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Le président de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH), Alexis Deswaef, s'est dit mardi scandalisé par l'accord conclu entre la Belgique et le Soudan à propos de l'identification des migrants du Parc Maximilien. Il rappelle que le président de cet Etat d'Afrique de l'est fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré par la Cour pénale internationale (CPI).
Khartoum est prêt à délivrer des laissez-passer pour permettre le rapatriement de ses ressortissants
Le 7 septembre, le secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration, Theo Francken, a annoncé à l'issue d'un entretien avec l'ambassadeur soudanais à Bruxelles que Khartoum était prêt à délivrer des laissez-passer pour permettre le rapatriement de ses ressortissants qui séjournent illégalement en Belgique. Le Soudan allait pour ce faire envoyer une équipe à Bruxelles permettant l'identification de ces ressortissants. Cette équipe est arrivée en Belgique dimanche et a été reçue par M. Francken avant son départ à New York pour l'Assemblée générale des Nations unies. L'initiative suscite depuis lors une polémique nourrie.
L'équipe soudanaise composée d'agents des services secrets soudanais?
Selon le spécialiste du Moyen Orient, Koert Debeuf, cité par 'De Morgen', il est vraisemblable que cette équipe soit composée d'agents des services secrets soudanais, dirigés il y a dix ans par l'actuel ambassadeur à Bruxelles, Mustrif Siddiq. Une affirmation contestée par l'Office des étrangers qui évoque des fonctionnaires du ministère de l'Intérieur accompagnés de membres de l'ambassade.
Un mandat d'arrêt contre le président soudanais
Le Soudan est régulièrement cité pour les violations des droits de l'homme qui y sont commises. En 2009 et 2010, la CPI a délivré un mandat d'arrêt contre le président Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. "En tant que président de la Ligue des droits de l'homme et avocat spécialisé en droit international, je juge ahurissant que M. Francken s'abaisse à collaborer avec une délégation officielle soudanaise relevant des services secrets. Le Soudan est une dictature, son président est poursuivi par la Cour pénale internationale, les violations des droits de l'homme y sont nombreuses. Le taux de reconnaissance important de demandes de protection venant de ressortissants soudanais le prouve", a souligné M. Deswaef.
"Le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères avalisent-ils cette collaboration avec le Soudan?"
Le président de la LDH demande si le gouvernement soutient l'initiative du secrétaire d'Etat. "Un simple secrétaire d'Etat comme M. Francken est en train de torpiller la crédibilité de la Belgique sur la scène internationale alors que MM. Michel et Reynders sont à New York pour défendre la candidature belge au conseil de sécurité des Nations Unies. Le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères avalisent-ils cette collaboration avec le Soudan?", a-t-il demandé.