Partager:
Après l'arrestation vendredi du suspect-clé Salah Abdeslam, l'enquête sur les attentats de Paris a franchi un nouveau pas avec l'identification d'un complice présumé, Najim Laachraoui, dont l'ADN a été retrouvé sur du matériel explosif utilisé le 13 novembre.
Najim Laachraoui, 24 ans, était connu jusqu'à présent sous la fausse identité de Soufiane Kayal. Désormais formellement identifié, il est "activement recherché", a précisé hier le parquet fédéral,
C'est sous son faux nom qu'avait été louée à Auvelais, près de Namur, une maison utilisée pour préparer les attentats qui ont fait 130 morts. Des traces de son ADN y ont retrouvées ainsi que dans la planque de Schaerbeek, selon le parquet fédéral.
Son ADN a aussi été retrouvé sur "du matériel explosif utilisé lors des attaques", a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête.
Les policiers ont par ailleurs mis la main sur deux détonateurs dans l'appartement perquisitionné à Forest, a indiqué le parquet fédéral. Aucun produit explosif n'a en revanche été découvert. Dimanche, Didier Reynders avait affirmé que Salah Abdeslam, qui se cachait avec Laachraoui, "était prêt à refaire quelque chose" à Bruxelles après avoir participé aux attentats de Paris.
Laachraoui, qui était parti en Syrie en février 2013, a été jugé par défaut en février à Bruxelles dans le procès d'une filière de recrutement de combattants pour la Syrie et une peine de 15 ans de prison a été requise à son encontre.
En contact lors des attentats qu’il a aidé à préparer
Le 9 septembre, il avait été contrôlé à bord d'une Mercedes à la frontière austro-hongroise en compagnie de Salah Abdeslam et de Mohamed Belkaïd, l’Algérien de 35 ans abattu par la police mardi à Forest.
Les enquêteurs soupçonnent Laachraoui et Belkaïd d'avoir été en liaison téléphonique avec certains des kamikazes le soir des attaques.
Il y a, selon les enquêteurs, une "forte probabilité" pour que Belkaïd ait été le destinataire du SMS "On est parti, on commence", envoyé le soir du 13 novembre par un des kamikazes du Bataclan. Un autre numéro belge avait appelé ce soir-là Abdelhamid Abaaoud, l'organisateur présumé des attaques, depuis le même endroit à Bruxelles.
Il avait payé la cousine d’Abaaoud pour qu’elle le cache
Le 17 novembre, les visages de Belkaïd et Laachraoui avaient été captés par les caméras de surveillance d'une agence Western Union bruxelloise, où la fausse carte d'identité du premier a été utilisée pour faire un virement de 750 euros à Hasna Aït Boulahcen, la cousine d'Abaaoud, afin qu'elle lui trouve une planque en région parisienne.
"Nous avons pas mal de pièces (...) mais nous sommes encore loin d'avoir terminé le puzzle", a déclaré le procureur fédéral belge Frédéric Van Leeuw, lors d'une conférence de presse avec le procureur de Paris François Molins à Bruxelles.
Le témoignage de Salah Abdeslam capital
Si Salah "Abdeslam décide (...) de nous donner quelques explications, ça va donner une autre lumière sur le dossier et éclairer quelques zones d'ombre", notamment "le rôle de chacun", a-t-il ajouté.
Pour son avocat Sven Mary, le Français de 26 ans "collabore" avec les enquêteurs belges et il refuse d'être remis aux autorités françaises en vertu du mandat d'arrêt européen qui le vise.
Selon la procédure du mandat d'arrêt européen, une décision définitive doit intervenir dans un délai de 60 jours à compter de l'arrestation, ou 90 jours en cas de recours.
Pour François Molins, il y a "une forte attente de la justice et des victimes" pour qu'Abdeslam soit jugé en France.