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Nous avons rencontré Daphné, une jeune bruxelloise de 26 ans. "Je le prends en cas de force majeure avec des amies s'il n'y a vraiment pas d'autre solution, mais plus jamais toute seule", confie-t-elle.
Son regard était vraiment très très sale
La jeune femme a vécu une expérience bouleversante lors de son dernier trajet en Uber, en juin dernier. "Le chauffeur répond à un appel téléphonique en haut-parleur, le monsieur lui demande s'il conduit un homme ou une femme. Le chauffeur est gêné, fait semblant de ne pas avoir entendu. Son ami lui répète la question, mais cette fois en utilisant des lettres. Il dit: 'Est-ce que c'est un H ou une F', les initiales. Et le chauffeur répond: 'C'est une S'. Moi j'ai pensé à salope tout de suite", explique Daphné.
Seule dans la voiture avec le chauffeur et son langage codé, Daphné se sent en danger. "Moi je n'étais vraiment pas tranquille. Il m'a déposée à bon port, donc j'étais rassurée. Mais juste avant de sortir, il s'est retourné. Il m'a regardée de haut en bas. J'avais des collants. Son regard était vraiment très très sale", précise notre témoin.
Les témoignages se multiplient sur internet
Le cas de Daphné n’est pas isolé et le phénomène dépasse les frontières. Aux Etats-Unis, 235 viols ont été commis durant un trajet Uber en 2018.
Sur les réseaux sociaux, les témoignages affluent sous le hashtag #Ubercestover (Uber c'est over), initié par une influenceuse féministe en France. "Des victimes m'ont écrit pour dire: 'Voilà, grâce à ça les choses ont bougé. La police a reçu ma plainte'. Quoi qu'il advienne dans cette lutte contre Uber, il y a déjà la satisfaction de savoir que certains cas particuliers vont être réglés et que les victimes sont soulagées", expliquait l'influenceuse Anna Toumazoff.
Aucune agression sexuelle recensée chez les taxis bruxellois
En Belgique, aucune donnée officielle n’a été communiquée concernant les agressions sexuelles de chauffeurs Uber.
Du côté des taxis, Bruxelles Mobilité indique qu'aucune agression sexuelle n’a été recensée durant ces deux dernières années dans la capitale. Un constat qui s’expliquerait par une stricte sélection à l’embauche. "Il faut d'abord présenter un casier judiciaire vierge, ce qui n'est pas le cas de l'autre côté. Il faut passer des formations. Si on relève la moindre agressivité, la moindre déviance chez vous ou qu'on en a juste la suspicion, parfois ça suffit à vous écarter de cette profession", explique Sam Bouchal, porte-parole de la fédération belge des taxis.
Malgré les plaintes de Daphné adressées à la plateforme Uber, le chauffeur en cause était toujours en service et positivement noté il y a de cela encore quelques semaines.