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Une rose à la main, les Parisiens continuaient dimanche d'affluer vers le Bataclan pour rendre hommage aux victimes des attentats. En famille, à vélo ou en allumant une bougie, ils ressentaient le besoin de "toucher du doigt" ce qui s'est passé.
Devant le Bataclan, de nombreuses personnes se sont rassemblées pour rendre hommage aux victimes des attentats de Paris. "Je vais rester un moment. Il fallait être sur les lieux", confie Hervé, 38 ans, à l'AFP, au côté de son fils de six ans. "Il faut sortir, il ne faut pas rester chez soi. Il faut aller regarder, toucher du doigt ce qui s'est passé", ajoute-t-il, animé par "un mélange de tristesse et de désolation". Derrière des barrières, il est venu se recueillir, comme de nombreux Parisiens et quelques touristes en ce dimanche ensoleillé, près de la salle de concert où au moins 89 personnes ont perdu la vie vendredi soir. A quelques mètres, des militaires patrouillent.
"Ça aurait pu être moi"
"C'est affreux. Comment la nature peut engendrer des êtres comme ça?", se demande-t-il, lui qui vit dans le quartier et passe tous les jours en voiture devant l'établissement. "Ça aurait pu être moi", dit-il, le regard dans le vide. Lucas, chauffeur de taxi de 28 ans, partage le même sentiment. "Je sors assez souvent, alors je me dis que j'aurais pu y être aussi malheureusement." Après avoir déposé un bouquet de roses, il explique ressentir beaucoup de "tristesse" et aussi "un sentiment d'insécurité". "On a un peu peur, on se demande ce que va être l'avenir."
Les cafés ouvraient petit à petit
Deux jours après le drame, la devanture du Bataclan affichait toujours le nom du groupe qui se produisait sur scène lors de l'attaque, Eagles of Death Metal, et l'entrée était toujours cachée par une grande bâche blanche. Le quartier, paisible et silencieux en début de matinée, commençaient à s'animer à la mi-journée. Les commerces et les cafés ouvraient petit à petit et la circulation reprenait son cours, entre les camions-régie des télévisions venues du monde entier.
"Vous ne tuerez pas notre liberté"
Par terre, des bouquets de fleurs et des messages de solidarité dans toutes les langues: "Vous ne tuerez pas notre liberté", "La vie est précieuse, la mort précoce douloureuse", "Force à la France, nous n'avons pas peur". Michel Atangana-Sola, 69 ans, a interrompu sa balade dominicale à vélo pour venir se recueillir quelques instants. "J'ai été très touché par ce qui s'est passé", dit-il.
"Le 11 janvier (après les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, NDLR), j'étais allé manifester. C'était très émouvant. Je me suis dit Plus jamais ça! Je ne croyais pas revivre un tel événement à Paris", déclare-t-il. "Mais là, ce qui s'est passé, c'est au-dessus de ma pensée. Je suis très touché."
"Le plus important, c'est l'esprit d'amour"
"La manifestation a servi à quoi? À presque rien. Ça va toujours recommencer", pense-t-il. "Pour l'instant, j'ai l'impression qu'il n'y a pas de solution." Mais s'il avoue ses craintes, il lance aussi un message d'espoir. "Il ne faut pas se laisser abattre. Le plus important, c'est l'esprit d'amour, aimer son prochain", conclut-il en enjambant sa bicyclette.