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Trois mois après les attentats de Bruxelles, voici ce qu'ont déjà dû débourser les assureurs

Trois mois après les attentats qui ont frappé Bruxelles, des conséquences se font encore sentir pour certains secteurs comme l'horéca ou les assurances.

Il y a presque trois mois, la Belgique était frappée en plein coeur par le terrorisme. Des hommes se faisaient sauter à l'aéroport de Zaventem et dans le métro bruxellois à la station Maelbeek, tuant 32 personnes et en blessant plus d'une centaine. Depuis le 22 mars, les assureurs ont déjà dépensé 168 millions d'euros en dommages, selon les statistiques d'Assuralia, l'Union professionnelle des entreprises d'assurances. Ce montant sera compensé par le mécanisme de solidarité TRIP (Terrorism Reinsurance and Insurance Pool). Les coûts engendrés par les attaques terroristes sont partagés entre les assureurs membres de ce mécanisme en fonction de leur part de marché. L'asbl TRIP a été constituée après les attentats de Madrid et de Londres, elle dispose d'une enveloppe annuelle de 1,2 milliard d'euros.  


1.239 trains annulés

Les attentats ont également eu un impact pendant plusieurs jours sur la circulation des trains. Les mesures prises sur ordre de police ont provoqué la suppression de 1.239 trains et 2.265 autres ont accumulé 23.067 minutes de retard au total, selon les chiffres de la SNCB. La circulation des trains dans la gare située sous l'aéroport de Zaventem a pu reprendre le 22 avril, exactement un mois après les attentats. Jusqu'au 8 juin, les voyageurs devaient descendre dans la "vieille" gare, qui se trouve sur la même plate-forme mais dispose d'une entrée différente. Les conséquences sur le nombre de voyageurs vers l'aéroport sont restées limitées, selon les dernières statistiques de la SNCB. "Lors du mois de mai, le nombre de voyageurs depuis et vers l'aéroport était comparable à celui de l'année dernière, environ 96% par rapport à mai 2015", confirme le porte-parole Dimitri Temmerman. Toutes les entrées des trois grandes gares bruxelloises (Bruxelles-Nord, Bruxelles-Midi, Bruxelles-Central), d'Anvers-Central et de Liège-Guillemins sont également à nouveau ouvertes depuis le 8 juin. Le police et l'armée sont par ailleurs toujours présentes dans les grandes gares du pays en raison du niveau de menace. 


Thomas Cook et Jetair

Ils ont aussi eu un impact sur plus de 70.000 clients et 400 vols de Thomas Cook. Plus de 1.200 transferts ont été organisés entre Bruxelles et l'aéroport de Liège, précise encore le tour-opérateur. Chez Jetair, les attentats ont eu des conséquences sur 105.450 passagers et 754 avions. Jetair a dû prévoir 1.147 transferts entre Bruxelles et l'aéroport d'Ostende. Le call center de Thomas Cook a par ailleurs enregistré 8.250 appels entrants liés à la situation à Bruxelles et plus de 3.500 conversations via les réseaux sociaux. Selon les tour-opérateurs, les Belges ont également reporté leurs réservations à la suite des attentats.


Brussels Airport prêt pour affronter le pic estival

Aujourd'hui, Brussels Airport se dit prêt à absorber le traditionnel pic de fréquentation estivale. Le pré-screening se déroule bien, les compagnies aériennes effectuent de nouveau le check-in de leurs passagers à l'intérieur du hall des départs tandis que les bus et les trains sont de nouveau opérationnels. Beaucoup a encore été fait ces derniers jours dans et autour du hall des départs. Les compagnies aériennes peuvent ainsi de nouveau effectuer le check-in de leurs passagers depuis début juin dans le hall des départs. Les structures temporaires mises en place après les attentats ne sont désormais plus nécessaires.

