Un suspect a été arrêté dimanche vers 14h50 pour avoir arraché les yeux d'un homme dans la nuit de samedi à dimanche vers 3h du matin, place du Champ de Mars à Ixelles, a indiqué lundi le parquet de Bruxelles. D'après les premiers éléments de l'enquête, le différend qui a déclenché la bagarre était un désaccord politique.
Liban Moustapha, un Liégeois de 33 ans originaire de Djibouti, s'est fait arracher les deux yeux près de la place du Champ de Mars à Ixelles, a indiqué lundi le parquet de Bruxelles. Les faits se sont déroulés dans la nuit de samedi à dimanche. Un passant a vu la victime en détresse et a appelé les secours. Transporté aux urgences, le blessé, qui était dans un état critique, a survécu. Les deux globes de l'homme ont été retrouvés non loin des lieux du drame.
Les policiers appelés sur place ont retrouvé à proximité des lieux de l'agression les yeux de la victime ainsi qu'une lame. D'après les premiers éléments de l'enquête, le différend qui a déclenché la bagarre était un désaccord politique. La victime aurait eu une altercation plus tôt dans la journée avec le suspect. Sur Facebook, des proches de la victime expliquent que Liban Moustapha étant un membre actif d'un mouvement d'opposition au régime de Djibouti.
Le suspect: un homme né en 1983 de nationalité néerlandaise
L'auteur présumé est I. A., né en 1983, sans antécédents judiciaires, de nationalité néerlandaise mais domicilié en Belgique. Il a été interpellé ce dimanche vers 14h50 alors qu'il se faisait soigner à l'hôpital. Il a ensuite été placé sous mandat d'arrêt du chef de:
- Torture avec incapacité permanente de travail et/ou perte d’un organe
- Traitement inhumain et dégradant avec incapacité permanente de travail et/ou perte d’un organe
- Coups et blessures volontaires avec incapacité permanente de travail et/ou perte d’un organe
Une expertise psychiatrique du suspect a également été ordonnée. L’instruction est en cours.
"Cela fait longtemps qu'on alerte les autorités belges"
Dimitri Verdonck, président de l'association Cultures et Progrès, heurté par l'article du quotidien La Dernière Heure qui soulève l'hypothèse d'un "règlement de comptes entre membres de tribus africaines", a tenu à expliquer que les deux protagonistes sont des militants de deux courants divergents de l'opposition à Djibouti en désaccord depuis les élections présidentielles d'avril dernier. "Cela fait longtemps qu'on alerte les autorités belges sur les activités des représentants du gouvernement à travers l'ambassade de Djibouti et une série de structures associatives. Ils entretiennent ici en Belgique une tension permanente entre les opposants et les personnes pro-régime au sein de la communauté."
La victime aurait eu une altercation plus tôt dans la journée avec le suspect. Ils se seraient par la suite retrouvés place du Champ de Mars et se seraient battus.
Le présumé agresseur repéré dans un hôpital
Le suspect aurait pris la fuite après avoir arraché les yeux de son adversaire. Il a été arrêté alors qu'il se faisait soigner à l'hôpital. Des policiers, sur place pour une autre affaire, ont trouvé ses blessures suspectes. Il reconnaît s'être bagarré avec la victime mais ne peut affirmer avec certitude lui avoir arraché les yeux. Les deux hommes sont âgés de 33 ans, sans antécédent judiciaire et domiciliés en Belgique. Le suspect est de nationalité néerlandaise et la victime belge.
Le parquet de Bruxelles a requis divers devoirs d'enquête, parmi lesquels la descente sur les lieux du laboratoire scientifique de la police fédérale. L'instruction est en cours. Le parquet communiquera dans la journée à propos d'un éventuel placement sous mandat d'arrêt.
Un crime politique?
Selon un des proches, Moustapha était à Bruxelles dans le cadre de ses activités politiques. "Ils ont retiré ses yeux avec un tournevis et ils l'ont frappé à la tête avec un marteau", détaille la source avant d'ajouter que les yeux de l'homme sont conservés à l'hôpital afin que Moustapha puisse se faire opérer demain. L'homme nous a confié que "Moustapha est une personne généreuse et que rien ne peut expliquer un acte lâche et sauvage".
Sur Facebook, plusieurs amis de Moustapha pensent à un un crime politique. L'un d'eux réclame de l'Etat belge qu'il dissolve l'organisation qui pourrait être à l'origine de cet acte de barbarie. "Les structures politiques qui ont manigance ce crime politique en Belgique doivent être dissoutes par les autorités belges. Liban Moustapha a déposé sa plainte contre le principal responsable de cette mouvance extrémiste. Que la justice belge fasse son travail !", écrit-il.
Liban Moustapha est coordinateur du MJO-EUROPE, la branche européenne du Mouvement des Jeunes de l'Opposition de Djibouti. Sur sa page Facebook, le mouvement évoque des "actes mafieux pseudo-politiciens qui veulent nous intimider et nous priver de notre libre choix".