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Yassin Salhi, soupçonné d'être l'auteur de l'attentat perpétré vendredi près de Lyon, avait été repéré par les autorités pour des liens avec la mouvance salafiste mais ce père de trois enfants originaire du Doubs n'avait jamais fait parler de lui pour des faits délictueux.
Né à Pontarlier, près de la frontière suisse, il y a 35 ans d'un père d'origine algérienne et d'une mère d'origine marocaine, le suspect Yassin Salhi y avait été repéré par les services spécialisés dès les années 2005-2006, car il fréquentait un groupe de personnes adeptes de l'islam radical, sans pour autant faire de prosélytisme, a expliqué à l'AFP une source proche de l'enquête. Selon le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, il était "en lien avec la mouvance salafiste". Sans casier judiciaire, il avait été fiché notamment de 2006 à 2008. Installé depuis quelques mois à Saint-Priest, dans la banlieue de Lyon, il avait trouvé du travail dans une société de transports. Il "fait de la livraison (...) livre des cartons, des commandes", a expliqué son épouse à Europe 1, avant d'être elle-même interpellée vendredi. "On est des musulmans normaux, on fait le ramadan. Normal. On a trois enfants, une vie de famille normale", a-t-elle résumé, disant ne pas comprendre pourquoi son mari aurait commis cet attentat.
"C'était un loup déguisé en agneau"
"C'était un loup déguisé en agneau", a jugé un collègue de travail interrogé par RTL, Abdel Karim. "Il m'avait déjà parlé de Daech, pas pour m'embrigader dans quoi que ce soit mais simplement pour me demander mon avis. Quand je lui ai dit ce que je pensais, à partir de ce jour-là, c'était Bonjour - Au revoir". Selon ce collègue, "c'était quelqu'un de mystérieux, mais quelqu'un de très calme à la fois".
"Il était agréable"
Yassin Salhi "était un gamin calme, ce n'était pas un nerveux", confirme le président de la mosquée de sa ville natale de Pontarlier, Nacer Benyahia. "C'était un plaisir de l'avoir à la mosquée, il était agréable", se souvient M. Benyahia, "très choqué" par l'attentat. D'après lui, Yassin Salhi était encore un adolescent lorsqu'il a perdu son père.
Repéré par les services spécialisés
Le jeune homme a ensuite quitté Pontarlier pour Besançon, distante d'une soixantaine de kilomètres, où il s'est installé en 2011 avec son épouse et ses enfants. En 2013, il y est à nouveau repéré par les services spécialisés pour sa fréquentation d'individus soupçonnés de liens avec l'islam radical. Il porte la djellaba et la barbe, ce qui laisse penser qu'il est proche des milieux salafistes, comme d'autres jeunes du secteur.
"Il n'a jamais parlé de terrorisme"
Mais il n'a pas d'activité malveillante et ne fait pas parler de lui en dehors de son apparence vestimentaire, selon une source proche de l'enquête. "Il parlait de religion, mais il n'a jamais parlé de terrorisme", assure l'un de ses amis à Besançon, Missom Tahir, 22 ans, qui décrit "une personne posée, calme et surtout gentille".
"On ne se parlait plus, le contact ne passait pas"
Une ancienne voisine de Besançon relate que cet homme de taille moyenne aux yeux marrons et cheveux noirs changeait souvent d'apparence, portant tantôt une queue de cheval, tantôt le crâne rasé, comme peu avant son départ pour Lyon. Cette voisine s'étonnait également de va-et-vient chez Yassin Salhi d'hommes "costauds" vêtus de pantalons "cargo" aux larges poches, souvent le mercredi soir. Du jour au lendemain, "on ne se parlait plus, le contact ne passait pas", déplore-t-elle.
Une "famille discrète"
Puis fin 2014, Yassin Salhi quitte la région avec sa famille pour s'installer à Saint-Priest près de Lyon, dans un appartement situé au premier étage d'un petit immeuble social. Les voisins, interrogés vendredi par l'AFP, décrivent une "famille discrète" menant une vie tranquille. "Leurs enfants jouent avec les miens, ils sont tout à fait normaux et câlins", note ainsi une femme, qui tient à garder l'anonymat.
"Il avait juste une petite barbe"
"Il ne parlait à personne. On se disait juste bonjour-bonsoir", raconte un autre voisin, pour qui le suspect ne se distinguait pas non plus par sa tenue. "Il avait juste une petite barbe", selon lui. Des témoins interrogés par l'AFP assurent également n'avoir "jamais vu" Yassin Salhi à la mosquée de Saint-Priest, pas plus qu'à celle du quartier de Besançon où il résidait auparavant.