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Tennis: "Trop de choses deviennent difficiles", explique le futur retraité Gilles Simon

 
 

"Trop de choses deviennent difficiles": c'est par ces mots que Gilles Simon, 37 ans, a expliqué lundi à l'AFP les raisons pour lesquelles il avait décidé de mettre un terme à sa carrière en fin d'année, voulant profiter de ces derniers mois pour jouer "une dernière fois sur gazon".

Q: Quel facteur a déclenché votre décision ?

R: "Ca vient progressivement et il arrive le moment où on se dit +là ça y est, il n'y a plus rien à faire, trop de choses deviennent difficiles+. Chaque année, je prends trois ans dans mon corps. Quand j'étais jeune, je partais le dimanche matin, je m'entraînais le dimanche après-midi et je pouvais jouer le lundi. Aujourd'hui, le jour du vol je ne joue plus et le lendemain du vol, je joue une heure maximum même si ce n'est pas un long vol. Le corps ne bouge plus, ne réagit plus, je ne peux pas me permettre d'y aller à fond à cause du risque de blessure. Ce qui fait qu'on arrête, souvent, c'est quand on n'est plus capable de jouer les tableaux de Grand Chelem. A mon classement (160e), revenir dans les 100 premiers, ça veut dire gagner 5 ou 6 Challengers (2e division) dans la saison. Est-ce que mon corps en est capable ? Non. Sur les derniers tournois, sur chaque match je veux juste pouvoir donner quelque chose au type d'en face. J'ai fait plusieurs matchs cette année en Challengers de 2h30, 3h, où je sais que le lendemain je ne peux pas jouer, mais au moment où je suis sur le terrain et je joue, il y a match. L'inquiétude qui arrive de plus en plus, c'est qu'il n'y ait même pas match. Avant, je me disais +je vais tous vous bouffer physiquement, je m'en fous ça peut durer aussi longtemps que vous voulez, ouais j'ai mal mais si j'ai mal t'as encore plus mal que moi, donc ça va+. Maintenant, c'est l'inverse, c'est moi qui ai mal avant les autres. J'arrive dans un truc où je sens qu'il n'est pas possible d'inverser cette machine, donc je préfère me dire qu'il y a des tournois que j'ai envie de jouer... jusqu'à la fin de l'année."

Q: Quels tournois ?

R: "Il y a plein de Challengers que je suis content de faire parce que les gens sont contents de me voir. Un tournoi comme Metz, j'ai envie de le jouer parce que je l'ai gagné trois fois, deux fois devant mes enfants. Si je peux jouer les qualifs de l'US Open, j'en serai hyper content. J'ai envie de jouer une dernière fois sur gazon, ma surface préférée, et c'est aussi pour ça que je n'arrête pas à Roland-Garros."

Q: Avez-vous des regrets ?

R: "Non. Evidemment, en demies à Toronto (2008) je perds 7-6 au 3e set sur Kiefer, c'était un match qui se gagnait. Evidemment que la finale à Shanghai (2014) contre Roger (Federer) elle se gagnait, je perds 7-6, 7-6, je sers pour le match, j'ai eu des balles de set au premier et au second, c'est un match que je peux gagner mille fois. Evidemment que la demie du Masters (2008) contre Novak elle était vraiment gagnable."

Q: Avez-vous souffert d'un manque de notoriété par rapport à vos contemporains français Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils et Richard Gasquet ?

R: "Non. Jo, Gaël et Richard étaient anormalement charismatiques. Jo, même quand il n'est pas Top5 ou Top10, il en a l'image. Gaël, même quand il est 50e mondial, il joue sur le court central à l'US Open. Richard, c'est une notoriété déjà de par ses résultats tout petit. Tu ne luttes pas contre ces choses-là. Et moi, quelque part je m'en fous et ça m'arrange. Il y a aussi la manière dont tu arrives... Richard il est très connu depuis toujours, Jo il fait finale direct en Australie, il explose Rafa... Moi, j'arrive et on dit +il fait quoi lui, comment ça il est aux Masters ?+ Mais je pense qu'avec le temps, les gens voient que tu es encore là, et tu gagnes au bout d'un moment un certain respect."

Q: Entre Federer, Nadal et Djokovic, qui est le meilleur joueur de tous les temps ?

R: "Celui que je trouvais le plus fort parce que le plus complet, c'était Novak. Mais ce sont trois monstres, trois génies absolus. En mettre un au-dessus, c'est presque manquer de respect aux deux autres. J'aurais aimé qu'ils finissent tous les trois à 20 titres du Grand Chelem."

Q: Qu'allez-vous faire l'année prochaine ?

R: "J'ai envie de m'occuper de mes enfants. Ils auront 9 et 12 ans à la fin de l'année, il serait temps qu'ils découvrent leur père. Et une fois que je les aurai saoulés, je ferai quelque chose d'autre. Le tennis, c'est ma passion donc j'essaierai de faire quelque chose, mais quoi je ne sais pas."

Propos recueillis par Igor GEDILAGHINE


 

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