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En assassinant un policier français et sa femme, Larossi Abballa, jeune homme de 25 ans déjà condamné pour participation à une filière djihadiste, a suivi à la lettre les consignes du groupe Etat islamique, qui place les forces de l'ordre occidentales en tête de liste de ses cibles.
Le porte-parole officiel de l'organisation, le syrien Abou Mohammed Al-Adnani, ne cesse d'exhorter ses partisans à passer à l'action dans leurs pays d'origine contre les policiers et militaires des pays de la coalition engagés dans la lutte contre l'organisation, en Syrie et en Irak. Sept policiers et militaires ont perdu la vie dans des attaques islamistes en France depuis quatre ans. Dans un long message audio diffusé en septembre 2014 par Al Furqan, le principal média de l'EI, il lance: "Levez-vous, monothéistes, et défendez votre Etat depuis votre lieu de résidence, où qu'il soit. Attaquez les soldats des tyrans, leurs forces de police et de sécurité, leurs services de renseignements et leurs collaborateurs".
"Les soldats du califat"
Comme Larossi Abballa, tué par les policiers d'élite du Raid qui ont donné dans la nuit de lundi à mardi l'assaut à la maison du policier dans laquelle il s'était retranché et qui s'est servi d'un simple couteau, Al-Adnani encourage ceux qu'il nomme "les soldats du califat" à utiliser n'importe quelle arme disponible.
"Si vous ne pouvez pas faire sauter une bombe ou tirer une balle", leur dit-il, "débrouillez vous pour vous retrouver seul avec un infidèle français ou américain et fracassez-lui le crâne avec une pierre, tuez-le à coups de couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le d'une falaise, étranglez-le, empoisonnez-le".
"Que l'infidèle soit combattant ou civil est sans importance"
"Ne consultez personne et ne cherchez de fatwa de personne", poursuit-il dans cet enregistrement, qui a depuis été partagé et diffusé par des milliers de sites internet. "Que l'infidèle soit combattant ou civil est sans importance. Leur sentence est la même : ce sont tous deux des ennemis. Leur sang est permis".
Le "ministre des attentats"
Celui que les milieux djihadistes nomment "le cheikh Adnani" est au fil des mois devenu une figure importante au sein de l'EI, au point que les services de renseignement occidentaux ont tendance à le considérer comme le "ministre des attentats", qui pourrait être chargé, en plus de motiver des djihadistes isolés, de superviser des campagnes de terreur en Occident.
Originaire de la région d'Idlib, dans le Nord de la Syrie, c'est un vétéran du jihad anti-américain en Irak, où il s'est rendu dès 2003.
Des attaques contre la police
Depuis mars 2012, et l'assassinat par Mohamed Merah de trois militaires à Toulouse et Montauban, les policiers et soldats français ont régulièrement été pris pour cible par des djihadistes, agissant le plus souvent isolément. Ainsi, en décembre 2014, un jeune homme agresse avec un couteau, au cri d'Allah akbar, des policiers en faction devant le commissariat de Joué-les-Tours (centre).
En janvier 2015, deux policiers meurent dans les attentats islamistes à Paris commis par les frères Chérif et Saïd Kouachi. Puis une policière municipale est abattue près de Paris, par Amédy Coulibaly qui va le lendemain attaquer un supermarché casher.
Un an plus tard, le 7 janvier 2016, c'est encore à l'arme blanche (un hachoir de boucher) qu'un jeune Tunisien tente d'attaquer les policiers en faction devant un commissariat parisien. Il est abattu avant de pouvoir s'en servir. Ce qui ressemblait à une ceinture explosive nouée autour de sa taille s'est révélée factice.