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C'est un véritable coup de massue qu'a encaissé le personnel médical des hôpitaux de Tubize et Nivelles vendredi. Et ils ne sont pas les seuls. Voilà près d'une semaine que dans la population de ces entités, la colère monte. En cause, la fermeture programmée de services de soins.
Fermeture du service de maternité à Nivelles et du service d'urgences à Tubize. C'est ce qu'annonce un courrier à l'attention du personnel de ces hôpitaux distribué vendredi. "Dans le cadre de la réforme du paysage hospitalier et du financement des hôpitaux, le gouvernement entend rationaliser l'offre de soins en réduisant le nombre de lits, de services et de campus", explique la direction du Centre Hospitalier Jolimont, dont dépendent les hôpitaux de Tubize et de Nivelles. "Les centres hospitaliers ont dès lors décidé d'anticiper les décisions et de prendre des mesures pour garantir la pérennité de l'activité des sites de Nivelles et de Tubize."
Luciano: "on veut faire changer les choses dans un monde impitoyable"
La nouvelle provoque un petit séisme en Brabant-Wallon. Dans ces deux villes des pétitions et des flyers circulent depuis le début de semaine. Les habitants de Tubize se réuniront vendredi à 16h. Ceux de Nivelles iront manifester en fin d'après-midi sur le parking de l'hôpital. "On veut faire changer les choses, même si on sait que cela ne sera pas facile car nous sommes dans un monde impitoyable", confie Luciano, habitant de Nivelles et papa d'une sage-femme de l'hôpital.
Thierry était quant à lui à Tubize ce mercredi sur le parking pour protester, parmi environ 200 personnes. Le service des urgences de son hôpital est menacé. "C'est important d'avoir un hôpital de proximité avec des urgences. Imaginez que quelqu'un fasse un AVC. Les deux autres hôpitaux les plus proches sont à Braine-l'Alleud ou à Soignies, cela représente au minimum vingt minutes de route, on a largement le temps de mourir", explique-t-il inquiet avant d'ajouter:" Tubize va accueillir de nouveaux habitants et est une ville en pleine expansion. Il faut donc garder ce service d'urgences."
10.000 patients par ans aux urgences, il en faudrait le double
Si ces services doivent fermer, c'est car ils ne correspondent plus aux normes imposées par la réforme du paysage hospitalier. Un projet porté par la Ministre de la Santé Maggie De Block.
Pour garder un service d'urgences ouvert, il devra à l'avenir traiter 20.000 personnes par an, Tubize en accueille à peine la moitié. Pour une maternité, les 400 accouchements annuels de Nivelles sont clairement insuffisants. "Cette réforme ne tient pas compte des besoins de proximité de la population", s'insurge Evelyne Magerat, permanente CNE non-marchand, qui a convoqué un conseil d'entreprise extraordinaire vendredi passé. "Qui va aller faire 25 kilomètres pour accoucher ? Ou dans d'autres hôpitaux, qui pourra se déplacer tous les jours pour aller faire une chimiothérapie par exemple ? Tout le monde ne dispose pas d'une voiture. La Ministre privilégie vraiment le rendement et pas les soins. On fait fit de l'aspect humain!"
Les emplois ne sont pas menacés.
Heureusement pour les acteurs des soins de santé dans ces deux établissements, la fermeture de certains services n'aura pas d'impact sur l'emploi. "En tout cas pas sur le nombre d'emplois", précise Evelyne Magerat,"mais certaines infirmières de gynécologie vont être transférées dans d'autres services, comme la gériatrie par exemple. Ce n'est pas ce qu'elles veulent faire à la base. Des sages-femmes vont aussi devoir aller travailler sur d'autres sites. Il y a des garanties sur l'emploi, mais tout n'est pas rose pour autant", conclut-elle.
Ces deux hôpitaux ne seront sans doute pas les seuls à devoir supprimer des services à l'avenir, puisque la réforme du paysage hospitalier est l'un des grands projets porté par le gouvernement fédéral. Elle concerne l'ensemble du territoire. Un plan qui prévoit un travail en réseau accentué et une réduction du nombre de lits pour rentabiliser un maximum chaque service.