Quelques jours plus tard, la zone dite du "diamant", c'est-à-dire celle des escalators reliant les différents niveaux du bâtiment (gare, arrêts de bus, halls des départs et des arrivées) rouvrait à son tour. Les voyageurs qui arrivent par le train peuvent ainsi de nouveau accéder directement au terminal après un prescreening. Vendredi dernier enfin, la partie du hall des départs touchée par la deuxième explosion et qui abritait l'oeuvre en bronze du sculpteur Olivier Strebelle rouvrait aux passagers. La plupart des stigmates des attentats sont ainsi effacés. Seule la façade fait encore l'objet de travaux. Le taux de fréquentation est également bon. Brussels Airport a ainsi accueilli près de 1,97 million de passagers au mois de mai soit 8,4 pc (ou environ 180.000) de moins par rapport au mois de mai 2015. Mais "le nombre de passagers augmente chaque semaine et les chiffres de la dernière semaine du mois mai se rapprochent presque de ceux de l'an dernier", explique l'aéroport. Ce dernier table sur 21 à 22 millions de passagers pour l'ensemble de l'année alors qu'il espérait atteindre avant les attentats les 25 millions pour la première fois.  


L'horeca et le tourisme toujours en difficulté à Bruxelles

Trois mois après les attentats, par contre, l'horeca et le secteur touristique continuent à subir de lourdes pertes. Le tourisme de loisir enregistre une perte de 30% contre 15% pour le tourisme professionnel. L'horeca rapporte lui une baisse de 25 à 30% de son chiffre d'affaires. "Nous avons travaillé dur ces derniers mois, en coulisses, pour lancer plusieurs campagnes publicitaires cet été, notamment sur TripAdvisor", indique Geert Cochez, CEO de visit.brussels. Le plus grand défi de l'été sera de freiner la baisse du tourisme professionnel. "Notre objectif est de limiter les pertes en ramenant le tourisme de loisir à 15%", ajoute Geert Cochez. "Le retour à la normale à l'aéroport de Zaventem doit également y contribuer." L'horeca souffre de pertes semblables dans la capitale. "La situation est désastreuse, notamment pour les PME", confirme Yvan Roque, président de la Fédération Horeca Bruxelles. "Elles sont confrontées à une baisse du chiffre d'affaires de 25 à 30% et parfois même plus. Les gouvernements fédéral et régional ont promis des mesures mais elles sont pour le moment difficiles à obtenir."


Les entreprises de gardiennage ont beaucoup plus de travail

Un secteur n'a pas pâti des attentats, celui de la sécurité. Les entreprises privées de gardiennage observent un pic de la demande de surveillance depuis les attentats de Bruxelles du 22 mars et de Paris en novembre 2015. "C'est assez typique mais cela finit toujours par s'estomper", estime Pascal de Roeck, secrétaire général de l'Association professionnelle des entreprises de gardiennage (APEG). La demande est observée surtout au niveau de la protection de magasins et lors d'événements rassemblant un large public. "Securitas recherche 340 agents supplémentaires", annonçait l'entreprise vendredi. Ce recrutement est directement lié aux "attentats de Bruxelles mais aussi à ceux de Paris et à l'attaque de Charlie Hebdo l'année passée", explique Karl Bolle, directeur des ressources humaines chez Securitas.

G4S, de son côté, a observé une augmentation de 20% de la demande à la suite des attentats de Bruxelles. A l'heure actuelle, une hausse de 10% est encore constatée. "Ces 10% vont, à mon avis, rester", assure Jean-Paul Van Avermaet, directeur de G4S pour la Belgique. L'entreprise n'a pas vraiment engagé mais son personnel a dû effectuer des heures supplémentaires. "Le recrutement prend du temps. Un agent doit suivre obligatoirement 127 heures de cours et passer un examen avant d'être engagé", précise Pascal de Roeck. Par ailleurs, "nous savons que cela va s'estomper donc il ne faut pas se lancer dans des engagements à l'aveuglette parce qu'on risque de se retrouver avec du personnel dont on n'a plus besoin. Tout est question d'un équilibre à respecter". L'APEG souligne que la situation varie selon ses membres. "Des entreprises comme G4S et Securitas ont un porte-feuille très varié mais nous avons d'autres membres plus spécialisés qui n'observent pas ce pic". G4S emploie un peu plus de 6.000 personnes en Belgique tandis que Securitas compte 5.500 collaborateurs belges.

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