(Belga) Amnesty International dénonce, dans un rapport publié mercredi, la répression systématique orchestrée par les autorités de République démocratique du Congo (RDC) à l'encontre des personnes opposées au fait que le président Joseph Kabila tente de conserver le pouvoir au-delà du nombre maximal de deux mandats que fixe la Constitution.
Dans son rapport intitulé "'Ils veulent nous réduire au silence': Report des élections et attaques contre l'opposition en République démocratique du Congo", l'ONG dénonce l'utilisation des institutions publiques par les autorités congolaises pour empêcher les personnes opposées au maintien au pouvoir du président Kabila de s'organiser et de s'exprimer. Ainsi, à trois endroits, les autorités locales ont interdit toutes les manifestations et même mis fin à des réunions de partis politiques d'opposition qui ne se tenaient pas en extérieur, fustige Amnesty. "De nombreuses manifestations de l'opposition ont été déclarées interdites tandis que les sympathisants de la coalition au pouvoir ont pu se rassembler librement, avec l'aide de la police et des autorités locales." Les représailles concernent également les responsables politiques ayant quitté la coalition à la suite du désaccord lié au nombre maximal de mandats. C'est le cas de Moise Katumbi: l'homme d'affaires et personnalité politique avait annoncé vouloir se présenter face au président Kabila aux prochaines élections. Il a rapidement été inculpé d'avoir engagé des mercenaires et vendu une maison ne lui appartenant pas et risque de lourdes peines. M. Katumbi vit actuellement en exil. D'autres cas similaires sont dénoncés par Amnesty. "La RDC foule aux pieds ses obligations régionales et internationales en matière de droits humains. Priver des personnes du droit à la liberté d'expression pourrait engendrer des violences alors que le climat politique est déjà tendu", a déclaré Sarah Jackson. "La communauté internationale, notamment les partenaires régionaux de la RDC, doivent encourager les autorités à mettre fin rapidement à la vague de répression, à libérer sans condition tous les prisonniers politiques et à abandonner les charges pesant sur eux." Le chef de l'Etat est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter. Mais l'opposition le soupçonne de manœuvrer pour s'accrocher à son poste, quitte à reporter la présidentielle censée avoir lieu avant la fin de l'année. La tenue du scrutin dans les délais constitutionnels est aujourd'hui devenue impossible. (Belga)