n'auront pas d'autres solutions. D'où cette progressivité. Nous reverrons les partenaires de l'école, les fédérations de pouvoirs organisateurs, les syndicats, les fédérations d'associations de parents quelques jours après le 18 mai. Pour voir comment ça s'est passé avec les 6ème primaire et les 6ème et 7ème secondaire. On aura alors un retour du terrain, et seulement alors nous verrons si c'est possible d'ouvrir à d'autres années.
Antoine Schuurwegen: On a bien compris que les élèves allaient être répartis en petits groupes. Comment les enseignants vont-ils s'organiser ? Les professeurs vont-ils courir de groupe en groupe ou un prof de 4ème secondaire se retrouvera-t-il peut être à donner cours en rhéto ou en première?
Caroline Désir: C'est pour ça qu'on a besoin de trois semaines maintenant et qu'on a voulu travailler très vite pour donner des directives précises aux écoles. Parce que ça nécessite une fameuse organisation. Il y a beaucoup de questions qui se posent. Pour les primaires c'est un petit peu plus facile, puisque chaque classe a un titulaire. Et même si la classe est divisée en deux ou en trois, on va pouvoir compter sans doute sur les enseignants des 4ème et 5ème primaire pour donner un coup de main. Dans le secondaire c'est un peu différent puisqu'il y a davantage d'enseignants qui ont eux-mêmes davantage de classes. On doit essayer de respecter la logique des silos (ndlr: essayer de garder les mêmes personnes dans les mêmes groupes). Donc ça ne sera pas l'école tout à fait comme on l'a quittée. Il faut être clair. On va se concentrer sur certaines matières prioritaires pour la fin de l'année.
Antoine Schuurwegen: Beaucoup de questions arrivent sur notre site et notre application RTL INFO via le bouton orange Alertez-nous. Il y a notamment celle de Ludivine. Elle se demande, et elle n'est pas la seule, si elle sera obligée de remettre son enfant à l'école.
Caroline Désir: C'est une question très importante qui m'est beaucoup posée. Beaucoup de parents ont peur, beaucoup d'élèves ont peur aussi. Et je pense qu'on doit pouvoir entendre cette peur. Ça fait quasiment deux mois qu'on dit à ces personnes: 'Restez chez vous, protégez-vous et évitez d'avoir des contacts'. Et tout d'un coup on leur demande de faire confiance au système. D'abord, je voudrais les rassurer sur les conditions d'organisation. Je le redis, on n'ouvrira pas si tout n'est pas respecté. C'est-à-dire si on ne peut pas respecter la distanciation sociale, si on n'a pas de masque en tissu, etc. Ensuite, bien sûr chacun a ses raisons d'avoir peur. Certains ont peur parce que leur enfant a par exemple une santé fragile. Certains vivent avec leurs parents qui sont des personnes plus âgée, etc. On doit entendre ces peurs et les respecter. Obliger dans ces circonstances des parents qui ne sont pas prêts, je pense que ça serait contre-productif. Donc nous n'allons pas sanctionner des absences injustifiées. Par contre, nous garderons contact avec les familles. Parce qu'on doit comprendre pourquoi certains parents refuseraient de mettre leurs enfants à l'école. Et surtout s'assurer que leurs enfants ne soient pas préjudiciés dans leur scolarité et qu'ils ont bien les apprentissages à distance.
Antoine Schuurwegen: Justement, une dernière question à propos des évaluations. Les examens ne seront pas organisés, comment les élèves seront-ils évalués ? Est-ce que des élèves pourraient rater leur année?
Caroline Désir: C'est une question qu'on a déjà tranché depuis quelques jours et semaines. Pas d'épreuve certificative. Pas d'examen. On va faire confiance aux conseils de classe. Ça ne va pas être facile, parce que sans doute que certaines classes ne rentreront plus du tout à l'école, et donc vont devoir continuer à travailler à distance. Les conseils de classe vont parfois devoir juger la situation d'un élève qui s'est arrêté un peu artificiellement au 13 mars. Certains élèves présentaient des difficultés. Donc on va devoir faire confiance aux conseils de classe. On a mis quelques balises ce matin lors de notre réunion avec les acteurs pour guider l'avis des conseils de classe. C'est leur dire que la règle doit être la réussite. On doit être bienveillant. C'est une année particulièrement bizarre, exceptionnelle. Et si vraiment il devait y avoir un échec, il devrait être discuté avec les parents, avec l'élève, et voir comment il doit être accompagné. Et une réussite peut aussi être conditionnée, par exemple à de la remédiation l'année prochaine ou à des travaux de vacances. On va vraiment essayer d'envisager tout ça avec bienveillance.