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"Que tous les accompagnateurs de train du pays soient formés aux gestes qui sauvent", suggère cette jeune Liégeoise. Elle a eu cette idée après avoir été la seule, du haut de ses 18 ans, à pouvoir aider une autre passagère qui faisait un malaise dans le train qu'elle empruntait.
Un soir de février, Elisa rentre en train à Gouvy dans la province de Luxembourg. Soudain, le convoi s'arrête. "Là, une annonce est faite par les haut-parleurs, se souvient Elisa, après nous avoir joints via notre bouton orange Alertez-nous. On demande un secouriste ou quelqu'un qui a des connaissances médicales dans le wagon 2. Comme j'ai mon diplôme de premiers secours, j'ai pensé que je pouvais peut-être être utile". La jeune fille se rend alors dans le wagon mentionné: une dame y est dans un état jugé second.
Elisa: "Cinq accompagnateurs de train et aucun capable d'aider"
Lorsqu'Elisa arrive, elle s'étonne de la situation. "Il y avait cinq responsables devant moi, raconte la jeune fille. Ils m'ont dit 'On vous laisse la charge car on n'a aucune base de secourisme'". Elisa prend alors soin de la dame, qui semblait "absente". "Je n'ai pas fait grand-chose, estime la rhétoricienne. Je l'ai couchée par terre, en lui expliquant qu'on la mettait en position bilatérale de sécurité. Puis, elle a repris ses esprits, alors on l'a assise et on lui a parlé jusqu'à l'arrivée des secours, une demi-heure plus tard".
Les agents de sécurité de la SNCB sont formés, mais pas les accompagnateurs de train
Ces personnes étaient-elles des agents Securail ou des accompagnateurs de train? La jeune fille n'est pas certaine. "Il m'a semblé que c'était des accompagnateurs de train, décrit-elle. En tout cas, je me suis dit 'C'est bizarre, cinq contrôleurs sur place, et aucun d'entre eux formés pour gérer ce genre de situation'". "Effectivement, la formation pour accompagnateurs de train ne comprend pas de module "premiers soins", confirme Thierry Ney, porte-parole de la SNCB. Certains accompagnateurs sont secouristes, mais alors, ils ont suivi la formation dans le cadre d'une autre mission à la SNCB ou à titre privé. En revanche, les 600 agents Securail sont, eux, formés aux premiers soins".
Elisa souhaite que tous les accompagnateurs de train soient formés
"Et si jamais on connait un accident sur cette zone-là?, questionne Elisa. De Liège à Gouvy, il n'y a parois pas de réseau, alors comment fait-on? Je propose au gouvernement qu'ils forment tous les accompagnateurs de train aux gestes qui sauvent. Ce sont eux qui sont présents en attendant l'arrivée des secours".
Thierry Ney, porte-parole de la SNCB, confirme que l'accompagnateur de train est la personne de référence. "En fonction du type de problème, l'accompagnateur va appeler les pompiers, le smur, le service de déminage, la police ou les agents Securail, cite Thierry Ney. En plus de cela, l'accompagnateur peut faire un appel via le système d'interphonie pour appeler quelqu'un qui a une compétence médicale renforcée".
La SNCB compte un peu moins de 2.700 accompagnateurs de train. D'après le porte-parole, l'idée de les former aux premiers soins est dans l'air, mais pas concrétisée. Pourtant, l'efficacité de ces formations n'est plus à prouver. Pas plus tard que mi-février,
Elisa voudrait même que tous les rhétoriciens soient formés: "Ma mutuelle a remboursé le montant payé"
Pour la jeune fille, inclure cette formation dans le cursus que suivent les accompagnateurs serait la moindre des choses. Elisa va d'ailleurs plus loin. "Je pense que tous les rhétoriciens de Belgique devraient être formés, considère-t-elle. Ce serait un vrai 'plus' pour notre société, pour l'avenir, pour tous ceux qui vont sortir de l'école, qui vont s'engager dans la vie et dans un travail".
Pour justifier son idée, Elisa rappelle que la formation se passe assez vite. "J'ai au quinze heures de cours sans examen, soit cinq soirées de trois heures, explique la jeune fille. J'ai payé environ 30€ et la mutuelle me les a remboursés, donc ça ne m'a rien coûté. Ensuite, j'ai fait une autre formation de 70€ étalée sur douze soirs, là encore, j'ai été remboursée". Elle ne voit donc aucun obstacle à cette formation pour la société tout entière.
L'idée d'Elisa séduit Jonathan qui a organisé une formation collective en deux semaines à Bruxelles
L'idée d'Elisa séduit complètement Jonathan, un citoyen de 30 ans, étonné que les gouvernements ne mettent pas en place de vastes formations premiers secours dont pourrait bénéficier toute la population. "Je suis 100% d'accord avec cette jeune fille, explique celui qui vient d'organiser une formation collective aux gestes qui sauvent à Bruxelles en à peine... deux semaines! J'ai contacté l'hôpital Saint-Pierre et l'asbl
Ci-dessus, les cinq instructeurs bénévoles.
Sur place, chacun a pu apprendre cinq gestes qui sauvent: "Les instructeurs se sont focalisés sur la position latérale de sécurité, les bons gestes à avoir en cas de brûlures, ceux à avoir en cas de plaie (compression et garrot) et la réanimation d'une personne".
Le prix était libre, et les instructeurs ont été défrayés grâce à cette cagnotte et une participation de l'asbl Minipop. "C'était complet, tout le monde est venu. Comme Elisa, je crois que tous les citoyens belges devraient connaître ces simples gestes", estime le jeune homme.
Ci-dessus, les élèves et les formateurs bénévoles.
La Croix-Rouge forme des enseignants qui eux-mêmes forment des élèves
Voici deux ans, la Croix-Rouge, grâce au soutien de la compagnie d'assurances AG Insurance, a débuté la campagne “Enseignants, grâce à vous sauvons des vies” ! Chaque année, la campagne offre à 200 enseignants (Flandre, Wallonie et Bruxelles) une formation gratuite aux premiers secours (obtention du Beps- brevet européen de premiers secours) et une formation pédagogique pour enseigner à leur tour les premiers secours à leurs élèves.
Par année, cela signifie donc que 200 enseignants formés vont, chacun, former plusieurs classes aux premiers secours (Beps). Au fil du temps, les nouveaux enseignants formés s’ajouteront à ceux déjà formés pour arriver au terme de 5 ans (côté francophone) à 45.000 élèves formés aux premiers secours, soit 20% de la population scolaire francophone !