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Grosse pression de Bart De Wever sur le gouvernement: "Si on demande à Francken de démissionner, la N-VA se retirera"

Le président de la N-VA, Bart De Wever, a lancé dimanche un avertissement à ses partenaires de la majorité fédérale: si le secrétaire d'Etat à l'Asile, Theo Francken, doit démissionner, la N-VA quittera également le gouvernement.

"Si on demande à Theo Francken de se retirer, alors la N-VA se retirera. A ce sujet, je suis très clair. Je soutiens Theo Francken et je ne le laisserai pas tomber", a déclaré M. De Wever à VTM.

Le gouvernement a chargé le Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides (CGRA) de mener une enquête en collaboration avec les Nations Unies et la Commission européenne sur les témoignages de mauvais traitements subis par des Soudanais après leur rapatriement. Même si ces témoignages sont confirmés, il n'est pas question que M. Francken démissionne, selon le président des nationalistes flamands. "En ce qui me concerne, la position de Theo Francken n'est pas sujette à discussion, ni aujourd'hui, ni demain, ni après-demain. Il a appliqué la loi, ce n'est pas une compétence facile, y compris sur le plan humain, j'en suis bien conscient, mais quelqu'un doit le faire et oser le faire", a-t-il ajouté.


"On ouvrira les frontières"

"Si demain, on ne peut plus renvoyer quelqu'un dans un pays où la situation est pire qu'ici et où, potentiellement, on pourrait être maltraité, on ne pourra plus renvoyer personne et, de facto, on ouvrira les frontières. (...) Si on veut la politique des frontières ouvertes d'avant, ce sera sans nous", a-t-il encore dit. Le départ de la N-VA provoquerait la chute du gouvernement de Charles Michel. Jusqu'à présent, aucun président de parti de la majorité n'a réclamé cette démission. Avant de se prononcer sur une éventuelle responsabilité de M. Francken, chacun attend les résultats de cette enquête prévus pour la fin janvier. Pour certains observateurs, il n'est toutefois pas certain qu'elle puisse déboucher sur une mise en cause précise du secrétaire d'Etat vu la nature du régime politique au Soudan.

Par ailleurs, ce ne sont pas seulement les cas de mauvais traitements qui engagent la responsabilité politique du très controversé secrétaire d'Etat mais aussi ses déclarations à propos de l'annulation de rapatriements. Le 20 décembre, le Premier ministre Charles Michel avait annoncé qu'il n'y aurait plus de rapatriement de ressortissants soudanais jusqu'à la fin janvier, tant qu'une enquête n'avait pas éclairci les informations sur ces mauvais traitements. Une déclaration jugée "absurde" par M. Francken: aucun rapatriement n'était prévu avant cette échéance, avait-il expliqué. A la Chambre, le Premier ministre avait toutefois confirmé cette décision, précisant qu'en effet, aucun rapatriement n'était programmé avant la fin janvier. Or, il est apparu qu'un rapatriement en janvier avait été annulé.


"Le Premier ministre est l'otage de la N-VA"

M. Francken s'est justifié en expliquant qu'il ne voulait pas créer un appel d'air vers la Belgique par l'annonce d'une suspension des expulsions. M. Francken a donc menti au Premier ministre, estime l'opposition qui réclame la démission du secrétaire d'Etat. "Une responsabilité politique doit être prise sinon ce serait la preuve que le premier ministre est l'otage de la N-VA", a lancé la députée Julie Fernandez-Fernandez (PS) sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche" (RTL-TVi). Dans la majorité, des voix se sont également élevées. Le député européen Ivo Belet (CD&V) juge que la crédibilité du secrétaire d'Etat est entamée et qu'il doit démissionner. Le député fédéral Eric Van Rompuy (CD&V) a quant à lui eu des mots très durs à l'égard de M. Michel devenu, selon lui, la "marionnette" de la N-VA.

L'opposition veut entendre le Premier ministre en Commission de la Chambre la semaine prochaine. Jeudi, en séance plénière, la Chambre devra également se prononcer sur les motions déposées en conclusion des interpellations à M. Francken juste avant le congé de fin d'année. Les déclarations de M. De Wever ont rapidement suscité des réactions. "Quel que soit le résultat de l'enquête, la N-VA prend le gouvernement belge en otage. La faiblesse du MR et du Premier se paient cash", a accusé sur twitter le chef de groupe PS, Ahmed Laaouej.

"Quoi qu'il arrive, qu'elle reste ou qu'elle sorte, c'est bingo pour la N-VA. Quand la démocratie devient un jeu politique purement stratégique électoral...#affligeant", a dit la cheffe de groupe cdH, Catherine Fonck. "Programme électoral de Charles Michel de 2018: boire le calice jusqu'à la lie", a ironisé pour sa part la co-présidente d'Ecolo, Zakia Khattabi.

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