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Après 39 ans de carrière, Fernando devrait quitter sa ligne de production d'ici la fin de l'année ou au plus tard d'ici juin 2018. Cet ouvrier a appris la nouvelle en même temps que ses collègues, jeudi passé dans son usine de Nivelles (Brabant wallon). "J'ai dû sortir dehors pour prendre l'air, on était sur le cul d'apprendre ça, comme ça...", décrit-il par téléphone à notre journaliste Vanessa Matagne. Jeudi passé donc, une réunion d'informations comme il s'en tient régulièrement était organisée à l'usine nivelloise de
Un géant qui se réorganise?
"On n'aurait jamais cru que c'était pour nous dire que l'usine allait fermer", dit Fernando qui fait office de représentant des ouvriers dans cette firme où il n'y a pas de délégation syndicale. Un cadre avait fait le déplacement des États-Unis pour se dresser là en Belgique, dans les installations de la société sise au 8 rue de la Recherche dans le zoning de Nivelles. C'est lui qui s'est chargé d'annoncer la mauvaise nouvelle au personnel rassemblé: arrêt prochain de la production, délocalisation de l'usine en Italie, 30 travailleurs "mis sur le carreau" parmi lesquels tous les ouvriers ainsi que 8 employés. Motif classique: la rentabilité selon Fernando qui assure que, pourtant, l'entreprise génère plusieurs millions de dollars de bénéfices. "Mais pour eux, ce n'est pas assez", suppose-t-il. C'est plus précisément la maison-mère,
Schlumberger "traverse une crise sans précédent due à la forte baisse du prix du baril de pétrole depuis l’été 2014. Pour faire face à cette situation, ayant entraîné une baisse de 43% de son revenu entre 2014 et 2016, Schlumberger a dû adapter ses capacités de production aux nouvelles conditions du marché, par des mesures de restructurations", détaille la société Sweco dans un communiqué. "Nous sommes conscients du choc de cette nouvelle pour les salariés de Sweco Europe à Nivelles", explique encore l'entreprise. "Il s’agit en aucun cas d’une réflexion sur la qualité du travail fourni par les employés de Nivelles. Cette volonté est entièrement motivée par un besoin de restructuration lié à l’environnement économique."
"Ne pas partir les mains vides"
Une quinzaine d'employés seront épargnés. Ils maintiendront une activité de vente en Belgique et seront en contact avec l'Italie. Pour les autres, ce sera le bureau de chômage et des perspectives peu sûres. "Il y a ici des ouvriers, comme moi, qui ont 39 ans de carrière dans la même entreprise. À mon âge, 55 ans, se retrouver au chômage, ça va être dur", raconte Fernando. Alors, lui et un permanent syndical de la CSC ont désormais un seul objectif: obtenir les indemnités les plus élevées possibles. "Ils ne reviendront pas en arrière, on ne va pas se mettre à genou devant eux pour que l'usine ne ferme pas", dit-il. Par conséquent, le personnel "veut de bonnes conditions de départ, ne pas partir les mains vides".
Une rencontre est prévue avec le directeur ce mercredi. En compagnie du permanent CSC, Fernando relayera une série de questions que lui ont soumises ses collègues. Une première étape avant une importante réunion fixée le 16 mai prochain avec la direction américaine et au cours de laquelle le personnel devrait en savoir plus sur son sort. "Nous nous engageons à conduire les consultations avec les salariés dans les meilleurs termes possibles au vu de la situation difficile à laquelle nous sommes confrontés", déclare enfin la direction dans ce même communiqué.