L'AC Milan est de retour au sommet du football italien, avec un 19e titre de champion officiellement décroché dimanche soir, renouant avec ses glorieuses heures après une décennie anonyme, avant de peut-être changer de mains cet été.
Avec une nette victoire contre Sassuolo (3-0), les Rossoneri ont mis fin au formidable suspense qui a accompagné cette année le championnat italien: ils ont conclu au sprint avec 16 matches sans défaite de rang et devancent de deux points le rival milanais, l'Inter, victorieuse de la Sampdoria (3-0).
Plutôt que la Juventus, renvoyée à sa première saison sans titre depuis onze ans, que l'Inter, champion en titre avec le plus beau effectif sur le papier, ou que Naples, toujours bloqué à l'ère Maradona, c'est donc ce Milan renaissant et au fort accent français (Giroud, Maignan, Hernandez, Kalulu entre autres) qui a raflé la mise.
Le dernier titre de champion d'Italie du "Diavolo" - surnom du club en Italie - remontait à 2011.
Le club appartenait encore à Silvio Berlusconi, celui qui en a fait pendant 30 ans (1986-2017) un géant du football européen, avec des vedettes - Maldini, Van Basten, Pirlo, Gullit, Rijkaard, Weah, Shevchenko, Seedorf -, du jeu offensif et des titres à foison.
Mais depuis, l'étoile des Rossoneri avait bien pâli, les entraîneurs s'étaient succédé à un rythme frénétique, et Zlatan Ibrahimovic, présent pour le titre 2011, n'avait sans doute pas reconnu le club milanais quand il est revenu en janvier 2020.
- Vision de Maldini -
Mais "Ibra" s'est épanoui dans un rôle de trait d'union entre ce grand Milan oublié et le nouveau qui se cherchait, en abritant sous ses larges épaules une nouvelle génération de joueurs comme Théo Hernandez, Rafael Leao ou Sandro Tonali...
Le désormais quadragénaire aura été le relais sur le terrain et dans le vestiaire de l'entraîneur Stefano Pioli, arrivé sur le banc sans palmarès à la tête d'une équipe à la dérive en octobre 2019.
Ibrahimovic a répété jour après jour que Milan devait viser le titre et rien d'autre. Pas question pour lui de se réjouir de la deuxième place obtenue l'an dernier, même si elle a permis au club de retrouver la Ligue des champions.
Et il a fini par en convaincre tout le monde!
Outre le poids de "Ibra", un autre attaquant d'expérience, Olivier Giroud, 35 ans, aura largement contribué à l'entreprise avec, outre son doublé capital dimanche (pour ses 10e et 11e buts de la saison en Serie A), ses deux buts dans le derby en février (2-1). L'Inter ne s'en est jamais remise.
Ce triomphe rossonero est aussi celui de Paolo Maldini, salué pour son recrutement malin et visionnaire, porté sur la jeunesse, dans un rôle de directeur sportif endossé en juin 2019 après le départ de Leonardo.
- Vente en vue? -
"On a beaucoup de jeunes joueurs, pas encore formés, à qui il faut surtout donner de la confiance. Le secret de ces trois ans, c’est d’avoir dit des choses et de s'y être tenus", a commenté l'ex-défenseur après le titre.
"Milan a un ADN, des supporters, une ville qui nous pousse, qui fait qu’on peut mettre peut-être moins de temps à se relever", a ajouté celui qui incarne la continuité avec l'époque dorée des triomphes européens - il a gagné cinq C1 sur la pelouse - dans un club battant désormais pavillon américain.
Elliott Management, un fonds d'investissement américain, a récupéré l'AC Milan en 2018 un peu par hasard, car son précédent propriétaire l'homme d'affaires chinois Li Yonghong, n'avait pu lui rembourser un emprunt.
Ce fonds n'a jamais caché que son objectif était une revente à moyen terme, une fois les comptes assainis et la crédibilité sportive retrouvée, ce qui aura été fait en seulement quatre ans.
L'heure pourrait donc être venue pour Elliott de faire fructifier son investissement (740 M EUR depuis 2018, selon la presse italienne) en revendant ce club redevenu attractif.
Le club fait l'objet de "deux offres" de rachat, avait récemment indiqué le président Paolo Scaroni.
Les acheteurs potentiels sont, selon plusieurs médias, un fonds d'investissement basé au Bahreïn, Investcorp, mais aussi le fonds d'investissement américain RedBird Capital Partners. Le tout pour un montant qui dépasserait le milliard d'euros.
Au-delà du club en lui-même, ces investisseurs seraient intéressés par le projet de nouveau stade - synonyme de recettes de billetterie accrues - auquel travaillent depuis plusieurs années les deux clubs de Milan. En attendant de tourner la page du vieillissant San Siro, qui pourrait connaître son chant du cygne lors de la cérémonie d'ouverture des JO d'hiver 2026.
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