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L'américain Fitbit est l'un des rares acteurs qui parvient à tirer son épingle du jeu sur le marché très délicat des bracelets connectés. Son dernier modèle, le Alta HR, a été présenté à la presse belge dans un… bar à sieste. Le ton est donné: il prétend surveiller votre sommeil, en plus de votre activité physique ou votre perte de poids. Mais que fait-il vraiment ? RTL info l'a testé durant deux semaines.
Le marché des wearables, ces petits appareils électroniques qu'on porte sur soi ("to wear" en anglais), n'a pas connu l'énorme succès annoncé il y a quelques années par les fabricants et certains analystes. Même Apple, habitué au succès immédiat lorsqu'il lance une nouvelle catégorie de produit, s'est planté: sa Watch ne se vend pas tant que ça.
Pebble, qui avait eu recours au financement participatif en 2012 (il a même battu quelques records de Kickstarter avec 10 puis 20 millions d'euros en précommande), avait connu un succès prometteur. Mais en décembre dernier, il a été placé en liquidation judiciaire, criblé de dettes dues à des investissements énormes mais un manque cruel de rentrées...
Et devinez qui a racheté les miettes (les employés, la marque et les brevets) ? Un certain Fitbit. L'entreprise californienne, depuis ses débuts en 2007, s'est concentrée davantage sur le "suivi d'activité" que "montre intelligente". Et ça change tout.
Car la seule chose que le grand public semble apprécier dans les bracelets connectés, c'est une analyse précise de leur rythme d'activités physiques liée à un objectif de remise en forme ou de perte de poids. Ce que Fitbit fait très bien, expérience oblige...
L'entreprise californienne emploie environ 1.250 personnes dans le monde, dont un dixième en Europe, où la marque est installée à Dublin. Même si elle a plus ou moins raté son introduction en bourse en 2015 (un an plus tard, la valeur de l'action avait baissé de moitié), elle reste leader du marché.
L'Alta HR, très loin des "smartwatches" encombrantes
Le bracelet vedette mis à jour: que signifie le HR ?
Lors de sa première conférence de presse en Belgique, Fitbit a présenté son nouvel appareil, le Alta HR. Le Alta de base a connu un franc succès l'an dernier, car il avait l'intelligence d'ajouter la dose d'esthétique qu'il manque souvent à ce genre de petit appareil: design soigné mais discret (il est vraiment très compact), bracelet interchangeable en silicone, cuir ou métal.
Le Alta HR (pour Heart Rate) n'a qu'une seule chose en plus, et pas n'importe laquelle: un cardiofréquencemètre. Fitbit étale sa maîtrise totale du hardware, en parvenant à intégrer ce capteur de rythme cardiaque dans un espace aussi réduit (il est d'ailleurs officiellement le plus compact de sa catégorie).
Il est équipé d'un petit écran à la luminosité plutôt faible, qui affiche l'heure lorsqu'on fait le geste typique servant à regarder l'heure, ou qu'on tapote deux fois sur l'écran. En tapotant une fois, on fait défiler quelques informations (mais l'application est nettement plus pratique pour tout ça). Enfin, il est possible de le faire vibrer et afficher l'identifiant lors d'un appel entrant ou d'un message, et pour une alarme silencieuse (très pratique).
Cerise sur le gâteau: la durée de vie de la batterie augmente considérablement entre le Alta et le Alta HR, passant de 5 à 7 jours (en le gardant 24h sur 24 au poignet). Et même pratiquement 8 jours lors de notre test.
C'est le bracelet intégrant un capteur de pulsations le moins encombrant du marché
Votre sommeil en détails
L'ajout du suivi du rythme cardiaque 24h sur 24 décuple le potentiel d'un tel appareil.
La conférence de presse avait lieu chez Pauz, un bar à sieste situé dans le quartier européen de Bruxelles, entre les gratte-ciels. Et ce n'est pas pour rien: Fitbit souhaite mettre l'accent, pour la sortie de ce nouveau modèle, sur ses capacités à analyser votre sommeil. Sa technologie dite PurePulse (détection précise du rythme cardiaque) va emmagasiner, nuit après nuit, des données sur la manière dont vous dormez.
Vous le savez sans doute, en une nuit, vous passez par différentes phases: il y a 50 à 60 % de sommeil léger (important pour la mémoire et l'apprentissage, permet au corps de récupérer), 10 à 25 % de sommeil profond (essentiel pour le bon fonctionnement du système immunitaire et pour la récupération musculaire) et 20 à 25% de sommeil paradoxal (période propice aux rêves, important pour la récupération mentale et la formation de la mémoire).
