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L'Europe garde la Grèce dans l'euro: que va coûter ce nouveau plan d'aide aux Belges ?

Au terme de près de 48 heures de négociations aux allures de psychodrame, les Européens ont réussi à s'entendre pour tenter de renflouer la Grèce et la garder dans l'euro, en imposant des sacrifices énormes à ce pays, dont l'économie exsangue a besoin de toute urgence d'une aide transitoire. Mais quelle sera la contribution des Européens ?

Les dirigeants de la zone euro ont validé ce lundi matin un projet de troisième plan de secours pour Athènes, évalué à entre 82 et 86 milliards d'euros sur trois ans. Cet accord éloigne le spectre d'une sortie désordonnée de la Grèce de la monnaie unique, même si les ministres des Finances l'avaient envisagée dimanche.

Bruno Wattenberg, spécialiste en économie, a apporté son éclairage sur le plateau du RTLinfo 19h sur cet accord sur la Grèce, en répondant en direct aux questions d’Hakima Darhmouch.

Ce troisième plan d'aide à la Grèce, que va-t-il coûter aux citoyens européens, et précisément aux Belges ?

"Ce plan va passer par ce que l’on appelle le mécanisme européen de stabilité. En gros, c’est un mécanisme qui intervient en urgence pour donner des liquidités ou des garanties et il a été créé en 2012 pour résoudre la crise. Alors est-ce que le Belge va-t-il directement être mis à contribution ? Non, pas directement. Nous avons déjà capitalisé ce fonds. Et nous continuons chaque année à le faire. Tout cela est intégré dans les prévisions budgétaires belges. Donc, il n’y aura pas de nécessité pour le contribuable de remettre la main au portefeuille. Par contre, on peut considérer que si le plan d’aide augmente, automatiquement l’exposition de la Belgique à un risque de non-remboursement va légèrement augmenté. Mais c’est marginal par rapport à notre budget fédéral."

S'agit-il selon vous d'un bon compromis ?

"Il faut voir de qui on parle. Pour les Grecs, c’est clairement le compromis auquel on pouvait arriver. Il n’y avait pas moyen d’aller plus loin. Pour les Grecs, cela a le mérite d’éviter le Grexit, la sortie de la zone euro et de l’Europe. Un scénario qui aurait vraiment renvoyé les Grecs à 40 années d’ici dans un monde qu’ils n’ont pas envie de retrouver. Ensuite, pour les créanciers, c’est la même chose que pour les Grecs, l’arme thermonucléaire, c’était ce fameux Grexit qui aurait coûté énormément d’argent. Pour la Belgique, ça aurait coûté plus de 10 milliards d’euros avec une dette qui aurait pu ne jamais être remboursée. Pour l’Europe, elle a une solution. Et là, on peut le voir de deux façons différentes. Le fait de voir ces mécanismes européens de stabilité, qui ne sont pas européens mais des pays de la zone euro, renvoient cette construction européenne aux pays et ça c’est une mauvaise chose. Par contre, clairement, les marchés financiers vont penser que cette Europe économique et monétaire a donné un sérieux tour de vis et cela peut préjuger d’une meilleure appréciation de ce modèle européen qui reste à peaufiner."

La Grèce est dans un gouffre depuis 2010. Les deux plans précédents n'ont pas été suffisants. En quoi celui-ci va-t-il changer la donne ?

"Ce nouveau plan va fonctionner parce qu’il y a d’abord de véritables mesures structurelles qui n’ont pas été mises en œuvre. Cela veut dire que si vous êtes investisseur ou entrepreneur, il est clair que la dernière chose que vous aviez envie de faire c’est mettre de l’argent en Grèce. Ceci va changer. D’abord parce que l’on va clarifier les règles et puis il y a 35 milliards pour la relance économique. On peut donc penser que ce plan-ci a des réelles perspectives de pouvoir tirer la Grèce parce qu’il va lui permettre de retrouver une forme de croissance."

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