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(Belga) En exécutant samedi 47 personnes condamnées pour "terrorisme" dont le chef religieux chiite Nimr Baqer al-Nimr, l'Arabie saoudite "règle des comptes politiques", a estimé auprès de l'AFP Philip Luther, directeur d'Amnesty pour le Moyen-Orient.
"Les autorités saoudiennes disent avoir mené ces exécutions pour préserver la sécurité. Mais l'exécution du cheikh Nimr Baqer al-Nimr suggère qu'elles utilisent les exécutions pour régler des comptes politiques (...) sous couvert de lutte contre le terrorisme", a déclaré M. Luther. Les 47 condamnés --45 Saoudiens, un Égyptien, un Tchadien-- ont été exécutés au sabre ou par balles dans douze villes du royaume. Ils avaient été condamnés, selon les autorités, dans différentes affaires, notamment pour avoir épousé une idéologie radicale, rejoint des "organisations terroristes" et mis à exécution des "complots criminels". "C'est une tentative de faire taire les critiques contre le régime, en particulier au sein de la communauté des activistes chiites", a poursuivi le directeur d'Amnesty pour le Moyen-Orient, pour qui le procès de Nimr Baqer al-Nimr a été "manifestement inéquitable". Le cheikh Nimr al-Nimr, 56 ans, virulent critique de la dynastie sunnite des Al-Saoud, a été la figure de proue du mouvement de contestation qui avait éclaté en 2011, dans la foulée des printemps arabes, dans l'est de l'Arabie où vit l'essentiel de la minorité chiite. Cette communauté, qui se concentre dans la Province orientale riche en pétrole, se plaint d'être marginalisée dans ce pays majoritairement sunnite. Les 47 exécutions sont les premières de l'année 2016 dans ce royaume ultra-conservateur qui avait mis à mort 153 personnes l'année dernière, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. Le nombre d'exécutions en 2015 a largement dépassé celui enregistré en 2014 (87). (Belga)