Fitbit s'est entouré d'experts du monde universitaire et médical pour valider ses procédures et justifier l'importance du suivi du sommeil. Un argumentaire forcément commercial et marketing, mais dont les fondements sont plein de bon sens, finalement. "Le sommeil (ou le manque de sommeil) joue un rôle critique pour protéger le système immunitaire. Fitbit utilise une approche scientifiquement prouvée pour révéler l'évolution des rythmes de sommeil (...) Le Alta HR est l'une des solutions de sommeil les plus précieuses et utiles, disponibles pour un public n'ayant pas accès à un laboratoire de sommeil", a déclaré le Dr Allison Siebern, de la Stanford University.
Concrètement, l'application Fitbit, après quelques jours d'analyse, va vous donner des conseils si elle constate que votre sommeil n'est pas vraiment dans les moyennes nationales (environ 7 heures par nuit). Il y a des pop-ups qui vont apparaitre dans l'application, par exemple pour vous prévenir que vous dormez mieux après plus ou moins d'exercice physique, que si vous vous couchez à une heure régulière, vous aurez 40 minutes de sommeil réparateur en plus par nuit, qu'un manque de sommeil peut stimuler les hormones de la faim, etc...
L'application Fitbit, toujours aussi claire et complète
Pas de miracle, mais du (très bon) encouragement
Des recommandations personnalisées qui, on l'imagine (mais je n'ai pas de problème de sommeil), peuvent dans certains cas donner des pistes pour améliorer le sommeil. Mais qui n'ont rien de miraculeux, ne rêvons pas.
Car aussi précis soient-ils, les bracelets d'activité et leurs applications ne sont que des indicateurs, qui vont vous donner des conseils au niveau du sommeil, mais aussi – c'est leur fonction initiale – vous motiver à bouger d'avantage pour garder la forme et/ou perdre du poids.
A ce petit jeu, Fitibit reste le maître en la matière. Il est d'ailleurs le leader de la catégorie, avec déjà 60 millions d'appareils vendus, et 23 millions d'utilisateurs actifs. Il trouve le bon compromis entre l'encombrement de son bracelet et ses capacités à analyser votre rythme cardiaque et votre activité physique.
La base de l'application, ce qui est d'ailleurs mis le plus en avant, c'est le nombre de pas quotidiens (en rapport avec la cible à atteindre), les calories brûlées, les exercices réalisés.
On peut bien sûr suivre un petit jogging et enregistrer le parcours GPS (via l'application et donc la balise GPS du smartphone), mais il n'est pas obligatoire de détailler ses exercices. Via son capteur cardiaque, Fitbit sait à quels moments vous faites de l'exercice, quels qu'ils soient.
Des bilans sont donc affichés, vous encourageant à atteindre un objectif de perte de poids par exemple, si vous en avez fixé un. Pour un calcul des calories ingérées, il est possible assez facilement (même si les unités de mesures sont parfois exotiques) de répertorier aliments et boissons consommés. On peut même scanner un code barre, dans le cas d'un plat préparé, d'un snack, d'une boisson en bouteille, etc...
Conclusion
Fitbit a tout compris: ce que veulent les gens, ce n'est pas une grosse montre Android ou Apple servant d'écran déporté du smartphone, pour lire un message ou contrôler la musique, et qu'il faut recharger tous les soirs. On a un smartphone pour ça, et la plupart des gens le garde en permanence à portée de main.
Ce qu'ils veulent, donc, c'est un bracelet aussi discret que le nouveau Alta HR, qui exploite au maximum les données enregistrées (mouvements précis, rythme cardiaque) pour analyser votre santé, votre sommeil, votre activité physique.
Le tout est très intelligemment exploité dans une application qui parvient à la fois à être complète au niveau des informations et des conseils, agréable à utiliser et très stable. Toute la concurrence devrait en prendre de la graine.
Gardons cependant les pieds sur terre: le fait de porter un tel bracelet ne vous fera ni maigrir, ni mieux dormir. Il se contente de vous donner un maximum d'informations pour améliorer vous-même votre sommeil ou augmenter votre activité physique.
A 149€, le Fitbit Alta HR est sans conteste le meilleur bracelet connecté du marché. Le prix des bracelets de rechange varie de 29€ à 89€, selon leur niveau de finition.
Vous pouvez acheter d'autres bracelets, par exemple en cuir: les changer est un jeu d'enfant...