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La crise sanitaire ne leur permet pas de donner leurs concerts habituels dans les écoles. Mais qu'à cela ne tienne, Olivia Auclair et Nicholas Yates s'adaptent pour proposer une formule plus courte et plus rudimentaire des Babeluttes, leur groupe de musique pour le jeune public. "Nous passons de classe en classe avec une guitare acoustique et une grosse caisse. L’installation est simple et quasi immédiate. Nous puisons dans nos différents contes pour offrir un cocktail de bonne humeur", écrit Olivia Auclair via le bouton orange Alertez-nous.
Au départ, Olivia refusait de chanter
Olivia Auclair et Nicholas Yates ont formé Les Babeluttes en 2013. Un projet qui, quelques années auparavant, aurait semblé tout à fait improbable. En effet, Olivia n'envisageait absolument pas de devenir chanteuse. Lorsqu'elle poursuivait des études de comédienne à l'École internationale de théâtre Lassaad, à Saint Gilles, elle refusait d'ailleurs catégoriquement de monter sur scène pour chanter. "Et puis j'ai suivi des cours de chant pour avoir une corde de plus à mon arc, raconte-t-elle. La vie m'a menée dans des endroits que je n'imaginais pas mais j'avais toujours l'envie, dans une partie de mon cœur, de travailler avec les enfants".
Après une "overdose" de guitare, Nicholas s'est mis à la contrebasse
Quant à Nicholas, sa passion pour la musique a commencé à l'adolescence par la pratique de la guitare. Après l'école secondaire, il a suivi un an de cours au "jazzstudio" d'Anvers. Il a ensuite commencé des études de lettres à l'université tout en continuant d'étudier la guitare jazz au Conservatoire royal de Bruxelles. Après "une espèce d'overdose de guitare", Nicholas a travaillé quelques années dans la recherche en linguistique. Vers l'âge de 30 ans, il est finalement devenu musicien professionnel, en tant que contrebassiste, instrument auquel il s'est formé en autodidacte.
Les Babeluttes, un nouveau défi pour deux artistes accomplis
Au début des années 2000, Olivia Auclair a commencé dans la chanson francophone en s'adressant à un public adulte. Francis Cabrel l'a repérée lors d'un stage qu'elle est venue suivre à Astaffort, le village du chanteur. Elle est partie en tournée avec lui pendant trois ans, jusque 2013. En solo, elle a sorti l'album "Pas ce soir chéri". "Un album coquin et souriant pour titiller les mecs et chatouiller les filles", dit-elle. En parallèle, elle a monté Les Babeluttes avec Nicholas.
Nicholas jouait déjà dans des groupes de musique pour le jeune public, mais aussi dans des ensembles de jazz, des groupes de rock, de pop. Les Babeluttes était pour lui l'occasion de relever un nouveau défi : jouer tous les instruments. Batterie, basse, guitare... Nicholas enregistre des boucles de musique et superpose en direct, via un système informatique, les couches sonores jusqu'à arriver à un ensemble complet. "Ça m'a mis beaucoup de temps pour comprendre quelle était la manière optimale de faire les choses", raconte-t-il. Sur le plan instrumental, cette approche relevait également de la gageure : "Parce qu'il faut arriver très vite à se mettre dedans et à jouer la petite séquence impeccablement", explique-t-il.
Des "mini-concerts" conçus pour cette période de crise
Les Babeluttes a plusieurs contes à son répertoire. Il y a par exemple "T'en fais une tête" pour les enfants de 3 à 7 ans. "Le message c'est qu'il vaut mieux rigoler que faire la tronche", résume Olivia. Et d'ajouter en riant : "On se rend compte que c'est un message qui peut concerner les grands aussi, surtout en ce moment !" Un autre conte s'appelle "Buzz, un amour de bourdon", une histoire sur la conquête amoureuse. Et pour les plus grands, "Madame Jeannotte", une forme d'hommage "aux chouettes profs qui font du bien", dit Olivia.
En 8 ans, Les Babeluttes s'est produit sur de nombreuses scènes, dans les festivals, les centres culturels et salles diverses... "On a déjà joué beaucoup dans les écoles", ajoute Olivia. Mais depuis le début de la crise du coronavirus, le secteur culturel étant à l'arrêt, les activités artistiques d'Olivia et Nicholas sont très réduites. "Il y a un tout petit peu d'activités dans les concerts scolaires parce que c'est encore autorisé chez les primaires, mais avec des conditions un peu plus strictes. Puis il y a des petits concerts en streaming occasionnellement ou des créations pour des pièces de théâtre", raconte Nicholas.
Aujourd'hui, Les Babeluttes ne propose plus de jouer ses contes dans leur intégralité dans les écoles, mais une sélection de chansons adaptées en fonction de l'âge des enfants. Le groupe offre deux solutions : soit ils passent de classe en classe pour donner des "mini-concerts" sans amplification. "On a déjà fait comme ça 7 concerts en un après-midi, donc c'est vraiment le jogging. On arrive masqués, on enlève le masque, on chante, on remet le masque et on va frapper à la porte suivante", raconte Olivia. Soit ils donnent un concert par niveau scolaire dans une salle commune. Les groupes d'élèves se relaient alors les uns après les autres et la salle est aérée entre chaque groupe.
Les enfants invités à participer au spectacle
Pendant leurs concerts, Olivia et Nicholas interagissent fréquemment avec les enfants. Elle donne pour exemple une chanson intitulée "le bon côté des choses": "On fait beaucoup intervenir les petits par rapport à ce thème de rire ou de bouder. On rentre dans un magasin de bouderies, dans lequel on trouve des gens avec les bras croisés (...) et puis on voit qu'il vaut mieux aller dans le magasin de rigolades où il y a des bras en l'air, des gens qui font des claquettes", raconte Olivia. "Chanter, rire, jouer, participer et partager de la bonne humeur : les enfants en ont plus que besoin", poursuit-elle.
Le contact avec les enfants est l'un des aspects qui plait le plus à Olivia. "J'adore ça, je trouve qu'ils sont cash, qu'avec eux ça ne triche pas. S'ils aiment, ils aiment, s'ils n'aiment pas, ils nous le disent". Et heureusement, les retours sont positifs : "Ça donne envie de continuer", confie Olivia.
En parallèle, Olivia et Nicholas sont investis dans d'autres projets
Nicholas, 47 ans, joue dans diverses formations pour adultes, dans des genres très variés, du jazz au rock. Ce Forestois joue aussi dans deux autres groupes qui s'adressent au jeune public, le Ba Ya Trio et Gribou jazz.
Récemment, Olivia a créé un solo théâtral intitulé "De l'autre côté" qu'elle a hâte de pouvoir rejouer sur scène, la crise du coronavirus ayant coupé court aux représentations. Il s'agit d'une pièce qui aborde le thème la mort, et qui inclut des chansons : "Sans nier la douleur que provoque un deuil, cette pièce permet aux enfants de découvrir que même si la mort fait mal, cette Grande Faucheuse n’est peut-être pas si méchante que ça. On arrive même à avoir de l’empathie pour cette pauvre vieille faucheuse car, elle, n’a jamais le temps de se reposer (...) On propose cela en scolaire, avec un débat après le spectacle pour sortir du tabou de la mort, délier les langues des enfants comme des grands. C'est extrêmement touchant".