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Comment fonctionne le tri des déchets en Wallonie?

Dans la grande majorité des cas, tous les déchets produits en Belgique sont valorisés au mieux. A Gerpinnes par exemple, jusqu'à 4 camions différents passent en une matinée pour 4 types de déchets différents. Un tri poussé au maximum qui profite à notre planète et fait de la Belgique le n°1 européen du recyclage. Découvrez dans cet article ce que deviennent tous vos déchets triés.

"Il y a encore beaucoup de citoyens qui sont persuadés que leurs efforts de tri sont vains", déplorait Françoise Lardenoey, la cheffe du service Communication et Prévention de l’ICDI, l’Intercommunale de collecte et de valorisation des déchets ménagers de la région de Charleroi, dans notre article dénonçant un restaurateur de Gerpinnes qui triait mal ses déchets. Car malgré de rares exceptions, l'idée que tous nos déchets sont au final mélangés et que le tri ne sert qu’à percevoir plus de taxes est fausse. C’est un mythe. D’ailleurs, les statistiques européennes le prouvent : la Belgique et n°1 en Europe du recyclage des déchets ménagers avec un taux de 87,4%. S’il y a donc un domaine dans lequel on est un modèle pour le reste du monde, c’est bien celui-là.

Comment en arrive-t-on à un tel résultat ? En s’organisant. Il y a 7 intercommunales de gestion des déchets en Wallonie: BEP pour la province de Namur, IBW pour le Brabant wallon, AIVE pour la province de Luxembourg, INTRADEL pour la région liégeoise, IPALLE pour le Hainaut occidental, HYGEA pour la région de Mons-Borinage-Centre, et enfin l’ICDI pour la région de Charleroi. A Bruxelles, c’est Bruxelles-Propreté. L’ICDI gère les déchets ménagers de 422.000 habitants répartis sur 14 communes situées autour de Charleroi. Leurs camions tournent chaque matin, tous les jours de la semaine, toutes les semaines.

Voici comment se répartit le tri


1. Les PMC deviennent des voitures ou des vêtements



Il y a premièrement, comme partout en Belgique, les sacs bleus pour le PMC (bouteilles et flacons en Plastique, emballages Métalliques et Cartons à boissons) : "Les camions de PMC ne récoltent que ces sacs-là. Ils sont acheminés au centre de tri Valtris, situé à Couillet", explique Mme Lardenoey. Il récolte les PMC de l’ICDI, de l’IBW et du BEP. Dans cette usine, tout est trié par des machines, aidées par de hommes qui retirent les déchets qui n’auraient pas dû aboutir dans les PMC et qui repartent à l’incinérateur. Elles peuvent alors séparer le métal du reste grâce à un puissant aimant, et enlever les différents plastiques par un tri optique. Le tout est compacté en ballots qui seront revendus à des entreprises de recyclage. Le métal devient des voitures, le plastique des vêtements.


2. Les papiers/cartons redeviennent papiers ou cartons

Il y a ensuite, comme ailleurs aussi, la collecte des papiers et cartons (non souillés par de la nourriture ou avec du plastique incorporé, c’est important). "Il y a aussi un camion qui ne récolte que ça. Ils sont ensuite envoyés chez un repreneur qui en assure le recyclage", explique encore la responsable communication de l’ICDI.


3. Le verre... redevient du verre



Troisième type de déchets triés dans la région : le verre. "Nous sommes la seule intercommunale à récolter le verre en porte-à-porte et non via des bulles à verre. Ce sont aussi des camions spécifiques, les "collecto-glass" comme on les appelle, qui s’en chargent. Le verre récolté est envoyé à la Minérale, à Lodelinsart". Le verre blanc et coloré, qui se recycle à 100% et à l’infini, y est lavé et transformé en gravier de verre. Cette matière est ensuite revendue à un verrier qui va en refaire des bouteilles.


4. Le reste devient de l'énergie électrique, du gaz, du compost ou se retrouve dans nos routes

Enfin, dans les 7 communes les plus densément peuplées gérées par l’ICDI, il y a les sacs blancs. On y met tout le reste : déchets organiques comme déchets non valorisables. Un quatrième type de camion se charge de ce ramassage.

Mais dans les 7 autres communes, plus rurales (dont Gerpinnes) les déchets restants y sont répartis en 2 conteneurs à puce : les gris et les verts. Dans les gris sont placés tous les emballages et déchets non organiques qui ne sont ni PMC, ni papiers, ni cartons, ni verres. "Il s’agit des déchets résiduels. Ils sont traités à l’Unité de Valorisation Energétique (UVE) de Pont-de-Loup, l’incinérateur de l’ICDI. Cette usine produit de l’électricité pour 6.000 ménages", explique encore Mme Lardenoey.



De plus, tout ce qui n’a pas brûlé, les mâchefers, sont récupérés pour être incorporés aux revêtements routiers. Et enfin, dans les conteneurs à puce verts sont placés les déchets organiques. "L’organique est envoyé en bio-méthanisation à l’entreprise SITA, qui en retire du gaz et du compost industriel pour l’agriculture."


Un seul camion ne veut pas forcément dire qu'on mélange tout

Et si les conteneurs gris et verts sont récoltés par le même camion en même temps, il ne faut pas croire qu’on mélange tout. "Ce sont des camions spécifiques qui sont bi-compartimentés. Ils soulèvent les conteneurs avec des bras et déversent d’un côté les déchets organiques, de l’autre les déchets résiduels. Ils sont complètement informatisés avec détection de la puce qui contient les coordonnées géographiques du conteneur et les données de pesage pour nous permettre d’établir la facturation pour le ménage."



Quatre camions différents passent sur la même matinée

Si vous avez bien compté, cela fait toujours 4 camions différents qui passent récolter 4 types de déchets différents. Une fois par mois, l’ICDI procède à "la totale", comme ils l’appellent. Tout est ramassé le même jour. A Gerpinnes, par exemple, c’est chaque 1er mardi du mois. On assiste alors à un "ballet de camions, qui passent les uns après les autres, avec une constante : le verre en premier. Comme il est souvent déposé dans une caisse en carton, les travailleurs vont remettre cette caisse avec les cartons pour le camion qui se charge de ça. L’ordre des autres n’a pas d’importance."


Les sacs bleus parfois déplacés par d'autres camions

Mais comme ce sont les sacs bleus les plus volumineux, il arrive que certains rendent service à leurs collègues. "Le premier camion qui entre dans une impasse ou une rue étroite y récupère tous les sacs bleus. Ils sont déposés sur le dessus de la benne, sans être compactés, puis redéposés et rassemblés au début de la rue. On a déjà eu des citoyens qui nous dénonçaient ça sur Facebook…", note Mme Lardenoey.


Camions géolocalisés et sanctions en cas de mélange

Et si jamais des travailleurs ne faisaient pas correctement leur job et mélangeaient tout, l’ICDI aurait les moyens de les retrouver. "Mais ce comportement ne se produit normalement pas car tous nos camions sont géolocalisés. Si un citoyen nous dénonce un fait, on sait voir s’il y avait effectivement une équipe sur place à ce moment-là. Et si le fait est avéré, on sanctionne l’équipe", assure la responsable communication… qui est aussi responsable de la prévention.

Son but: que tout fonctionne le mieux possible. C’est pour cela que l’ICDI publie les dates de ramassage des déchets que tout citoyen peut retrouver sur leur site internet. Mieux encore, ils disposent d’une application pour smartphone qui vous envoie une notification avant chaque jour de ramassage, histoire de ne plus jamais l’oublier.

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