Alors qu'une grosse centaine d'enseignants ont manifesté mercredi après-midi à Bruxelles, la ministre francophone de l'Education, Marie-Martine Schyns (cdH), s'est entretenue avec leurs représentants pendant près d'une heure et demie. Sans parvenir à les rassurer. "On crée un cours pour expliquer aux enfants ce qu'est la démocratie, et on se trouve face à une ministre qui nous dit qu'elle n'a pas le pouvoir. C'est une parodie!", a raconté l'une des membres de la délégation.
Mercredi de 15h00 à 16h30, une centaine d'enseignants ont manifesté devant le siège du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, place Surlet de Chokier à Bruxelles. A l'initiative du Corme, le Collectif des professeurs de religions, de morale et de philosophie et citoyenneté, rejoint par le Collectif des professeurs de morale (CPM) ainsi que la toute récente ASBL 1pact, ils ont dénoncé des "réformes chaotiques et non concertées", déconnectées des réalités du terrain.
Dans leur viseur notamment: l'obligation de suivre, en dehors des heures de travail, des formations pour pouvoir donner le cours de philosophie et citoyenneté (EPC) dans le secondaire, et ce alors qu'aucune formation n'est prévue pour les professeurs de l'enseignement libre convictionnel, où l'éducation à la philosophie et la citoyenneté doit se faire de manière transversale. Dès 16h00, la ministre Schyns a reçu en personne une délégation de manifestants.
"Elle s'est engagée à défendre en intercabinets notre proposition d'organiser les formations au maximum pendant nos journées de formation continuée plutôt que sur notre temps libre. Pour le reste, elle n'a fait que répéter ce qu'elle a déjà dit. Le dialogue continue mais il ne sert à rien", a rapporté Christophe Bodart, porte-parole à la fois du CPM et de l'association 1pact.
L'EPC, déjà dispensé en primaire, doit faire son apparition dans tout l'enseignement officiel secondaire dès la prochaine rentrée scolaire. "On a proposé de le postposer tant qu'on n'a pas réglé les problèmes qui se posent dans le primaire, mais c'est non. On nous demande donc de faire un choix de carrière entre l'EPC, les cours de religion et de morale alors qu'on n'a pas toutes les cartes en main, puisque les décrets n'ont pas encore été votés. On sait qu'il y aura des dispenses pour les formations, mais celles-ci ne seront accordées qu'au moment de l'inscription à ces formations", déplore Fabrice Ligny, l'un des fondateurs du Corme.
"On ajoute une charge à des professeurs déjà surchargés. Avec la réduction des heures de morale ou de religion, on voit beaucoup plus d'élèves dans la semaine. Pendant des années, on a adapté nos cours pour deux périodes de 50 minutes et on se retrouve avec une seule période. Mais le programme est le même", rappelle Hafida Hammouti, de la Coordination des enseignants de religion islamique, qui faisait elle aussi partie de la délégation.
"On crée un cours pour expliquer aux enfants ce qu'est la démocratie, et on se trouve face à une ministre qui nous dit qu'elle n'a pas le pouvoir. C'est une parodie!", ajoute-t-elle, alors que les participants à la réunion reprochent à la ministre de se cacher derrière ses partenaires de gouvernement et l'ARES, la fédération des établissements de l'enseignement supérieur.
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