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Après sept ans d'absence, le surdoué Woodkid revient avec "Goliath", morceau-uppercut au clip prophétique, réalisé avant la pandémie, entre protagonistes masqués, tension post-apocalyptique et humanité face à l'inconnu.
Des ouvriers, protections sur le nez et la bouche
La première séquence de cette vidéo d'un peu plus de 4 minutes montre des ouvriers, protections sur le nez et la bouche, dans un décor d'exploitation minière européenne à ciel ouvert, aux couleurs de fin du monde.
Tournées il y a près d'un an par Woodkid lui même - Français au multiples talents qui a réalisé des vidéos pour Lana Del Rey, entre autres - les images renvoient à l'ambiance anxiogène de la crise sanitaire actuelle.
"Je suis sensible à l'idée d'une forme de toxicité dans l'air"
"Oui, on a passé beaucoup de temps en Asie, au Japon - c'est quelque chose que je n'ai pas encore dit, mais il y a des choeurs japonais sur l'album qui sortira cette année - et je suis sensible à l'idée d'une forme de toxicité dans l'air, idée qui ne date pas d'aujourd'hui. La catastrophe de Fukushima, l'idée d'un ennemi invisible, me font réfléchir", confie à l'AFP Woodkid, remarqué il y a 7 ans avec "The Golden Age" (800.000 albums vendus, 200 concerts dans le monde).
"J'ai toujours été fasciné par la terre, le sol, la matière du globe"
Les percussions martiales du titre épousent les soubresauts de fragments de charbon arrachés à la terre pendant que le héros de ce mini-film déambule, hagard, jusqu'à la fin de la chaîne d'exploitation où il tombe sur un monstre minéral XXL. Un écran noir ponctue le clip.
Parabole d'une société qui n'aurait pas respecté l'environnement et en paie le prix? "Ca n'a rien de visionnaire, tempère Woodkid. Je ne me permettrais pas de conclusion hâtive ni de dire que ce qui arrive (la pandémie) est un message de la planète. J'ai toujours été fasciné par la terre, le sol, la matière du globe, la corrosion humaine frappant notre propre berceau".
Mais comme d'habitude chez ce fan de David Bowie, les couches de lecture sont multiples. Les paroles - en anglais - "comment as-tu pu être aussi aveugle?", comme l'apparition de la créature fantastique, renvoient autant à l'intime qu'à l'universel.
"Caché derrière un avatar digital"
Ce que confirme l'artiste - caché derrière un avatar digital savamment étudié sur ses réseaux sociaux - qui préserve toujours une part "de mystère", dans le souci "de ne jamais fermer l'interprétation" de chacun.
Les images de "Goliath" reflètent "l'échelle de l'humain par rapport à ce qu'il créé" et les couplets évoquent une "relation amoureuse", avec un fil conducteur commun, la "création d'un monstre".
"Hommage à la classe ouvrière"
Antoine Dabrowski, directeur d'antenne de Tsugi Radio, webradio du magazine éponyme, voit aussi dans le clip "une dimension politique", un "hommage à la classe ouvrière" qui travaille dans des conditions difficiles "comme les soignants qu'on applaudit tous les soirs à 20h00", dit-il à l'AFP.
Ce single porte en tout cas "la patte" Woodkid, développe encore Antoine Dabrowski: "On n'avait plus de nouvelle, on l'avait presque oublié, et là, au bout de dix secondes, il y a ce côté épique, ces montées de cordes. Woodkid fut décrié pour son chant-non chant, puis copié, et là, le patron est de retour".
Les fans conquis
Les fans attendent la suite avec impatience. Woodkid aussi, qui promet "un retour encore plus véhément sur scène" une fois le confinement oublié.
Avec plus de 860.000 vues en moins d'une semaine, le clip ravit les fans. "Cet homme ne nous déçoit jamais", écrit Akram. "Cette claque intersidérale!", écrit un autre fan sur YouTube. "Tout est parfait... la réalisation, la musique, les nombreux messages et parallèle. J'ai du mal a compter le nombre de plans qui m'ont arraché la rétine tellement il y en a. Une symbiose absolue de l'image et du son qui conduit à l'orgasme artistique."