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Le prince Charles et sa femme Camilla se rendent cette semaine au Canada, où l'héritier de la Couronne britannique entend discuter de deux sujets qui lui sont chers, le changement climatique et les populations autochtones.
Cette visite de trois jours, du 17 au 19 mai, intervient dans une période de transition délicate pour la monarchie britannique, chahutée lors de deux récents voyages à l'étranger, alors que la reine Elizabeth II, 96 ans, qui règne depuis 70 ans, a annulé presque toutes ses apparitions publiques depuis sept mois en raison de problèmes de mobilité.
Passionnée de chevaux, elle a cependant fait deux visites surprise ces derniers jours au "Royal Windsor Horse show", marchant avec une canne mais extrêmement souriante.
Le prince Charles la remplace de plus en plus souvent pour les événements officiels. La semaine dernière, il a pour la première fois lu en son nom le discours du trône, lors de l'ouverture du Parlement à Londres.
Un tiers des Britanniques pensent désormais que la reine devrait passer le relais à ses héritiers, selon un sondage YouGov pour Times Radio (contre 25% le mois dernier).
Le 19e voyage de Charles au Canada, l'un des 15 royaumes dont Elizabeth II est la souveraine, fait partie des célébrations du Jubilé de platine (70 ans de règne).
En trois jours, le prince, âgé de 73 ans, et Camilla, 74 ans, traverseront le Canada d'est en ouest, commençant leur visite mardi à Saint-Jean, sur l'île de Terre-Neuve, pour la terminer jeudi dans les territoires du Nord-Ouest, à des milliers de kilomètres de là, après une journée mercredi à Ottawa.
A Saint-Jean de Terre-Neuve, le couple doit notamment participer à un "moment solennel de réflexion et de prières" à la mémoire des milliers d'enfants autochtones morts dans des pensionnats religieux visant à leur assimilation.
Ils visiteront aussi des artisans dans le village proche de Quidi Vidi où le nom d'un incubateur, le "Quidi Vidi Village plantation" a été récemment changé en "Quidi Vidi Artisan Studios", le mot "plantation" étant souvent associé à l'esclavage.
A Ottawa, Charles et la duchesse de Cornouailles rencontreront des membres de la diaspora ukrainienne et le prince participera à une table ronde sur la finance durable et la lutte contre le changement climatique, avant un dîner formel célébrant le Jubilé.
Le 19, il rencontrera à nouveau des membres de la communauté autochtone à Dettah, dans les territoires du Nord-Ouest, pour discuter changement climatique et traditions. La duchesse visitera un centre d'accueil pour femmes et enfants victimes de violence domestique.
En dépit de la profonde affection que deux tiers des Canadiens portent à la reine, qu'ils ont connue toute leur vie, 51% souhaitent la fin, pour les prochaines générations, de la monarchie constitutionnelle, selon un récent sondage de l'institut canadien Angus Reid.
A une époque où le Canada réexamine son passé colonial, 65% refusent l'idée que Charles devienne roi et chef d'Etat du Canada, et 76% refusent de reconnaître Camilla comme leur reine.
Malaise
Deux récentes tournées royales à l'étranger, pour célébrer l'attachement de la monarchie britannique au Commonwealth dans le cadre du Jubilé, ont confirmé un malaise grandissant.
En mars, en tournée dans les Caraïbes, le prince William et son épouse Kate ont été appelés à s'excuser pour le passé esclavagiste du Royaume-Uni. Ils avaient annulé la première étape de leur tournée, en raison de protestations locales.
Le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness a estimé "inévitable" lors de leur venue la transition de son pays vers un régime républicain, comme l'a fait la Barbade en novembre.
En avril, le prince Edward, plus jeune fils de la reine, a été confronté aux mêmes critiques et demandes, annulant lui aussi une étape de sa tournée dans les Caraïbes.
"Je pense que nous assistons à un changement radical", a expliqué à l'AFP l'historien de la monarchie Robert Lacey. "Et il va falloir réfléchir sérieusement à ce qui fonctionnera à l'avenir en tant que tournée royale. Et quelles sont les activités appropriées, et si en particulier, les aspects militaires et cérémoniels des visites sont en accord avec le monde moderne".