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Si Hillary Clinton devient la première femme présidente mardi, l'Amérique aura un petit casse-tête urgent à régler: comment appeler son mari, l'ancien président Bill Clinton?
Le cas de figure est doublement sans précédent. Jamais un homme n'est entré à la Maison Blanche comme époux d'une présidente, et jamais un ancien président n'a été marié à un nouveau président. "Premier gentleman" pourrait s'imposer de manière informelle, selon les experts, plutôt que "Premier homme", "Premier mari" ou autre appellation fantaisiste. "Nous avons six femmes gouverneures aux Etats-Unis, et leurs maris, de façon non officielle, sont appelés Premier gentleman", explique à l'AFP Lisa Grotts, experte depuis 15 ans des questions d'étiquette.
Mais l'affaire se complique quand il s'agit des Clinton, car Bill Clinton, 70 ans, a été président de 1993 à 2001. Et quand vous avez été président, vous en gardez le titre à vie, explique à l'AFP Allida Black, de l'Association historique de la Maison Blanche.
Le précédent Bush
"Il gardera son titre", confie cette historienne. Selon le protocole, ils seront "le président Clinton et l'ancien président Clinton". "Nous avons eu la même chose avec la famille Bush" avec George W. Bush (43e président) et son père George, le 41e. "Nous avions le président Bush et l'ancien président Bush, et quand ils étaient ensemble, c'est ainsi qu'on les présentait".
Il devra trouver un "arrangement" avec sa femme
Si Hillary Clinton est élue présidente, "le bureau du protocole présidentiel travaillera avec les Clinton pour décider de comment renommer le bureau de la Première dame" ajoute-t-elle. "Si elle était mariée à quelqu'un qui n'a pas été président, il aurait été Premier gentleman. Mais Bill Clinton est un ancien président, il ne peut pas être appelé Premier gentleman" car c'est un "titre inférieur" à celui de président, précise-t-elle.
"Par respect pour sa femme", il trouvera en privé avec elle une solution, estime pour sa part Lisa Grotts.
Certains avancent que Bill Clinton pourrait reprendre son ancien titre de gouverneur. "Faux", dit Mme Black.
Il ne pourra pas être rémunéré à la Maison Blanche
Une chose est sûre, Bill Clinton, toujours très actif et qui a fait campagne depuis des mois pour sa femme, ne pourra ni travailler ni être payé par l'administration s'il retourne à la Maison Blanche. "C'est illégal", explique Mme Black, tout en ajoutant que Mme Clinton pourra tout à fait lui confier une mission non officielle et non rémunérée, comme Bill Clinton l'avait fait pour Hillary lors de son premier mandat.
Il l'avait chargée de travailler à la réforme de l'assurance maladie, un échec.
Que va-t-il faire?
En mai, Hillary Clinton avait déclaré qu'il serait "en charge de revitaliser l'économie. Parce qu'il sait comment le faire", avait-elle expliqué, en référence aux années où il était président, marquées par un budget à l'équilibre et la création de millions d'emplois. Traditionnellement, les Premières dames, qui ont leur propre chef de cabinet et personnel à la Maison Blanche, s'investissent dans des causes qui leur sont chères et ne suscitent pas de polémique: la lecture et l'éducation pour Laura Bush; le jardinage, l'obésité et les anciens combattants pour Michelle Obama.
Bill Clinton est trop imparfait et trop politique pour jouer les plantes vertes.
"Pas toujours très gentleman"
Certains critiques s'offusquent déjà à l'idée qu'il soit appelé, même officieusement, Premier gentleman, rappelant son passé avec les femmes qui n'en fait pas forcément un gentleman. Mais il se prépare pourtant à ce rôle improbable. Pour ne pas prêter le flanc aux critiques, il n'a plus accepté un seul discours payé depuis des mois, selon NBC. Ces discours lui ont rapporté des millions de dollars en 2015.
Et il a annoncé en août qu'il quitterait le conseil d'administration de la Fondation Clinton qu'il avait créée après son départ de la Maison Blanche, et cesserait de lever des fonds pour elle.